« Ce spectacle a quelque chose de cathartique », confie Panayotis Pascot

  • Après plus de deux ans de tournée et 300 dates, Panayotis Pascot clôt la tournée de son spectacle autobiographique, Presque, dimanche 15 janvier, à l’Opéra Garnier.
  • Le jeune homme de 24 ans y donnera trois représentations exceptionnelles sur la même journée durant lesquelles il promet quelques invités surprises.
  • « Parler tous les soirs de certaines choses, ça permet de les appréhender. Ce spectacle a résolu certaines choses. Il a quelque chose de cathartique », reconnaît l’humoriste.

A seulement 24 ans, il sera le premier humoriste à monter sur la scène de l’Opéra Garnier. Dimanche 15 janvier, après deux ans de tournée et plus de 300 dates, Panayotis Pascot jouera la dernière de son spectacle autobiographique Presque dans le mythique théâtre parisien. Le jeune homme de 24 ans y donnera trois représentations exceptionnelles durant lesquelles il promet quelques invités surprises. A quelques jours de la date fatidique, entre nostalgie, fierté et introspection, l’ancien prodige de Quotidien s’est confié à 20 Minutes.

Comment l’idée de jouer à l’Opéra Garnier est-elle venue ?

On a fait une première tournée partout en France, à laquelle on a rajouté des dates. On s’est dit qu’il fallait finir par Paris. Mais pour les dernières représentations, il fallait prévoir les salles très en amont. J’ai réfléchi, je me suis dit que c’était un spectacle sur l’émancipation d’un enfant vers l’âge adulte, d’un parcours de quelqu’un qui se trouve. J’ai fait le point, j’ai commencé dans des caves parisiennes à être payé au chapeau, où est-ce que je pourrais le terminer en beauté ? J’ai pensé à l’Opéra Garnier. J’y suis allé pour un spectacle et je suis tombé amoureux de la salle. Je me suis dit qu’il fallait qu’on tente et qu’on demande si on pouvait jouer là-bas.

Et les équipes de l’Opéra Garnier ont accepté tout de suite ?

Non, ça a pris du temps. On a d’abord envoyé une première demande. On m’a tout de suite dit que c’était impossible. On a réitéré, on nous a dit non une deuxième fois, puis une troisième fois. On les a ensuite invités à venir voir le spectacle à plusieurs reprises. Au bout d’un moment, ils sont venus. A la fin de la représentation, ils m’ont serré la main et ils m’ont dit « let’s go, on se lance ». On a vraiment eu une chance incroyable qu’ils aiment le spectacle et que les dates collent. Il n’y a que quatre à six relâches par an à l’Opéra Garnier. Ça laisse très peu de dates possibles. Normalement, je comptais finir ma tournée fin 2022, donc le 15 janvier, c’était idéal, ça n’a décalé de quelques semaines.

Vous êtes le premier humoriste à jouer sur cette scène, est-ce que c’est une fierté ?

C’est une immense fierté. Il n’y a que Gad Elmaleh qui y a joué, mais c’était une représentation privée. Ce théâtre, c’est un des lieux qui représente le mieux la culture en France et la beauté de l’artisanat français. C’est l’un des trois plus beaux théâtres du monde. Il a quelque chose de très particulier. C’est dingue.

C’est un spectacle très intime, écrit il y a près de quatre ans. Vous avez forcément évolué depuis. Comment on fait pour continuer à le jouer ?

Au début, je le faisais souvent des modifications en me disant que ce n’était plus exactement ce que je voulais dire, que je devais étayer certains propos. Le confinement a été très bénéfique à ce spectacle. C’était un moment hyper introspectif. J’étais seul chez moi à repenser au spectacle. Il y a plein de choses où je me suis dit : « ah, ce n’est pas exactement comme ça que je voulais le dire ». Et puis, c’est un spectacle lié à une période très précise de ma vie, à quelque chose de personnel. Il est aussi très porté sur ma famille, notamment mes parents. C’était super de pouvoir prendre le temps de vraiment me rendre compte de ce que j’avais voulu dire, de comment je voulais le formuler.

Au final, ce spectacle m’a fait du bien, je vois ce que ça m’a apporté à titre personnel. Je ne suis plus la même personne que j’étais entre la création du spectacle et aujourd’hui. D’abord, j’ai compris que j’étais un artiste, et ça, c’est déjà énorme. Parler tous les soirs de certaines choses, ça permet de prendre du temps pour les concrétiser, pour mieux les appréhender. Je pense que ça a résolu certaines choses. Il y a quelque de cathartique.

Justement, vos parents ont-ils vu le spectacle ? Comment ont-ils réagi ?

Ma mère voulait le voir assez vite, dès le début, car il y avait des articles qui sortaient sur certains passages du spectacle. Dès la première fois où elle est venue, elle était morte de rire. Mon père, lui, n’a pas tout de suite compris. Je pense qu’il a un peu encaissé. C’est normal, tu écoutes ton enfant raconter son enfance avec toi devant des gens. Mais avec le temps, il a compris que c’était une vraie déclaration d’amour. Maintenant, il a tellement aimé qu’il vient très souvent.

Ce dimanche, ce sera la dernière fois que vous jouerez ce spectacle, est-ce qu’il y a une forme de nostalgie ou de baby-blues ?

J’ai eu l’impression d’abandonner le bébé déjà au moment de la sortie du spectacle sur Netflix. D’un seul coup, je n’étais plus responsable de rien, je ne pouvais pas rattraper quelque chose si ça se passait mal. Les gens l’ont regardé chez eux, ils pouvaient mettre pause, l’arrêter. Je n’avais plus le contrôle. Je ne pensais pas ressentir ça. C’était à la fois hyper agréable, les gens qui n’avaient pas pu venir le voir pendant la tournée ont quand même pu le regarder, et à la fois hyper bizarre de se dire que le spectacle n’avait plus besoin de moi. C’était un premier petit coup. Là, c’est vraiment fini. Je lâche quatre ans de travail. Mais on termine en beauté à l’Opéra Garnier devant 6.000 personnes dans un lieu gorgé d’histoire, trois fois dans la même journée. Je pense que je vais finir épuisé, avec l’impression d’avoir accouché d’un truc.

Le comédien Panayotis Pascot pose devant l'Opéra Garnier, à Paris, le 5 janvier 2023.

Quel bilan tirez-vous de toute la tournée ?

J’ai compris que peu importe la taille de la salle, si c’était 200 ou 2.000 places, ce qui change, c’est juste la manière de s’adresser. C’est comme quand on raconte une anecdote en soirée, tu ne la racontes pas de la même manière devant un pote ou devant dix potes. C’est une question d’adresse, mais le spectacle reste toujours le même. La tournée, ça m’a aussi permis de rencontrer un autre public, différent des jeunes qui me suivent sur les réseaux sociaux. C’est ça qui est super. Au début quand je voyais des soixantenaire dans le public, j’avais peur, je me disais que ce spectacle n’allait pas leur parler. Mais quand on a une histoire et qu’on est content d’aller la raconter, au final, tout se passe bien.

Et pour la suite, envisagez-vous un nouveau spectacle ou voulez-vous vous lancer dans le cinéma ?

J’ai tourné deux séries, En place, de Jean-Pascal Zadi, qui sera diffusé le 20 janvier sur Netflix et De grâce, une série sur Arte, réalisé par Vincent Maël Cardona. Mais j’aimerais bien remonter sur scène. Un spectacle, c’est très particulier. A la fois, on est tous ensemble dans la même énergie. Et à la fois, c’est très casse-gueule, personne ne peut venir te sauver. Si tu as foiré, tant pis pour toi, tu continues. Le cinéma, c’est autre chose, on passe une journée à tourner une minute, on refait quinze fois la même prise. C’est vraiment différent.

Et revenir à la télévision, c’est une option ?

Je ne ferme pas la porte, mais revenir à la télévision, ce n’est pas quelque chose qui me tente pour le moment. C’est différent de la scène. Entre le moment de l’écriture d’une chronique et le moment où elle est diffusée, il y a vingt-quatre heures. On n’a pas le temps de mûrir une idée, il faut la poser et la faire directement. Puis on passe à autre chose. Personne ne repensera à cette chronique, elle sera oubliée.

J’ai adoré travailler pour Quotidien, de faire mes armes là-bas, avec une équipe qui laisse carte blanche à tout. Mais la télévision, tout va trop vite. A un moment, je voulais prendre le temps de créer quelque chose, mais je ne l’avais pas. Pour écrire et travailler un spectacle, il faut être tous les soirs sur scène, dans des cafés ou des comedy clubs. Ce n’était pas possible. On écrivait la chronique, on tournait le lendemain matin, on montait et ensuite, on allait en plateau. Je n’avais même pas eu le temps d’assimiler le sujet de la chronique. A un moment, j’ai fait un choix. Est-ce que je reste à Quotidien ou est-ce que je tente l’aventure de la scène ? Je n’aurais jamais pu prédire que je terminerais à l’Opéra Garnier.

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