Condamné pour violences conjugales, Adrien Quatennens réintégré au sein du groupe LFI : la classe politique réagit
Mardi 11 avril 2023, Adrien Quatennens a été réintégré à La France Insoumise (LFI) lors d’un vote entre élus du parti. Selon les informations de FranceInfo, il y a eu 45 voix pour, 15 contre et deux abstentions.
Pour rappel, en décembre 2022, l’homme a été condamné par le tribunal de Lille (Nord) à quatre mois de prison avec sursis et à verser 2 000 euros à son épouse pour préjudice moral. Céline Quatennens l’accusait de violences physiques et psychologiques.
Dans un communiqué du groupe LFI dont FranceInfo a pris connaissance, il est précisé que le député a participé à « un stage de responsabilisation auprès d’associations féministes » et qu’il aurait regretté « les expressions médiatiques qu’il a eues à la suite de sa condamnation ».
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La réintégration du député crispe la gauche
Si l’homme condamné pour violences conjugales fait son retour jeudi 13 avril dans le groupe parlementaire des Insoumis, les personnalités politiques, de gauche comme de droite, s’expriment à tour de rôle pour s’indigner de cette décision.
Dans un tweet publié le jour-même du vote, le parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a indiqué qu’il ne souhaitait pas qu’Adrien Quatennens « participe aux instances de la Nupes [La Nouvelle Union populaire écologique et sociale, ndlr] » et que eux, ne l’auraient jamais réintégrer.
Même rengaine pour le Parti socialiste qui fustige l’issue de ce vote.
Dans un communiqué partagé sur Twitter, le PS juge cette réintégration « inacceptable et incompatible avec les valeurs défendues et portées par la Nupes ». Pour le parti, il est clair qu’il s’agit d' »un mauvais signal envoyé à toutes les femmes » et « une faute politique qui mine la crédibilité de toutes les formations de gauche ».
La ministre de l’Égalité femmes-hommes fustige LFI
Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative de France, s’est elle alliée à Anne Hidalgo en répondant à son tweet : « Comment peut-on en être encore là en 2023… ».
L’ancienne Secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, dernièrement critiquée pour sa Une du magazine Playboy, a affirmé, à l’instar de la maire de Paris, qu’elle condamnait « la réintégration d’Adrien Quatennens au groupe LFI ». « La cause des droits des femmes doit nous unir et nous rassembler quel que soit notre parti politique ! », renchérit-elle.
Ce combat n’est pas à géométrie variable.
Isabelle Lonvis-Rome, l’actuelle ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes, a elle aussi exprimé sur Twitter son mécontentent et l’hypocrisie du parti. « On ne peut pas jurer la main sur le cœur son entière implication pour lutter contre les violences faites aux femmes et se défausser dès que cela demande du courage, des actes et de penser contre ses amitiés », a-t-elle écrit. Avant de conclure : « Ce combat n’est pas à géométrie variable. »
Les violences conjugales, un combat sauf lorsqu’on est « ami » avec un condamné ?
Invitée sur FranceInfo mercredi 12 avril, la vice-présidente du Sénat, Laurence Rossignol a dénoncé « une culture de la violence ». Selon elle, si Adrien Quatennens avait été condamné pour « des infractions financières », la décision du parti aurait été différente. Elle estime que l’on vit encore dans une période où « on s’intéresse toujours plus à l’auteur qu’à la victime ».
Comme Isabelle Lonvis-Rome, elle pointe du doigt l’indulgence des partis et de ses membres : « On ne peut pas être contre les violences faites aux femmes sauf quand elles concernent un de nos amis. »
Plusieurs groupes militants de LFI ont également réagi. Dans une tribune publiée sur le site de Mediapart, ils déclarent que nombreux sont les électeurs du parti qui ont perdu « tout espoir en la sincérité du combat féministe de La France Insoumise ».
L’association #NousToutes a, elle, partagé ce même mercredi une publication détaillée sur Instagram. Dans celle-ci, elle écrit qu’Adrien Quatennens « n’est pas un allié des féministes » et n’a donc pas sa place à l’Assemblée nationale. Dans ce diaporama, #NousToutes rappelle plusieurs déclarations du député, dans lesquelles il défend des hommes accusés ou condamnés pour des faits de violences envers des femmes.
https://www.instagram.com/p/Cq6QNPLrzYM/
« Il y a quelques années, lorsque Bertrand Cantat a frappé à mort sa compagne Marie Trintignant, [Adrien Quatennens] a trouvé ‘regrettable’ que le chanteur soit plus connu pour son féminicide que pour sa musique », lance l’association, qui assure que le député n’a jamais été féministe.
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