Crise cardiaque ou crise d'angoisse : comment faire la différence ?

  • Crise d’angoisse aiguë : une douleur forte et soudaine
  • Crise cardiaque : une douleur croissante (et parfois pas de douleur)
  • Dans le doute, appelez le 15

Les femmes ne sont nullement à l’abri d’une crise cardiaque, contrairement aux idées reçues qui persistent même parmi les professionnel.le.s de santé. « Elles sont désormais aussi touchées que les hommes, car les facteurs de risque – tabac, stress, hypertension, alcool, précarité financière… – les exposent tout autant aux maladies cardiovasculaires, même avant la ménopause », souligne le Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille, cofondatrice du fonds Agir pour le Cœur des Femmes et auteure du livre Mon combat pour le cœur des femmes (Éd. Marabout).

Le tabagisme combiné à la pilule contraceptive constitue en effet un mélange explosif. Et comme les symptômes annonciateurs d’une crise cardiaque typiquement féminins ne sont pas toujours bien interprétés, mieux vaut rester vigilante et consulter en cas de doute.

Mais inutile pour autant de paniquer à outrance si vous êtes sujet aux crises d’angoisse car l’anxiété générée provoque un effet boule de neige qui exacerbe la crise. Toutes les douleurs aigües dans la poitrine ne signalent heureusement pas le déclenchement d’un infarctus.

Crise d’angoisse aiguë : une douleur forte et soudaine

Une attaque de panique est un épisode d’angoisse aiguë bien délimité dans le temps. Elle peut engendrer une douleur intense dans la poitrine qui apparaît brusquement et atteint vite des sommets. La durée moyenne d’une telle crise est de 20 à 30 minutes, mais elle est susceptible de se prolonger durant une heure, voire un peu plus chez certaines personnes. Chez d’autres, elle ne persiste que quelques minutes.

Bien qu’elle survienne sur un terrain anxieux, une crise d’angoisse peut surgir sans raison immédiate apparente, suite au déferlement d’adrénaline dans le corps.

La douleur thoracique, qui évoque à tort une crise cardiaque, est souvent accompagnée d’une sensation d’essoufflement ou de manque d’air due à la surventilation, d’une accélération des battements du cœur, et parfois aussi de picotements dans les mains, de transpiration et de nausées. Bien qu’impressionnants, ces symptômes s’émoussent d’eux-mêmes et d’autant plus vite si on arrive à se relaxer, en faisant quelques cycles de respiration abdominale profonde par exemple. 

Crise cardiaque : une douleur croissante (et parfois pas de douleur)

Un infarctus du myocarde – ou crise cardiaque – résulte d’un déficit d’oxygénation du cœur suite à l’obstruction d’une ou des artères coronaires. Le signe d’alerte le plus connu est une douleur dans la poitrine qui agit comme un étau et peut s’étendre aux mâchoires, au bras gauche, à l’épaule et au dos.

« Mais les douleurs dans la poitrine ou dans l’épaule – typiques chez un homme – ne touchent qu’une femme victime d’infarctus sur deux, explique le Pr Claire Mounier-Véhier. L’autre moitié présente des symptômes atypiques, souvent difficiles à identifier, tels que des sueurs, des nausées, des vomissements, des troubles digestifs, un essoufflement avec une sensation d’oppression dans la poitrine et une grande fatigue soudaine inexpliquée ».

Un infarctus étant une urgence vitale, mieux vaut ne pas banaliser ces signes et les considérer trop rapidement comme des pics de stress ou des bouffées d’angoisse. 

Dans le doute, appelez le 15

Compte-tenu des préjugés de genre, les médecins ont déjà tendance à ne pas prendre autant au sérieux les symptômes féminins que masculins.

Une étude de l’université McGill de Montréal, publiée dans le Canadian Medical Association Journal, a clairement montré que les urgentistes hospitaliers américains et européens posent un premier diagnostic différent selon le sexe du patient. Ils suspectent immédiatement un infarctus chez un homme et penchent plutôt pour une crise d’angoisse chez une femme.

En cas de doute, mieux vaut donc appelez les urgences pour éliminer le diagnostic d’un accident cardiaque en cours, « surtout chez une femme ayant des facteurs de risque : tabac en premier lieu, stress, précarité, avec ou sans contraception avec œstrogènes de synthèse », précise le Pr Mounier-Véhier.

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