Comment réapprendre à aimer après une rupture ?

On a enfin digéré la rupture amoureuse, repris la vie du bon côté. Et on se risquerait bien de nouveau à aimer, désirer, se laisser séduire. Petite méthodologie de la deuxième première fois.

Que l’on sorte de deux ou dix ans de vie de coupleaprès la rupture amoureuse, il faut un temps pour faire le deuil. On s’isole. On digère. Et puis, un jour, le cœur et le corps appellent… Sortir ? Rencontrer quelqu’un ? Laisser ce quelqu’un nous approcher ? Refaire l’amour – vous voulez dire, toute nue ? Faire confiance ? Risquer de se faire mal ? Autant de menaces qui peuvent terroriser.

Pour mieux comprendre, nous avons interrogé des femmes qui se sont – malgré tout – remises en selle. Et ne l’ont pas regretté.

Reprendre confiance en soi 

Que celle qui n’a jamais eu de complexes nous jette la première pierre… Et en la matière, une séparation n’arrange généralement rien. Même quand on l’a voulue, elle ne donne que rarement un surplus de confiance en soi.

« Moi, j’ai 34 ans, j’ai eu trois enfants, et ça se voit », soupire Elise. Alors, avec les critères de beauté qui pèsent sur le dos des femmes, le regard des autres peut être compliqué à affronter. Le paradoxe, c’est que, justement, cet autre – que l’on croit impitoyable – est celui qui nous tire parfois de la mauvaise estime qui nous ronge. Comme l’a vécu Albane : « La première fois que je suis sortie après mon divorce, je trouvais toutes les filles plus jolies, plus jeunes… Et puis un homme m’a parlé, et dans ses yeux, j’ai lu que j’étais attirante ». 

Mais, l’amour de soi, pour soi, passe avant tout par un travail personnel, et non par la validation d’autrui. « La première étape, c’est de se regarder… et Dieu sait s’il faut du courage ! sourit la psychologue Maryse Vaillant1. Il faut retrouver une certaine tendresse pour soi-même, se voir comme on pourrait voir quelqu’un qu’on aime. » Un regard qui se travaille, avec bienveillance, patience… Sans oublier de s’atteler à la déconstruction des nombreux préjugés qui nous habitent depuis notre plus jeune âge concernant la beauté et la séduction.  

Faire son deuil amoureux 

Se séparer, c’est faire le deuil. Et le temps de ce dernier dépend de chacun. « La solitude est une bonne chose après rupture amoureuse, pour se protéger et faire le point », constate Maryse Vaillant. Une période pas forcément agréable (douleur de la séparation oblige) – mais toujours constructive. « Avec mon premier amour, nous avons vécu ensemble de 18 à 25 ans – autant dire que j’avais grandi soudée à lui. Lorsqu’on s’est séparés, j’ai eu l’impression de n’être plus personne. Qui devenir quand on a perdu un bout de soi ? », s’interroge Jenna, 26 ans.

Certaines tentent de zapper cette étape, avides des fantasmes entretenus pendant leur vie de couple, mais parfois, c’est le flop : « Libérée, je pensais que ça allait être l’explosion… Mais pas du tout ! La vie trépidante de célibataire a mis du temps à venir. La convalescence a été plus longue que prévu ! », sourit Charlotte, 30 ans, séparée du père de son fils depuis quatre ans.

Alors, le deuil, on le cultive ? « Pas trop non plus ! prévient Maryse Vaillant. La solitude peut aussi nous enfermer, construire un mur entre nous et les autres. L’isolement doit être temporaire. Et sans forcément chercher quelqu’un, il faut savoir garder le contact avec le monde extérieur : dîners entre amis, sport, sorties… L’important est de ne pas perdre le fil avec ceux qui nous entourent. » Message reçu. 

Renouer avec les plaisirs charnels 

Et côté sexe, on gère comment ? « Lors de la première nuit avec quelqu’un, la panique de celles et ceux qui sont restées longtemps avec le ou la même partenaire est terrible : leur corps a quelques années, voire quelques décennies de plus que la dernière fois qu’elles se sont déshabillées face à un nouveau regard… », note la psychologue. 

Au terme d’une année chaste, Albane a préféré de son côté remettre le couvert avec quelqu’un pour qui elle n’avait pas grand sentiment. Pour mieux se libérer. « Il n’était ni beau, ni passionnant, mais gentil et désirant. Bizarrement, cette histoire sans amour m’a fait beaucoup de bien, et la fois d’après, avec un homme qui comptait, je n’avais pas peur. » 

Réapprendre les codes de la séduction

Charlotte constate : « Quand j’étais mariée, comme je n’étais pas dans une dynamique de séduction et que je ne voyais pas les hommes comme des ‘proies’ potentielles, j’avais un rapport très direct avec les gens, je ne cherchais rien, je ne jouais pas, je parlais facilement, et du coup… Je séduisais sans m’en rendre compte. Depuis que je suis célibataire, c’est plus compliqué. »

Maryse Vaillant le reconnaît : séduire est extrêmement difficile. D’autant qu’après une rupture amoureuse, on a encore en tête les codes de séduction d’avec l’autre. Encore une fois, patience et bienveillance envers soi-même sont de rigueur. 

Rencontrer du monde  

Les amis d’amis et les collègues de bureau, on en a fait le tour. Alors comment rencontrer de nouvelles hypothèses amoureuses ? Albane affectionne les boîtes – classique, mais épuisant – et se force à sortir comme on se motive pour aller au sport. Claire pratique Meetic. Elise est adepte de Facebook. Mais pour toutes, étrangement, reste cette croyance profonde que l’amour ne se provoque pas : « Protégée derrière mon écran, je rencontre des hommes via des amis communs. Je reste néanmoins persuadée que je verrai le regard et le sourire de l’amour avant de connaître son nom, et que ça se passera dans le monde réel », affirme Elise.

Pour Albane non plus, le coup de foudre ne se programme pas : « Prenez le système de correspondance des critères de Meetic : c’est totalement absurde ! Une rencontre amoureuse, c’est au contraire quelque chose qui surprend, bouscule, avec une pointe de mystère ». Pas de lieu miraculeux, donc.  

Dépasser ses peurs pour laisser une chance à l’amour

Aïe. Nous atteignons le cœur du problème. Le seul véritable (et démoniaque) obstacle après une rupture amoureuse : l’insoutenable frayeur d’aimer. Se remettre dans une dynamique de séduction, au fond, c’est risquer de retomber amoureuse et… de se refaire mal. Albane le reconnaît : « Le père de mes filles était déjà une grande erreur, j’ai peur de récidiver. Du coup, j’observe beaucoup les couples autour de moi : lesquels fonctionnent ? Comment ? » Hélas, la peur n’évite pas le danger. « Juste après mon mari, j’ai rencontré quelqu’un, une histoire merveilleuse… qui s’est rapidement soldée par une déception cruelle. Ça m’a détruite. Je ne suis pas prête à me relaisser aller tout de suite », confie Elise.

Laisser une chance à l’amour est une chose. Mais mieux vaut ne pas courir après lui de peur du célibat. Ce dernier est loin d’être un mode de vie à fuir. S’il est encore socialement mal accepté de préférer être seule, le célibat permet de s’accomplir par soi et pour soi.  

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1 Auteure de Comment aiment les femmes (éd. Seuil) et de Les hommes, l’amour et la fidélité (éd. Albin Michel).

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