Cinq conseils pour des visioconférences plus pro et confortables

Depuis plus de deux mois, des millions de Français goûtent chaque jour aux joies de la visioconférence. Puisque le télétravail doit durer malgré le déconfinement, il est encore temps de créer les conditions idéales pour ces réunions virtuelles.

Bientôt trois mois. Trois mois de télétravail et de réunions en visioconférences ponctuées de «on ne t’entend pas», d’enfants qui font irruption et de sourires amusés de vos collègues à la vue de votre chambre pas tout à fait rangée. En trois mois, bien sûr, vous avez appris à rendre ces nouveaux rituels aussi professionnels que possibles. Il n’empêche : parmi les quelques 5 millions de Français en télétravail depuis le 15 mars, une bonne part ne reprendra pas le chemin du bureau tout de suite, ou en tout cas pas 5 jours sur 7. D’abord parce que le virus est toujours présent, ensuite parce que bon nombre d’entreprises ont découvert les avantages de ce mode d’organisation. Des entreprises comme Facebook, Twitter ou le groupe PSA ont décidé de l’adopter de façon durable.

En France, la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail, estime à environ 7 millions le nombre de postes télétravaillables. Si la pratique doit durer – et peut-être devenir la nouvelle norme, autant la rendre plus agréable. Ménager son dos, trouver enfin le meilleur endroit où s’installer… Revue de conseils pour des visioconférences efficaces et sereines.

S’installer

Première étape indispensable : s’asseoir correctement. «La chaise de la cuisine a peut-être fait l’affaire les premières semaines, mais ensuite on a besoin d’un siège réglable», rappelle Eliel Arnold, fondateur de l’agence Arnold Architectes d’Intérieur, spécialiste de l’aménagement d’espaces de travail. L’importance de pouvoir régler la hauteur de son fauteuil est d’ailleurs inscrite dans le Code du travail : une nécessité absolue pour éviter de blesser son dos et sa nuque en passant 7 heures par jour assis n’importe comment.

Miser sur l' »eye contact »

Cela donnera aussi un sérieux coup de pouce à vos visioconférences. Assise confortablement, vous aurez moins l’air de vous tortiller sur votre siège. La disposition de votre ordinateur compte aussi. Pour avoir – presque – autant de stature sur un écran qu’en face-à-face, l’essentiel est dans le regard. Et le designer Tom Ford, passé maître dans l’art de l’eye contact, a parfaitement résumé les astuces essentielles, qu’il a confiées au New York Times. Pour regarder son interlocuteur «dans les yeux», il faut fixer la caméra, donc surélever un peu son ordinateur – un ou deux dictionnaires ou gros livres d’art devraient faire l’affaire. N’hésitez pas à dégager de la place entre vous et l’écran : un bras de distance donnera un peu d’air au cadre et évitera l’effet «scalp» – le haut du crâne coupé par le cadre. Cela vous évitera aussi de vous pencher en parlant, sans vous en rendre compte, et d’offrir un un gros plan front-yeux à votre chef.

Pour trouver le bon arrière-plan

Autre avantage à vous éloigner de votre écran : la profondeur de champ. Mieux vaut éviter de se placer le dos collé à un mur, qui écrase l’image et rétrécit l’espace. En laissant un peu d’air entre vous et l’ordinateur, mais aussi derrière vous, la caméra va faire le point sur votre visage et naturellement flouter l’arrière-plan. «Et une toute petite profondeur de champ peut faire l’affaire, souligne Eliel Arnold. Se placer devant une bibliothèque ou une pièce un tant soit peu profonde, ça fonctionne très bien.»

Encore faut-il être assez à l’aise pour accepter de dévoiler un peu de son intérieur à ses collègues. Pas simple de dévoiler son studio de 30 m² à son chef, un papier peint un peu burlesque à ses collègues ou un vaste salon luxueusement décoré à ses équipes. Selon la taille et le style de son logement, on a vite fait de ne plus savoir où se mettre. «Qu’on le veuille ou non, quand est en représentation devant une interlocuteur professionnel, on doit se mettre en scène, devenir un petit chef opérateur», rappelle Eliel Arnold. En d’autres termes, choisir ce qu’on fait entrer dans le cadre. Le plus simple est encore de le tester. En allumant sa caméra, on se rend vite compte qu’une lampe nous éclaire mal, qu’un sac est roulé en boule sous le canapé ou qu’une pièce a l’air gigantesque. À vous de choisir ce que vous voulez montrer, en décalant l’ordinateur, en déplaçant votre bureau ou en jouant avec la lumière.

Lessive, vin rouge et pyjama, l’hilarante vidéo de Jennifer Gardner en confinement

Pour bien utiliser la lumière

Car une belle image vidéo repose d’abord sur la lumière, et la visio-conférence n’échappe pas à la règle. Dos à une fenêtre, en contre-jour, vous serez invisible. Installée à côté d’une fenêtre, vous serez claire-obscure. L’idéal, quand on le peut, est de se positionner face à une source de lumière naturelle, ou de la compléter grâce à une lampe. «Inutile de la braquer sur son visage : on peut éclairer le mur devant soi pour avoir une lumière indirecte», précise Eliel Arnold. Cela vous évitera d’entendre d’emblée «ça va ? Tu as l’air fatiguée».

Le podcast à écouter

Pour éviter que vos enfants débarquent

Autre élément perturbateur potentiel : les enfants, capables de hurler pour que leurs parents les laissent entrer dans la pièce où ils se sont réfugiés. Que faire d’un bambin hissé sur nos genoux brandissant fièrement un nouveau dessin ? Un enfant de plus de cinq ans comprendra très bien que ses parents le sermonnent. Avant cet âge, c’est plus compliqué, explique la psychologue Clémence Prompsy, cofondatrice du cabinet Kidz et Family et créatrice du podcast SOS Parents. «Quand on repousse son enfant, on déverse du stress dans son cerveau et il va attendre de ses parents qu’ils l’aident à se calmer.» En clair, vous n’aurez pas du tout réglé le premier problème – votre enfant vous hurle dessus pendant que vous menez une négociation serrée avec un client – et vous en aurez créé un nouveau – votre enfant hurle encore plus fort.

Mieux vaut donc vous absenter deux minutes de la visioconférence pour emmener votre chère tête blonde dans une autre pièce et lui expliquer calmement que vous êtes occupée. «Dans l’esprit d’un enfant, le calcul est simple : papa et maman sont là, donc ils sont disponibles pour moi et rien que pour moi, poursuit Clémence Prompsy. Ou alors c’est qu’ils ne m’aiment pas, donc je vais aller tambouriner à la porte pour vérifier qu’ils m’aiment toujours.» Pour éviter des assauts quotidiens, mieux vaut anticiper et rassurer votre enfant. «Même à un enfant en bas âge, on peut expliquer simplement que notre travail est important et qu’on a besoin de se concentrer, même si on est toujours sa maman ou son papa et qu’on l’aime.» Ensuite, une astuce peut être de créer un code, avec un dessin affiché sur votre porte quand vous êtes occupée, par exemple. Et de prévoir, avec votre enfant, tout ce qu’il peut faire seul jusqu’à ce que vous sortiez – ses devoirs, un dessin quand il a besoin d’une pause, etc. «On peut aussi les autoriser à toquer une, deux ou trois fois, ajoute Clémence Prompsy. En leur expliquant que, si on ne répond pas, c’est qu’on a entendu et qu’on viendra les voir dès qu’on aura fini.» En espérant qu’ils aient la patience de nous attendre.

Source: Lire L’Article Complet