Covid long : les personnes concernées pourraient développer des symptômes neuropsychiatriques deux ans après leur contamination
Selon les premières estimations de Santé Publique France publiée en juillet 2022, deux millions de Français pourraient être affectés par le Covid long. Un large panel de malades pour une grande pluralité de symptômes allant de la toux persistante aux troubles digestifs, en passant par les troubles oculaires ou les myalgies.
Par ailleurs, comme l’ont témoigné de nombreux patients, le Covid long attaque un autre organe, qui semble quelque peu délaissé dans les recherches quant aux conséquences de l’affection longue du Covid-19 : le cerveau.
Si le risque de dépression et d’anxiété généralisée « s’effacent dans les deux mois après l’infection », d’autres symptômes neuropsychiatriques seraient plus persistants, peut-on lire dans une étude de l’Université d’Oxford, publiée le 17 août 2022 dans le Lancet Psychiatry.
L’analyse fait état d’un risque élevé de développer des maux tels que le brouillard cérébral, les troubles psychotiques ou la démence, deux ans après une contamination au Sars-Cov-2.
“Il est inquiétant de noter que certains autres troubles, tels que la démence et les convulsions, continuent d’être plus susceptibles d’être diagnostiqués après une infection au Covid-19, et même deux ans plus tard”, a déclaré le Pr Paul Harrison, chef du département de psychiatrie à Oxford, et co-directeur de l’étude.
Brouillard cérébral, psychose et démence : des symptômes persistants chez les personnes âgées
Comme l’indique The Guardian, d’autres études ont déjà démontré que le Covid long était associé à des troubles neuropsychiatriques dans les six mois suivant l’infection.
“Une personne sur huit reçoit un diagnostic de sa première maladie psychiatrique ou neurologique dans les six mois suivant le test positif pour le virus”, affirmait déjà une analyse du département de psychiatrie d’Oxford, publiée en janvier 2021.
D’ailleurs, leur étude révélée en août dernier, rassure sur un point : si la fréquence des symptômes dépressifs et anxieux, parfois relevés par les malades, augmentent après l’infection, ils “disparaissent après 1 à 2 mois et ne montrent aucun excès global sur l’ensemble du suivi”.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs d’Oxford ont analysé les données sur 14 diagnostics neurologiques d’1,28 million de cas de Covid-19 pendant deux ans. La cohorte étant composée de 185 748 enfants, 856 588 adultes et 242 101 personnes âgées.
Résultat : chez les adultes de moins de 64 ans, le risque de brouillard cérébral restait élevé à la fin du suivi, en comparaison avec d’autres infections respiratoires. Chez les 65 ans et plus, les chercheurs ont noté, ajouté au brouillard cérébral, plus de risques de présenter des troubles psychotiques et une forme de démence.
Quant aux enfants, épargnés des risques d’anxiété et de dépression, ils présentaient un risque accru de “déficit cognitif, d’insomnie, d’hémorragie intracrânienne, d’AVC ischémique, d’épilepsie ou de convulsions”, peut-on lire.
“Plus de troubles neurologiques et psychiatriques ont été observés pendant la vague du variant Delta qu’avec le variant Alpha”, précise The Guardian.
Covid long : de la nécessité de prendre en compte les symptômes psychiques
“Les résultats ont des implications pour les patients et les services de santé et soulignent la nécessité de poursuivre les recherches pour comprendre pourquoi cela se produit après le Covid-19, et ce qui peut être fait pour empêcher ces troubles de se présenter, ou les traiter lorsqu’ils surviennent”, a noté le Dr Max Taquet, chercheur principal du NIHR Oxford Health BRC et co-directeur de l’étude.
Les scientifiques rapportent toutefois un biais important de l’étude, à savoir la sous-représentation des cas auto-diagnostiqués et asymptomatiques de Covid-19, probablement non déclarés. D’autre part, les effets du vaccin n’ont pas non plus été pris en compte dans les résultats, étant donné la faible prévalence de la vaccination dans leur cohorte.
“Nous ne connaissons pas la gravité ou l’évolution de chaque trouble après le diagnostic, ni si ceux-ci sont similaires ou non après le Covid-19 et après d’autres infections respiratoires”, est-il aussi nuancé.
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