Des culottes menstruelles pour pallier l’absence de toilettes, l’idée de la SNCF qui passe mal
À un problème soulevé depuis une vingtaine d’années, une solution jugée à côté de la plaque. Un projet du service « rail mixité » de la SNCF, en charge de l’égalité femmes-hommes, a provoqué la colère de plusieurs conductrices de fret de l’entreprise de transport ferroviaire.
Samedi 14 mai 2022, Le Parisien a relayé les témoignages de femmes issues du personnel roulant qui ont reçu un mail à la mi-avril, dans lequel leur employeur leur proposait de tester des culottes menstruelles, faute d’accès à des toilettes lors de leur service.
Risque de choc toxique pour les conductrices
Dans les trains de marchandises, l’absence des toilettes contrait les conductrices à garder leurs protections périodiques pendant de longues durées, au-delà des délais recommandés. Aussi, les femmes doivent se soulager entre deux wagons, comme leurs collègues masculins.
Un manque d’hygiène et d’accessibilité qu’elles dénoncent depuis une vingtaine d’années, alors que la profession est en voie de féminisation. Toute fois, elles sont 394 conductrices de trains sur un total de 12 530 hommes, rappelle le quotidien national.
Afin de palier à ce manque de toilettes, la SNCF a donc proposé à certaines de leurs employées de tester trois culottes menstruelles pendant six mois. Un projet qui a fait bondir certaines d’entre elles : « Ça ne passe pas ! On se bat depuis vingt ans pour des conditions de travail décentes, notamment l’accès à des toilettes réservées et à des temps de pause suffisants. Et la boîte nous colle ce genre de réponse : met ta culotte et tu la gardes 8 heures ! »
« Les conductrices nous ont expliqué qu’elles portaient leur tampon ou leurs serviettes pendant des durées anormalement longues. Avec le risque d’un choc toxique. Il fallait agir immédiatement. C’est comme ça qu’est venue l’idée de financer pour elles, car c’est cher, des culottes menstruelles », a justifié un membre de rail mixité.
Les solutions de fortune de la SNCF épinglées
Si à l’origine, le mail envoyé par le groupe de voies ferrées n’était destiné qu’à un nombre limité de conductrices, il a rapidement été diffusé au sein du service, notamment via un tract de la CGT. D’après Le Parisien, qui s’est procuré ce message, il est écrit que cette expérimentation s’inscrit « dans le cadre des entretiens sur le sujet de l‘accès aux sanitaires ».
Fabienne, une cheminote qui conduit depuis un quinzaine d’années, rappelle au Parisien que ce n’est pas la première fois que la SNCF se fait épingler pour une mesure jugée déplacée. Dans les années 2010, l’entreprise a distribué des « pisse-debout ».
« Ce n’est pas franchement un nid de féministes à la direction. Finalement, ils demandent aux femmes qui entrent à la SNCF de devenir des hommes et d’adopter les contraintes y compris celles d’aller pisser comme eux ! », souligne Maryse, une ancienne conductrice à la retraite, auprès du journal parisien.
Anne-Sophie Nomblot, présidente de SNCF Mixité, s’est défendue à propos de cette proposition : « on ne prétend pas tout régler avec les culottes menstruelles. C’est une solution palliative à court terme. »
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