César 2020 : "J’accuse" de Roman Polanski en tête avec 12 nominations, tallonné par "Les Misérables" de Ladj Ly
La 45e cérémonie des César, qui aura lieu le 28 février, a dévoilé sa sélection. Le favori, "J’accuse", de Roman Polanski, nommé 12 fois, suscite l’indignation. Il est suivi par "Les Misérables" de Ladj Ly, nommé 11 fois. Céline Sciamma est nommée deux fois pour "Portrait de la jeune fille en feu".
Les pronostics sont lancés. Le 28 février 2020 se tiendra la 45e cérémonie des César, avec Florence Foresti dans le rôle de l’animatrice, tandis que Sandrine Kiberlain sera la présidente de la cérémonie. Les nominations ont en effet été révélées par l’Académie des César ce mercredi 29 janvier au matin. Les trois films en tête sont J’accuse, Les Misérables et La Belle Époque.
Les trois films sortant en tête des nominations pour ces César 2020 sont J’accuse, de Roman Polanski, nommé dans douze catégories, suivi de Les Misérables, de Ladj Ly, et La Belle Époque de Nicolas Bedos, chacun nommés dans onze catégories.
Ces trois grands favoris sont notamment nommés dans la catégorie Meilleur film, aux côtés de Grâce à dieu, Hors normes, Portrait de la jeune fille en feu et Roubaix, une lumière. Ces sept films sont également nommés dans la catégorie Meilleur réalisateur.
Une sélection sociale et emprunte de drame, donc, pour ces César 2020. J’accuse revient sur l’affaire Dreyfus, tandis que La Belle Époque est une dramédie romantique suivant un couple à travers les âges, et que Les Misérables suit le quotidien compliqué et dangereux de jeunes de la cité de Montfermeil, en banlieue parisienne, où policiers et délinquants font régner le chaos.
Le fait que Roman Polanski se trouve en tête des nominations aux César 2020 a suscité l’indignation de nombreux internautes et associations féministes.
Une indignation basée sur le fait que le réalisateur polonais de 86 ans a fui depuis plusieurs décennies les États-Unis pour éviter la prison après avoir avoir été inculpé pour rapports sexuels illégaux avec Samantha Geimer, en 1977, alors qu’elle était âgée de 13 ans, et était sous l’emprise de l’alcool. Cette dernière a annoncé, lors de la sortie de son autobiographie en 2018, lui avoir pardonné. Roman Polanski est par ailleurs accusé de viol par douze femmes, dont la Française Valentine Monnier.
La sortie de J’accuse, en novembre, s’est faite sous tensions, et sur fond de l’éternel débat concernant les artistes agresseurs et violeurs : faut-il séparer l’artiste de l’homme ? Et un artiste agresseur/violeur devrait-il poursuivre son travail, bénéficier de visibilité et être récompensé ?
Roman Polanski s’était notamment attiré les foudres en faisant un parallèle, dans plusieurs interviews, entre l’hystérie collective antisémite subie par le colonel Dreyfus à son époque, et les critiques de plus en plus nombreuses, et légitimes, à son égard, concernant les affaires de viol qui le concernent. Certaines villes avaient même fini par déprogrammer J’accuse, dont à Poitiers et dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis.
« N’avons-nous rien appris de MeToo ? » interroge ce 29 janvier le collectif Osez le féminisme sur Twitter, en réaction aux nominations de Roman Polanski aux César. Le collectif a annoncé qu’il sera présent salle Pleyel, où auront lieu les César 2020.
« En donnant de la visibilité à un artiste mis en cause pour un viol de mineure, les #cesars2020 participent à verrouiller le secret et à silencier les victimes, a reproché de son côté le collectif NousToutes, aussi sur Twitter. Dérouler le tapis rouge à un pédocriminel : le cinéma français a un décidément train de retard. Pour changer. »
Déjà en décembre dernier, l’actrice Lou Roy-Lecollinet avait eu le courage de s’indigner de la présence importante de J’accuse dans les pré-sélections des César 2020 pour les catégories techniques, établies par l’Académie des César, alors que le septième art français est encore très frileux à aborder la question des violences sexuelles en son sein.
Une omerta d’autant plus forte que l’année 2019 aura, a contrario, été marquée par les accusations d’attouchements et harcèlement sexuel d’Adèle Haenel contre le réalisateur Christophe Ruggia. Des faits qui se seraient déroulés lorsqu’elle avait entre 12 et 15 ans.
Deuxième film le plus nommé des César 2020, ex-aequo avec La Belle Époque, Les Misérables devrait rafler une mise considérable le 28 février.
Premier long-métrage de Ladj Ly, il offre une plongée suffocante dans les tensions marquant une cité de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Des violences policières perpétrées contre un mineur sont filmées au drone, ce qui déclenche une course-poursuite effrénée dans les méandres de la cité, sur fond d’injustice sociale et de misère humaine. Deux visions de la police s’affrontent, et apportent de vrais cas de conscience.
Brillamment exécuté, Les Misérables est par ailleurs nommé aux Oscars 2020 dans la catégorie Meilleur film étranger, après avoir concouru aux Golden Globes en décembre dernier.
Céline Sciamma, réalisatrice du célébré Portrait de la jeune fille en feu, reçoit trois nominations : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario original. Les deux actrices principales, Adèle Haenel et Noémie Merlant, sont aussi nommées dans la catégorie Meilleure actrice, tandis que Louana Bajrami est nommée pour le Meilleur espoir féminin.
Portrait de la jeune fille en feu est le deuxième film français de l’année 2019 à représenter le plus la France dans les compétitions étrangères, avec Les Misérables. Ils avaient tous deux été nommés aux Golden Globes dans la catégorie Meilleur film étranger, mais c’est finalement l’incroyable Parasite qui l’a emporté.
Voici la liste des nominations aux César 2020 :
Meilleur film
La Belle Epoque de Nicolas Bedos
Grâce à Dieu de François Ozon
Hors Normes de Eric Toledano et Olivier Nakache
J’Accuse de Roman Polanski
Les Misérables de Ladj Ly
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin
Meilleur réalisateur
Nicolas Bedos pour La Belle Epoque
François Ozon pour Grâce à Dieu
Eric Toledano et Olivier Nakache pour Hors Normes
Roman Polanski pour J’Accuse
Ladj Ly pour Les Misérables
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
Arnaud Desplechin pour Roubaix, une lumière
Meilleur acteur
Daniel Auteuil pour le rôle de Victor dans La Belle Epoque
Damien Bonnard pour le rôle de Stéphane dans Les Misérables
Vincent Cassel pour le rôle de Bruno Haroche dans Hors Normes
Jean Dujardin pour le rôle de Marie-Georges Picquart dans J’Accuse
Reda Kateb pour le rôle de Malik dans Hors Normes
Melvil Poupaud pour le rôle de Alexandre Guérin dans Grâce à Dieu
Roschdy Zem pour le rôle de Yacoub Daoud dans Roubaix, une lumière
Meilleure actrice
Anaïs Demoustier dans Alice et le maire
Eva Green dans Proxima
Adele Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu
Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu
Doria Tillier dans La Belle Epoque
Karin Viard dans Chanson douce
Meilleur acteur dans un second rôle
Swann Arlaud pour le rôle d’Emmanuel Thomassin dans Grâce à Dieu
Grégory Gadebois pour le rôle de Hubert Henry dans J’Accuse
Louis Garrel pour le rôle d’Alfred Dreyfus dans J’Accuse
Benjamin Lavernhe pour le rôle de Félix dans Mon Inconnue
Denis Menochet pour le rôle de François Debord dans Grâce à Dieu
Meilleure actrice dans un second rôle
Fanny Ardant dans La Belle Epoque
Josiane Balasko dans Grâce à Dieu
Laure Calamy dans Seules les bêtes
Sara Forestier dans Roubaix, une lumière
Hélène Vincent dans Hors Normes
Meilleur espoir masculin
Anthony Bajon pour le rôle de Thomas Jarjeau dans Au nom de la Terre
Benjamin Lesieur pour le rôle de Joseph dans Hors Normes
Alexis Manenti pour le rôle de Chris dans Les Misérables
Liam Pierron pour le rôle de Yanis Bensaadi dans La Vie Scolaire
Djebril Zonga pour le rôle de Gwada dans Les Misérables
Meilleur espoir féminin
Louana Bajrami pour le rôle de Sophie dans Portrait de la jeune fille en feu
Céleste Brunnquell pour le rôle de Camille Lourmel dans Les Eblouis
Lina Koudry pour le rôle de Nedjma ‘Papicha’ dans Papicha
Nina Meurisse pour le rôle de Camille Lepage dans Camille
Mame Sané pour le rôle d’Ada dans Atlantique
Meilleur scénario original
Nicolas Bedos pour La Belle Epoque
François Ozon pour Grâce à Dieu
Eric Toledano et Olivier Nakache pour Hors Normes
Ladj Ly pour Les Misérables
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
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