Covid-19 : atteinte de Covid long, une Américaine est incapable de reconnaître les visages
La prosopagnosie – un trouble qui entraîne une incapacité à se souvenir des visages ou à en mémoriser de nouveaux – pourrait faire partie des symptômes du Covid long, selon une étude publiée dans la revue Cortex le 9 mars 2023.
« La voix de mon père est sortie du visage d’un étranger »
Les chercheurs du Dartmouth College (États-Unis) rapportent le cas d’une patiente âgée de 28 ans. Deux mois après avoir contracté la maladie (en mars 2020), celle-ci a commencé à avoir du mal à reconnaître les visages. « Sur deux tests de reconnaissance de visages familiers et deux tests de reconnaissance de visages inconnus, Annie a montré des déficiences évidentes », écrivent les chercheurs.
Son atteinte était telle, que la patiente ne reconnaissait pas non plus des membres de son entourage. « En juin 2020, Annie a passé du temps avec sa famille pour la première fois depuis son Covid et a remarqué qu’elle était incapable de reconnaître son père ou de le distinguer visuellement de son oncle. Elle décrit l’expérience comme suit : ‘La voix de mon père est sortie du visage d’un étranger.’ Annie rapporte qu’elle s’appuie maintenant fortement sur la voix des gens à des fins d’identification », poursuivent-ils.
La jeune femme éprouve dans le même temps des difficultés d’orientation. Un déficit qui coexiste généralement avec la prosopagnosie. « Elle rapporte qu’elle perd fréquemment le sens de l’orientation et qu’elle doit déposer une épingle sur Google Maps pour pouvoir retrouver sa voiture garée plus tard. Annie note également qu’elle a maintenant des difficultés à dire les directions cardinales et qu’elle est beaucoup plus susceptible de se retrouver à conduire dans la direction opposée à sa destination prévue. »
Selon Brad Duchaine, Professeur de sciences psychologiques et cérébrales et co-auteur de l’étude, « cette concomitance est probablement due au fait que ces deux capacités dépendent de régions voisines dans le lobe temporal ».
Pour les chercheurs, « les résultats d’Annie indiquent que le Covid-19 peut entraîner une déficience neuropsychologique sévère et sélective similaire aux déficits observés à la suite d’une lésion cérébrale ». Ils tentent désormais de trouver d’autres patient.e.s ayant des atteintes similaires afin d’approfondir leurs recherches sur le sujet.
La prosopagnosie, un trouble neurologique rare
Les personnes atteinte de prosopagnosie ne sont pas capables de se reconnaître sur une photo ou dans un miroir, d’identifier une personne familière en face d’elles ou dans un magazine. « Ce trouble de la reconnaissance des visages peut être présent dès la naissance (prosopagnosie développementale) ou apparaître à la suite d’une lésion cérébrale – c’est toutefois très rare », précise le site Observatoire B2V des mémoires.
Elle peut par exemple s’installer à la suite : d’une maladie neurodégénérative de type maladie d’Alzheimer ou maladie de Creutzfeldt-Jakob ; d’une maladie cardiovasculaire (AVC) ; d’une tumeur cérébrale ; d’un hématome intracérébral ; d’un choc entre le cerveau et la boîte crânienne ; d’une maladie neurologique comme le syndrome de Gerstmann ; d’une encéphalite herpétique.
« Il n’existe pas à ce jour de traitement à même de soigner la prosopagnosie, note le site du groupe d’hôpitaux privés ELSAN. Les patients doivent donc recourir à d’autres moyens que la reconnaissance faciale pour identifier les personnes. Cela peut passer par la reconnaissance de leur voix, de leur démarche, de leurs bijoux, de leur coiffure, ou de tout autre élément caractéristique autre que le visage. Cependant, il faut soigner la cause identifiée ».
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