Comment savoir si je suis prête à être en couple ?
- Être prête pour une relation : une question universelle mais récente
- Des critères admis mais non prouvé par la science
- "Personne n’est vraiment complètement prêt pour une relation"
“En fait, je crois que je ne suis pas prêt.e pour être en couple.”
Poncif galvaudé par des rom-com tout aussi peu convaincants, cette déclaration fait partie de ces motifs de rupture dont il est difficile de mesurer la sincérité. Punchline prêt à l’emploi que l’on balance lâchement après quelques dates peu concluants pour certains, aveu d’impuissance empreint de vulnérabilité pour d’autres, la petite phrase se fait le symptôme à peine caricatural d’une sphère amoureuse aux codes bouleversés, dans laquelle on tend de plus en plus à justifier son manque d’engagement ou son indisponibilité émotionnelle par de fausses excuses plus ou moins clichés.
Être prête pour une relation : une question universelle mais récente
D’ailleurs selon Ngram Viewer, une application linguistique proposée par Google permettant d’observer l’utilisation d’un mot dans des ouvrages imprimés, l’expression “ready for a relationship” (prêt pour une relation) aurait commencé à décoller dans les années 80 avant de prendre son envol dans les années 90, périodes synonyme de normalisation du célibat assumé, d’explosion du taux de divorce et accessoirement de popularisation des ouvrages de développement personnel en tous genres.
En France, c’est surtout avec les années 2000 que l’expression “prêt pour une relation” explose, un phénomène qui va de part avec la popularisation des ouvrages de développement personnel dans la langue de Molière. “L’évolution du terme est parfaitement alignée avec la manière dont on a commencé à concevoir le mariage », explique Stephanie Cootze, une professeure d’histoire de la famille au Evergreen State College aux Etats-Unis.
Dans un article publié sur Atlantico, elle rappelle que le mariage était auparavant la condition pour devenir adulte, s’installer, quitter l’adolescence et apprendre à gérer une relation de couple. C’est cette dernière qui vous rendait prêt à l’âge adulte, et non l’inverse.
Or, avec la libération sexuelle des années 60 et 70 et l’accès des femmes à une certaine indépendance financière liée à leur arrivée massive sur le marché du travail, le modèle familial s’est diversifié tout comme les manières de penser et de concevoir le couple. On est ainsi devenu légitime à s’interroger sur nos désirs (amoureux) les plus profonds, et à se demander si l’on était vraiment prêt pour une relation de couple, cette dernière devenant alors, de fait, une décision de vie requérant certaines conditions.
Des critères admis mais non prouvé par la science
Or ces conditions, à en croire le rayon développement personnel de la Fnac ou les articles clickbait qui pullulent sur les Internets, il y en aurait pléthore. Il faudrait par exemple avoir définitivement effacé son ex de son disque dur interne, soigné toutes ses névroses à grands renforts de “temps pour soi” et de retraites yoga, ou encore, s’être assuré que l’on s’aime bien soi-même avant de pouvoir considérer tomber amoureuse du prochain venu.
À l’inverse si l’on tend à être affectivement dépendant.e, que l’on recherche quelqu’un pour nous sauver de la médiocrité ou que l’on est une “amoureuse de l’amour”, on serait plus ou moins inapte à réussir toute forme de relation interpersonnelle impliquant des sentiments et un autre être humain.
Certes, des questions de timing viennent parfois rendre périlleuse toute entreprise amoureuse, notamment juste après une séparation, un deuil ou un divorce. « Ces personnes ont besoin de temps pour digérer », explique Julie Schwartz Gottman, coach en relations amoureuses. « Parfois, elles vont commencer une nouvelle histoire pour ressentir une certaine excitation, une certaine euphorie qui va venir occulter les émotions désagréables qu’ils ressentent alors. Mais elles peuvent ressurgir plus tard et s’immiscer dans cette nouvelle relation », poursuit-elle.
D’autres experts pointent certains red ou green flags qui, lorsqu’ils nous concernent, peuvent être le signe d’une probable incapacité/capacité à s’engager dans une relation saine avec un autre individu.
Par exemple, sur Psychology Today, la psychologue Caitlin Cantor écrit que si l’on a tendance à courir après quelqu’un qui souffle le chaud et le froid, c’est qu’on a encore quelques conceptions de l’amour à revoir. À l’inverse, si l’on arrive à se sentir à l’aise avec une personne que l’on semble intéresser, sans trouver cela louche ou suspicieux, c’est qu’on a enfin accepté notre propre valeur et qu’on est fin prêt à donner et recevoir de l’amour.
Problème ? Rien n’a été cliniquement prouvé.
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« Personne n’est vraiment complètement prêt pour une relation »
Et pour cause, tout ceci ne serait qu’un mythe. “Personne n’est vraiment complètement prêt pour une relation. Tout le monde vient avec ses expériences passées et son propre bagage émotionnel, parfois douloureux. Mais c’est ce qui fait notre beauté et notre authenticité. Et ce qui permet d’avoir des relations profondes et pleines de sens », précise Julie Schwartz Gottman qui souligne que certaines relations amoureuses permettent de sortir de dépressions tenaces ou de syndromes post-traumatiques.
Par ailleurs, un simple tour de table lors d’un dîner entre amis suffira à confirmer que, se sentir prêt ou non pour une relation, relève moins d’une appréciation intime et personnelle que de de critères objectifs ou de vérités toutes faites. « À chaque fois que j’ai eu une belle histoire d’amour, c’était toujours à un moment où je ne m’y attendais pas du tout », me confie Mathilde pour qui les relations sont moins affaires de décisions que d’opportunités.
“Quand j’ai rencontré mon mari, j’étais en plein parcours de PMA en Espagne. J’étais prête à avoir un enfant, mais pas du tout dans le mood de débuter une histoire d’amour », abonde Carole, aujourd’hui mariée à celui qui s’est greffé à son projet parental.
“Quand j’étais à la fac, j’étais persuadée qu’il fallait que je réussisse professionnellement avant d’être prêt à rencontrer “la bonne”. C’était complètement débile. Non seulement j’ai rencontré des filles supers tout au long de ma vingtaine mais le plus drôle c’est que j’ai rencontré ma copine actuelle alors que j’étais au chômage », plaisante Pierre.
Bref, chacun y va de sa théorie sur le sujet, certains et certaines que, à l’image de la parentalité, on ne peut jamais vraiment savoir si l’on est d’attaque ou non pour débuter voire réussir une relation.
Et d’ailleurs, on ne l’est peut-être jamais.
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