Cigarette électronique : pourquoi le Comité national contre le tabagisme veut-il interdire les arômes ?
La cigarette électronique est de plus en plus plébiscitée par les jeunes. Et pour cause : ses effluves de pomme, caramel ou barbe à papa ferait presque oublier aux consommateur.rice.s la nocivité de la nicotine qu’elle peut contenir. Si bien que depuis quelques mois, le marché de la puff – la version jetable de la e-cigarette – a littéralement explosé.
Une vraie catastrophe, pour les membres du Comité national contre le tabagisme (CNCT). À travers une étude, publiée le 13 février, l’association dénonce le « développement anarchique » des nouveaux produits de tabac et la publicité qui en est faite. Elle demande en outre l’interdiction des arômes dans les cigarettes électroniques, qui minimiseraient le « caractère addictif et toxique » de ces e-cigarettes, et joueraient un « rôle central dans la normalisation de la nicotine ».
D’après des chiffres partagés par Challenges, le nombre de vapoteur.se.s en France s’élèverait à plus de 3 millions.
La cigarette électronique n’est pas addictive, mais son goût oui
Vendue comme l’alternative miracle au tabac, la cigarette électronique a connu un essor très important dès 2017. Si bien qu’aujourd’hui, les boutiques spécialisées sont partout, les dérivés du tabac – produits du tabac chauffé, puffs ou sachets de nicotine – se multiplient. Dans son étude menée entre 2020 et 2022, le CNCT tire de malheureuses conclusions du développement « rapide et incontrôlé » de ce marché, notamment chez la jeune génération.
Selon le Comité, c’est aussi et surtout la proposition illimitée d’arômes qui pose problème. L’odeur agréable de la vapeur ne fait que renforcer la dimension « récréative » de la cigarette électronique, dénonce ainsi le CNCT. Résultat : leur consommation augmente, et les risques d’addiction aussi. Car ce liquide renfermant l’arôme contient aussi – le plus souvent – de la nicotine, responsable de la dépendance chez les fumeur.euse.s.
« Loin d’aider les fumeurs dans leur sevrage tabagique, la démultiplication des arômes dans les nouveaux produits vise uniquement à l’hameçonnage de jeunes consommateurs. Sans interdiction rapide des arômes, la situation risque de devenir incontrôlable », dénonce le professeur Yves Martinet, président du CNCT.
Le Comité pointe aussi du doigt la publicité illégale faite sur les lieux de vente pour ces nouveaux produits. Selon ses chiffres, 72 % des boutiques de vapotage ne respectent pas la réglementation en matière de publicité. Ces niveaux d’infraction « traduisent une stratégie systématique et délibérée de contournement des réglementations en vigueur encouragée par l’absence de contrôles« , dénonce-t-il.
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Des effets toxiques sous-estimés
Ce n’est pas la première fois que des expert.e.s se penchent sur la cigarette électronique et ses effets délétères sur l’organisme. Si le nombre d’études à son sujet est encore faible par manque de recul, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) soutient toutefois que sa consommation peut entraîner « des troubles de l’apprentissage et une anxiété » chez les enfants et les adolescent.e.s, ainsi qu’un risque de « cardiopathie et de pneumopathie » chez l’adulte.
D’autre part, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) suggère que la présence de formaldéhydes dans leur composition pourrait influer sur le risque de cancer du nasopharynx, des sinus et des voies respiratoires hautes, « notamment en cas d’utilisation prolongée des vapoteuses ».
En 2018, des chercheur.euse.s américain.e.s ont découvert que le e-liquide pouvait provoquer une réaction inflammatoire importante au niveau du système immunitaire. Certains produits chimiques aromatisés – contenus dans les liquides goût cannelle, vanille et beurre – ont causé une mort cellulaire importante, révèlent-ils.elles dans l’étude.
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