Covid long : les femmes ont "22% de risques en plus" de développer une forme chronique de la maladie
Si les recherches montrent que les femmes seraient « mieux » protégées face SARS-Cov-2, elles ne sont pas immunisées face aux formes chroniques de la maladie. Au contraire.
Alors que les témoignages de Covid long affluent depuis plus de deux ans, une majorité de femmes se retrouvent affectées par des symptômes persistants.
Une nouvelle étude du Johnson & Johnson Office of the Chief Medical Officer Health of Women Team, publiée le 20 juin 2022 dans la revue Current Medical Research and Opinion, est formelle : « les femmes ont 22% de risques en plus que les hommes de développer un Covid long ».
Ces conclusions interviennent alors qu’il existe peu de travaux prenant en considération le genre dans l’étude du Covid long. Pourtant, cette différenciation est cruciale pour “l’identification et la conception rationnelle de thérapies efficaces et d’interventions de santé publique”, précisent les chercheurs dans un communiqué publié le 21 juin 2022.
22% de risque en plus de développer une forme chronique chez les femmes
Inédite, cette étude repose sur une base conséquente de données. Au total, les chercheurs ont analysé les informations de près de 1,3 millions de patients, en ratissant près de 650 000 articles scientifique.
“Seuls 35 des 640 634 articles scientifiques ont fourni des données genrées suffisamment détaillées sur les symptômes et les séquelles de la maladie COVID-19”, regrette l’étude.
En réunissant et en comparant ces données, les chercheurs britanniques ont sont venu à la conclusion que les femmes étaient plus à risques de développer un Covid long, lorsque le genre était pris en compte dans les travaux de recherches. Un « surrisque » évalué à 22%.
Covid long : des symptômes différents selon le genre
Les recherches ont aussi permis d’observer une divergence dans les symptômes du Covid long selon le genre.
Là où les hommes sont davantage susceptibles de présenter des troubles rénaux ou du diabète post-Covid, les femmes déclarent davantage de problèmes ORL, cutanés, des troubles de l’humeur, gastro-intestinaux, rhumatologiques, et aussi de la fatigue.
Elles seraient aussi plus vulnérables face aux maladies auto-immunes.
« La connaissance des différences fondamentales entre les sexes qui sous-tendent les manifestations cliniques et la progression de la maladie est cruciale pour l’identification et la conception rationnelle de thérapies efficaces et sensibles aux besoins de traitement différentiel entre les femmes et les hommes”, expliquent les chercheurs.
Des divergences au niveau immunitaire
Une telle inégalité face à la forme chronique du Covid-19 résiderait dans la construction du système immunitaire des femmes.
Face au virus, elles “activent plus rapidement et de manière plus robuste une réponse immunitaire innée et adaptative” les protégeant des formes graves. Mais cette « défense » se retourne contre elles post-infection, selon l’étude.
Cette réponse immunitaire spécifique et puissante les rendraient plus vulnérables face aux “maladies auto-immunes prolongées”, arguent les chercheurs.
“Les femmes semblent, d’une manière générale, plus sujettes à la chronicisation des symptômes ainsi qu’aux maladies dites ‘fonctionnelles’, dont on ne saisit pas encore tous les mécanismes”, a ainsi expliqué Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) au journal Le Temps.
D’autres chercheurs ont auparavant tenté d’expliquer cette divergence entre hommes et femmes. En décembre 2021, une étude britannique pointait la similarité de certains symptômes du Covid long avec ceux de la ménopause, avançant que l’apparition des signes cliniques pourrait être facilité par ce changement hormonal.
Il se pourrait également que « des femmes avec ces symptômes soient diagnostiquées erronément comme Covid long alors que la cause est uniquement le changement hormonal”, rapporte Science et Avenir.
“Les hormones sexuelles peuvent également jouer un rôle, mais nous ne savons pas encore comment. C’est l’absence de différence genrée dans le Covid long chez les enfants, où les hormones sexuelles jouent un rôle minime, qui nous mène à cette hypothèse”, a également exposé Milo Puhan, épidémiologiste à l’Université de Zurich au Temps.
Enfin, les inégalités homme-femme lors des consultations médicales pourraient aussi avoir un impact sur les soins. “Cette différence genrée face au Covid long expose les femmes à un risque de manque de reconnaissance de leurs symptômes”, expliquait Mayssam Nehme au journal suisse.
Les questionnements face au Covid-19 et à ses formes chroniques restant multiples, « seules les recherches supplémentaires prenant en compte la différenciation des genres pourront nous mener à des réponses assurées et à des traitements mieux adaptés », conclut l’étude.
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