Deux dirigeants d’Havas Paris mis en retrait après avoir été accusés d’agressions et de harcèlement sexuels
Depuis près d’une semaine, plusieurs témoignages d’internautes passés par l’agence de communication Havas Paris sont publiés sur le compte Instagram Balance Ton Agency.
En retrait après une vague d’accusations
Une vingtaines de personnes accusent le PDG, Julien Carette, et le directeur de la création, Christophe Coffre, de harcèlements sexuels et d’agressions sexuelles.
Face à cette vague d’accusations, les deux hommes se sont mis en retrait de leur fonction, confirment lundi 2 mai 2022 l’un des dirigeants du groupe Havas à l’Agence France-Presse (AFP). Mais ils continuent de travailler : « Ils n’animent pas de réunions et sont en retrait pour tout ce qui est management de l’agence », poursuit un directeur de cette filiale de Vivendi, cité par Le Monde.
Un audit a été lancé. Il sera mené par « un cabinet indépendant, spécialiste des problématiques de qualité de vie au travail et de harcèlement. »
https://www.instagram.com/p/Cc8CDVSqx1O/
Un climat sexiste connu
Le compte Balance Ton Agency a partagé en stories de nombreux récits reçus, rapportant un climat sexiste sur ce lieu de travail, et ce, depuis plusieurs années.
Ces témoignages visent principalement le PDG et le directeur de la création, mais « d’autres personnes ont été accusées aussi », précise Anne Boistard, la créatrice de cette page Instagram lancée en 2020.
« JC, c’est un type brillant, mais il a la sexualité d’un ado. (…) Sous couvert d’être saoul, après deux verres, il saute sur tout ce qui bouge. Pareil pour le DC [directeur de création, NDLR] d’Havas Event. Je me souviens de prévenir les stagiaires de ne surtout pas les approcher lors des soirées agence », raconte un internaute.
Une ancienne collaboratrice accuse Christophe Coffre de « commentaires sur toutes les tenues vestimentaires, mains sur l’épaule et la taille, bises très proches de la bouche. « Je l’évitais et ne redoutais qu’une chose, me retrouver face à lui », a-t-elle confié.
C’était su et couvert depuis longtemps par le groupe.
Les deux hommes sont accusés d’avoir tenté « d’embrasser » et « toucher » des collaboratrices et des stagiaires dans l’enceinte des bureaux Havas, mais aussi lors d’évènements extérieurs. Les faits dénoncés remontent à deux, trois ans ou dix ans, et « tout le monde savait », déplore Anne Boistard, interrogée par l’AFP. « C’était su et couvert depuis longtemps par le groupe », assène-t-elle.
Chaque jour, de nouveaux témoignages
L’entreprise est dirigée par Yannick Bolloré, fils du principal actionnaire de Vivendi, Vincent Bolloré, rappelle Le Monde. Elle est l’une des trois plus grandes agences de communication de Paris.
« On parle d’une vingtaine de personnes qui se sont exprimées dans une agence qui a vu passer près de 4 000 salariés », s’est défendu à l’AFP un dirigeant d’Havas, minimisant l’affaire. Pourtant, il n’existe pas de quota minimum de victimes présumées à partir duquel leurs accusations de harcèlement sexuel et/ou d’agression sexuelle peuvent enfin être prises au sérieux.
Par ailleurs, il s’agit d’une vingtaine de témoignages recueillis en quelques jours, la libération de la parole commence tout juste à faire son chemin. Anne Boistard évoque déjà « une trentaine » de victimes présumées. Elle reçoit chaque jour de nouvelles accusations.
- Harcèlement sexuel au travail : comment se défendre ?
- « Silence sous la blouse » : elles témoignent du harcèlement sexuel à l’hôpital
Source: Lire L’Article Complet