Démence : ces facteurs qui favorisent le déclin du cerveau

  • La génétique, fauteuse de troubles
  • L’hypertension artérielle, une cause majeure de démence
  • Le diabète, générateur de démences
  • Un mauvais sommeil, l’ennemi du cerveau
  • Une carence en vitamines et minéraux à ne pas négliger
  • La pollution, mauvaise pour les neurones
  • Attention aux traumas crâniens

Pertes de mémoire, difficultés d’apprentissage et de raisonnement, confusion… Ces symptômes de dégénérescence cérébrale augmentent certes avec l’âge. Mais, des centenaires peuvent conserver toutes leurs facultés cognitives alors que certain.es quinquagénaires montrent déjà des signes de dysfonctionnement cérébral, associés à une diminution du volume de leur cerveau et du nombre de connexions entre leurs petites cellules grises.

Bien que la maladie d’Alzheimer reste la cause de démence la plus fréquente, d’autres affections moins connues peuvent également dégrader les fonctions cognitives : la démence à corps de Lewy, similaire à Alzheimer mais qui s’accompagne aussi de tremblements et de raideurs, la démence vasculaire consécutive à des défauts d’irrigation du cerveau, la démence fronto-temporale (qui touche principalement les lobes frontal et temporal) et la démence mixte qui conjugue plusieurs types de démences.

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Pour savoir si on est à risque, mieux vaut connaître les principaux facteurs qui attisent le déclin du cerveau.

La génétique, fauteuse de troubles

« Moins de 3% des maladies d’Alzheimer et à corps de Lewy sont liées à un déterminisme génétique », observe le Dr Jean-Paul Courtay, membre de l’Académie des sciences de New-York et auteur de Vous n’aurez pas Alzheimer (éd. Leduc.s). Ces formes familiales de démences, transmissibles de génération en génération, surviennent précocement, parfois même dès l’âge de 30 ans. Elles résultent surtout de la mutation de gènes impliqués dans l’assainissement de l’intérieur des neurones et des tissus environnants.

Des gènes de prédisposition héréditaire peuvent aussi intervenir, tels que le gène ApoE4 qui élève la probabilité de développer un Alzheimer, une démence à corps de Lewy, une sclérose en plaques ou encore une maladie de Parkinson. 15% de la population en est porteuse. « Pensez à faire rechercher la présence de l’allèle ApoE4 par simple prise de sang, conseille le Dr Curtay. Cela vous motivera pour mettre en place tout un éventail de mesures de prévention des risques ». Ses méfaits ne sont pas systématiques : ils peuvent être contrariés par l’adoption d’une bonne hygiène de vie (alimentation équilibrée, activité physique…).

L’hypertension artérielle, une cause majeure de démence

De nombreuses études scientifiques – dont une menée par l’Inserm en collaboration avec le Department of Epidemiology and Public Health du University College London – attestent que l’hypertension accélère la baisse des performances cognitives et augmente de 50% la susceptibilité à la maladie d’Alzheimer. Lorsque le sang exerce trop de pression sur la paroi des vaisseaux, le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) s’accroît en effet fortement.

Le déficit d’oxygénation d’une partie du cerveau peut être passager et passer inaperçu (accidents ischémiques transitoires). Mais s’ils se multiplient, les neurones patinent : ils se renouvellent plus difficilement et créent moins de nouvelles connexions entre eux. Quand le défaut d’irrigation cérébrale persiste plus longtemps, une démence vasculaire peut aussi survenir. L’activité physique est un bon moyen d’y remédier.

Le diabète, générateur de démences

« L’excès de sucre est l’un des principaux poisons de l’encéphale », assure le Dr David Perlmutter, neurologue auteur de Ces glucides qui menacent notre cerveau (éd. Marabout). Il constitue son carburant de base, mais lorsqu’il afflue en quantité trop importante, il induit un état d’inflammation chronique qui irrite le système nerveux central et provoque l’atrophie de certaines régions cérébrales, en particulier l’hippocampe, zone essentielle à la mémoire.

Un taux de sucre élevé dans le sang, mais encore considéré comme normal (correspondant à un prédiabète), endommage déjà les fonctions exécutives du cerveau : fluidité verbale, vivacité intellectuelle, capacité de concentration, mémoire immédiate… Et quand le diabète de type 2 est installé, son travail de sape est encore pire. « Même si les diabétiques ne déclarent pas une maladie d’Alzheimer, ils sont victimes de déclins cognitifs plus précoces que les non-diabétiques », explique Jean-Paul Curtay.

Un mauvais sommeil, l’ennemi du cerveau

Des insomnies à répétition entravent les processus de détoxification du cerveau, ce qui prédispose aux pertes de mémoires et au développement de démences. « Des nuits trop courtes (moins de 5 à 6 heures) augmentent en outre le risque de troubles cardiovasculaires, donc d’AVC, notamment chez les femmes« , constate le Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille et co-fondatrice de la fondation Agir pour le Cœur des Femmes.

La consommation prolongée de somnifères n’arrange rien, dans la mesure où ces médicaments – principalement des benzodiazépines – exposent à un risque accru de démences, selon plusieurs études réalisées par le département de pharmaco-épidémiologie de l’université de Bordeaux. Passé 65 ans, le risque s’élève de 51% après trois mois d’affilée de prise de benzodiazépines. Et après six mois de consommation continue, il grimpe dans les années qui suivent à 84% d’après une étude publiée en 2014 dans le British Medical Journal.

Une carence en vitamines et minéraux à ne pas négliger

Un déficit en zinc, en magnésium et en acides gras oméga-3 mine les rouages du cerveau en amenuisant les défenses des neurones contre l’inflammation. Il en est de même pour nombre de vitamines, indispensables à l’intégrité et au renouvellement des neurones.

Un manque de vitamine D est tout aussi néfaste, car il favorise l’accumulation des plaques amyloïdes dans le cerveau, caractéristiques d’Alzheimer. Les personnes carencées (taux inférieur à 25 nmol/litre) ont 21 % de risque en plus de pâtir de cette maladie. À l’inverse, une supplémentation en vitamine D réduit le risque, en particulier chez les porteurs du gènes ApoE4, selon une toute nouvelle étude canadienne de l’université de Calgary publiée en mars 2023 dans la revue Alzheimer’s Association Journal.

Une surdose de fer liée à des menus trop riches en viande est aussi incriminée dans l’élévation du risque de démence.

La pollution, mauvaise pour les neurones

L’exposition à la pollution nuit également au cerveau. Des chercheurs américains de l’université de Caroline du Sud suggèrent en effet que les femmes très exposées aux polluants de l’air provenant du trafic routier ont la mémoire qui décline davantage et le cerveau qui s’atrophie plus vite que celui des femmes peu exposées.

Les particules fines des gaz d’échappement sont particulièrement incriminées, car elles se faufilent depuis le nez jusqu’au cerveau. Elles entrent aussi dans la circulation sanguine et augmentent le risque d’AVC, source de démences vasculaires.

Le mercure, apporté par la consommation de gros poissons carnivores (thon, espadon, lotte…), la fumée de cigarette et les retardateurs de flammes émanant des tissus synthétiques sont également des neurotoxiques notoires, qui favorisent la dégénérescence cérébrale.

Attention aux traumas crâniens

Une commotion cérébrale sévère peut contribuer à l’apparition ultérieure d’une démence.

« On sait maintenant de façon certaine que la pratique d’un sport violent comme le rugby, la boxe ou le football américain augmente de manière spectaculaire la précocité des déclins cognitifs et les risques de maladie d’Alzheimer », souligne le Dr Jean-Paul Curtay. En effet, lors d’un choc sur la tête, des micro-saignements se produisent. Des globules rouges sortent alors des vaisseaux, se cassent et libèrent du fer libre, toxique pour le cerveau.

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