Comment faire face au harcèlement de rue ? Les réponses concrètes par celles et ceux qui le combattent

Le harcèlement dans l’espace public est aujourd’hui légalement répréhensible, et largement condamné par l’opinion. Pourtant il continue à toucher des femmes de tous horizons. Charlotte Lavocat a décidé de raconter l’histoire de celles qui ont pris le dessus sur les outrages sexistes, pour inspirer toutes les femmes et changer les comportements.

La France est confinée, pourtant les témoignages de harcèlement de rue continuent à arriver, comme le montre une page telle que « Paye ton confinement »
À l’occasion de la semaine de sensibilisation pour lutter contre ce fléau, le documentaire « La rue est à nous » est diffusé ce soir sur France 3. À voir absolument !

Le message de Charlotte Lavocat, journaliste et réalisatrice de ce documentaire, est clair et enthousiasmant : face au fléau de harcèlement de rue, des solutions existent et tout le monde peut être part à ses solutions !
“Dans mon documentaire, j’ai laissé la place aux actrices et aux acteurs d’un changement positif , parce que j’estimais que l’on avait déjà identifié le harcèlement de rue, notamment avec le documentaire “Femmes de la rue” de la journaliste belge Sofie Peeters et avec le travail de la militante Anaïs Bourdet qui avait créé le tumblr Paye Ta Shnek. Mon interrogation était véritablement : “Maintenant qu’on sait ce que c’est, qu’est ce qu’on fait ? “. L’idée était de mettre en avant plutôt les solutions que de montrer à nouveau le problème et ses responsables.  »
Pourquoi avoir lancé ce projet ? Elle rappelle avec justesse que “pendant très longtemps le harcèlement de rue a été vécu comme une violence extrêmement banale qu’il fallait encaisser et si possible en silence. Il y a quelques années il y a des militantes qui ont commencé à en parler, à le filmer, à le montrer ; il y a eu Me Too qui a permis une libération de la parole des femmes. Grâce à tout ça, on s’est rendu compte que le harcèlement de rue est vécu par toutes les femmes et que c’est une violence intolérable qui disqualifie les femmes dans l’espace public.”
Dans ce documentaire, des personnes d’horizons variés livrent leur témoignage et analysent sur le phénomène : chercheurs et chercheuses, militantes, mais aussi artistes ou encore femmes qui ont vécu ce harcèlement. C’est le cas de Lotus, 25 ans qui nous raconte cette volonté d’ouvrir la voie aux femmes : « le projet m’a plu car Charlotte montre des solutions et prouve que le harcèlement n’est pas une fatalité, qu’on peut tous changer les choses à notre niveau.”

Dans ce documentaire se retrouvent également les témoignages entre autre de Marie Laguerre, Marlène Schiappa, ou encore Linda Kebbab.
Il est aussi l’occasion de rappeler que ce phénomène touche les femmes partout où elles aillent, quel que soit le quartier, leur âge ou leur tenue.


Des techniques d’autodéfense simples

Jour nuit, matin soir , dans la rue ou le métro : toujours le même schéma : les femmes se font aborder de manière extrêmement cavalière : chuchotements au creux de l’oreille, regards lubriques, sifflements ou apostrophes familières.
Face à cela, la grande force du travail de Charlotte, ce sont les solutions qu’elle propose.
C’est ce que confirme Lotus, qui y a témoigné : “Lorsque je me suis fait harceler pour la première fois à douze ans, je n’ai pas réagi comme je l’aurais voulu : j’ai ressenti beaucoup de rage et de frustration. Je veux montrer aux femmes qu’en fait tu peux répondre et que ta colère est légitime ! “
Ce déclic lui vient lorsqu’à de multiples reprises, des hommes inconnus se permettent de l’aborder en lui chuchotant au creux de l’oreille. Lotus commence donc à réagir, la plupart du temps en interpellant vivement les auteurs : “On peut se préparer à avoir de la répartie, moi il ya des phrases que je prépare dans ma tête pour répondre du tac au tac ! La première fois que j’ai répondu vraiment fort, c’était dans le RER, en disant très fort et droit dans les yeux : monsieur arrêtez de me fixer comme ça vous me mettez vraiment mal à l’aise !!”
Elle conseille pour s’inspirer le podcast YESSS , ou le compte instagram Punchlinettes qui relatent des victoires contre le harcèlement dans l’espace public.
Les deux femmes rappellent un conseil simple : en tant que témoin, ne pas hésiter à intervenir sans se mettre en danger : “Si tu penses qu’il y a un problème c’est qu’il doit en avoir un”.
Quelle peut être la meilleure parade ? Selon Lotus, il faut dsécouter : “Peu importe, fais ce que toi tu sens que tu peux faire , ça dépend des jours »
L’une des premières astuces est de nommer l’acte de violence, maintenir le contact avec le regard avec confiance et répéter. “ Je me suis rendue compte que de verbaliser ce comportement là était extrêmement important. (…) ça met une distance en fait” remarque Lotus.

Charlotte propose deux réponses pour lutter contre le harcèlement de rue. une directe sur le terrain : des stratégies que l’on peut mettre en place pour désamorcer ces situations, sans se mettre en danger, que l’on soit victime ou témoin. “Si vous êtes témoin et qu’une femme se fait harceler dans la rue, vous vous dirigez vers elle et vous l’appelez avec un prénom que vous inventez et vous faites semblant de la connaître, d’avoir rendez-vous avec elle par exemple.”
L’autre réponse, plus indirecte, aura plus d’impact sur la durée : c’est l’éducation : “sensibiliser dès le plus jeune âge aux questions du sexisme , de l’égalité femmes hommes et puis adopter une tolérance zéro contre toutes les formes de sexisme !”
Son documentaire permet d’aborder les deux solutions à la fois.
Pour le regarder, c’est le 27 avril à 23h05 sur France 3 Île de France ou en ligne ici : https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/emissions/la-france-en-docs

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