Covid-19 : peut-on être contagieux même si notre test est négatif ?
Vous êtes cas contact, vous courrez faire un test – selon les recommandations sanitaires en vigueur, soit à partir de J2 – et celui-ci revient négatif.
Si aucun symptôme n’est à déclarer dans les jours qui suivent, on se dit que l’on est passé entre les mailles du filet. « Un test négatif n’est pas une garantie que vous n’avez pas le Covid-19 et il y a toujours une chance que vous soyez contagieux« , rappelle la NHS (l’équivalent britannique de Santé Publique France).
Et la science l’a même prouvé. En décembre 2021, des chercheurs américains ont détecté, dans un groupe test de trente personnes, que certains patients avaient pu transmettre Omicron à d’autres membres de l’échantillon, alors que toutes les personnes avaient été testées négatives au début de l’étude.
« La plupart des cas d’Omicron étaient infectieux pendant trois jours avant d’être détectable par les tests antigéniques rapides. Ils ont ainsi contaminé d’autres membres du processus de recherches », explicitent-ils en conclusion de leur étude.
Infecté et contagieux mais négatif : comment on l’explique ?
« Le risque de faux positifs, c’est-à-dire le risque d’être testé positif alors qu’on n’est en réalité pas porteur du virus, est extrêmement faible : ce risque survient dans moins d’1 % des cas », rappelle le ministère des Solidarités et de la Santé sur son site.
Pourtant, trop peu de travaux sont disponibles pour acter de la prépondérance de ces « faux-négatifs » et des raisons pour lesquelles ils ne détectent pas le Sars-Cov-2 chez certaines personnes. Mais les hypothèses sont multiples.
Selon les chercheurs, l’une des explications les plus plausibles provient de la multiplication des variants.
« Par exemple, le souci avec Omicron et BA.2 c’est qu’ils ne colonisent pas les voies respiratoires de la même manière ni à la même vitesse, ce qui influence la performance des prélèvements. L’infection commence généralement dans la gorge et le pharynx, puis passe dans le nez, où la charge virale devient plus importante. Mais ces nouveaux variants mettent plus longtemps à atteindre les fosses nasales que leurs prédécesseurs. Ils y sont donc présents en moins grande quantité au début de l’infection, ce qui fait que les tests antigéniques arrivent moins facilement à les détecter, et donnent par conséquent des faux négatifs », expliquait le média canadien L’Actualité en avril 2022.
D’après les spécialistes, il convient également de prendre en compte le fait qu’un test puisse être mal effectué (seulement une narine écouvillonnée ou pas assez profondément), mais aussi que tous les tests ne se valent pas en termes de fiabilité. Dr Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat National des Médecins Biologistes (SNMB) insiste : “c’est surtout une question de qualité du test effectué et des modalités de chaque type de test”.
La Haute autorité de santé estime la fiabilité des PCR à « 92% en moyenne », tandis que la commercialisation des tests antigéniques en France est régie par un avis de la HAS, publié en septembre 2020 indiquant que « les tests antigéniques doivent présenter une sensibilité et une spécificité minimales de 80% et 99% respectivement ».
« Nous ne savons pas encore exactement quand une personne infectée commencera à être testée positive pour le virus », admettait Muge Cevik, maître de conférences en maladies infectieuses et virologie médicale à l’Université de St. Andrews, interrogé par le Washington Post en décembre 2020. « Il y a donc des situations où une personne pourrait être testée négative, tout en étant contagieuse », précisait-il déjà.
Un faux négatif serait moins contagieux
Pour autant, nombreux sont les médecins qui arguent qu’être faux-négatif, c’est être peu chargé en virus. Mais cela a-t-il un impact sur le taux de contagiosité ?
Interrogé par NBC News, le Dr Sheldon Campbell, professeur agrégé de médecine de laboratoire à l’école de médecine de Yale, soutient que « perdre son temps à identifier les faux négatifs n’est pas le plus pertinent », ces derniers n’étant que faiblement contagieux.
“Seules les personnes qui excrètent le plus de virus seront positives avec un test antigénique, mais ce sont les personnes que l’on souhaite particulièrement identifier car elles sont les plus contagieuses », poursuit-il.
« Impossible pour ces personnes de se rendre dans un vestiaire et d’infecter 15 personnes par exemple. Ce ne sont pas de supers diffuseurs », illustrait, également au micro de NBC News, Dr. Michael Mina, ancien épidémiologiste à l’Université de Harvard.
Ce qu’approuve le Dr Azoulay. “Si la personne est cas contact et que son test est négatif, alors il pourra éventuellement transmettre le virus, mais très faiblement”. Le biologiste appelle toutefois à “moduler son comportement en fonction des personnes que l’on va rencontrer”.
Variants BA.4 et BA.5 : encore plus difficiles à détecter ?
L’émergence de variants et de sous-variants redistribue les cartes régulièrement.
Désormais majoritaire en France, les souches BA.4 et BA.5 sont capables d’échapper aux anticorps et semblent plus agressives dans leur symptomatologie. Mais ont-il aussi la capacité d’échapper à la détection, de façon à fausser les résultats des tests ? Non, répond le Dr Jean-Claude Azoulay.
“Par contre, ici, il faudrait privilégier les tests PCR. Les auto-tests et tests antigéniques sont pratiqués pour déterminer la présence physique de protéines de virus dans les voies aériennes supérieures. Un test antigénique négatif malgré des symptômes, cela signifie que la positivité n’a pas eu le temps de s’exprimer”, recommande le médecin.
D’autant plus que BA.4 et BA.5 sont étiquetés comme « plus contagieux ». « La mutation L452R augmente sa transmissibilité, l’amenant à être environ 20% plus contagieux que le sous-variant BA.2 », précise France Info.
Alors, en cas de doute, et sans compter la recrudescence des pollens qui peuvent nous tromper si des symptômes viennent à poindre, faut-il désormais doubler d’un test PCR pour s’assurer que l’on n’est pas négatif? “Si on a des symptômes, il vaut mieux se considérer contagieux et s’isoler temporairement. Mais il ne faut pas faire des tests PCR de façon irréfléchie, sinon, on va saturer les circuits », termine Dr Azoulay.
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