Ce qu’il se passe dans le corps quand on boit de l’alcool

  • Un toxique majoritairement métabolisé par le foie….
  • …. mais qui affecte négativement notre organisme dans sa globalité
  • Troubles de la mémoire, angoisses décuplées : les effets de l’alcool sur la psyché
  • Un toxique qui a des effets différents sur la santé des hommes et des femmes
  • Une substance qui peut rapidement rendre dépendant
  • La gueule de bois ou un mini "syndrome du sevrage"

Voilà que les beaux jours reviennent, que les jours rallongent et qu’avec eux se multiplient les apéros et autres soirées d’été arrosées de cocktails sucrés et alcoolisés. 

Mais si les verres s’enchaînent facilement, l’effet de leur contenu sur notre corps est loin d’être minime. “L’alcool est un toxique, donc dès la première goutte dans notre système, le corps réagit”, confirme Dre Bernadette Scoman, alcoologue et membre du Réseau Alcool (Belgique). 

Sur le plan physique comme sur le plan psychique, la consommation de cette boisson – qu’elle soit pure ou diluée avec du soda ou autre liquide sucré – n’est en effet pas anodine. 

Et si l’on visualise comment l’arrêt de l’alcool se traduit sur notre corps, que se passe-t-il réellement en nous lorsque nous en ingérons ?

Un toxique majoritairement métabolisé par le foie….

Dre Scoman appuie d’entrée que “l’alcool n’a aucun effet bénéfique sur notre corps”. Et cela s’illustre notamment dans la façon dont notre organisme gère ce toxique. 

“Pour résumer rapidement, l’éthanol est métabolisé majoritairement par le foie – une très faible partie l’est par les reins et les poumons – et est transformé en acétaldéhyde”, explicite la spécialiste. 

D’après une synthèse publiée sur le site du Centre Hépato Biliaire, l’acétaldéhyde est “un métabolite hautement toxique”. “L’acétaldéhyde se fixe ensuite aux protéines, aux lipides et à l’ADN, et forme ainsi des produits qui vont altérer le fonctionnement des cellules. L’acétaldéhyde peut ainsi affecter les fonctions de nombreux tissus mais ses effets sont plus marqués au niveau hépatique”, précise le site. 

…. mais qui affecte négativement notre organisme dans sa globalité

Mais Dre Bernadette Scoman insiste, les effets de l’alcool sur notre corps ne se limitent pas à cet organe précis. 

“Il faut arrêter de penser que l’alcool ne provoque que des cirrhoses. On sait que ce toxique est à l’origine de plus de 200 maladies et affecte notre organisme dans la globalité, de la baisse de libido aux problèmes cardiovasculaires”, appuie-t-elle.  

La médecin spécialiste cite notamment plusieurs études ayant établi un lien entre la consommation d’alcool et le développement d’hypertension. “L’alcool crée un dépôt de substances calcaires au niveau des coronaires ce qui peut être à l’origine de troubles du rythme cardiaque comme le syndrome du coeur en vacances, l’infarctus, la cardiomyopathie dilatée…”, énumère l’alcoologue. 

Troubles de la mémoire, angoisses décuplées : les effets de l’alcool sur la psyché

Et face aux méfaits de l’alcool sur le corps, le cerveau n’est pas en reste. C’est même l’un des organes les plus affectés par le toxique. 

“Quand on sait que le cerveau et le foie sont très connectés, on comprend que les répercussions sont nombreuses : troubles nerveux, troubles du comportement, anxiété et angoisse, maladies du cerveau, démence de Korsakoff…”, poursuit-elle. Ces répercussions graves sont particulièrement observées chez les personnes qui boivent en quantité et sur la longueur. Du type “une bouteille de vin par jour pendant 15 ans”, nuance la médecin. 

Toutefois, en consommant peu mais de manière régulière, on note tout de même une augmentation du stress. Car si l’alcool est d’abord vu comme un calmant (il a un effet relaxant par les neurotransmetteurs qu’il libère, précise l’experte), quand il est consommé de manière chronique, l’effet s’inverse. 

“Par des modifications hormonales, le cortisol augmente, on stresse plus donc on compense en buvant plus, c’est un cercle vicieux. Les gens finissent pas être plus agressifs et ont moins de self control”, complète la médecin. 

Pour rappel, les recommandations de Santé Publique France sont les suivantes : “ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine, ne pas consommer plus de deux verres par jour, avoir des jours sans consommation dans une semaine”. Et d’après les derniers chiffres publiés par l’autorité de santé ce 13 juin 2023 (portant sur l’année 2021), 22% des Français.es, soit un adulte sur cinq, dépassent ces repères de consommation.

Un toxique qui a des effets différents sur la santé des hommes et des femmes 

Pour Dre Scoman, cela est dû au fait que les personnes ne mesurent encore que très peu les réels effets de l’alcool sur le corps. D’autant plus que la boisson n’affecte pas les hommes et les femmes de la même manière. 

“Le pic d’alcoolémie est atteint en moyenne 20 minutes après l’ingestion. Mais le toxique arrive plus rapidement dans le sang et s’élimine plus lentement chez les femmes. Cela s’explique par des différences métaboliques et hormonales”, explicite-t-elle. 

Et la médecin spécialiste insiste : les conséquences de la consommation d’alcool sur la santé des femmes sont encore peu connues du grand public. Pourtant, comme le souligne Bernadette Scoman, “l’alcool est l’un des principaux facteurs du cancer du sein”. 

“Le risque de cancer du sein augmente avec chaque unité d’alcool consommée par jour. Une consommation quotidienne d’à peine 1 bouteille de bière (500 ml) ou 2 petits verres de vin (100 ml chacun) suffit pour provoquer plus de 10 % des cas de cancer imputables à l’alcool dans la Région”, traduit l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son site. 

Une substance qui peut rapidement rendre dépendant 

Suivant notre genre, notre consommation, mais aussi notre histoire, nous ne sommes pas égaux quant aux conséquences de l’alcool sur notre corps. 

“C’est notamment pour ça que la dépendance ne se forme pas de la même manière selon les profils”, acquiesce l’alcoologue. Car, si l’on n’hérite pas d’une addiction, on peut hériter de la manière dont on dégrade l’alcool, prend-elle en exemple. 

La spécialiste en profite pour rappeler qu’il existe cinq signes majeurs pour repérer une addiction, les “5C” : consommation continue, conséquences (familiale, sociale, professionnelle), compulsion, craving (forte envie) et perte de contrôle. 

La gueule de bois ou un mini « syndrome du sevrage »

D’ailleurs, Bernadette Scoman apparente la gueule de bois à un “syndrome de sevrage” que nous ne devrions pas minimiser. “Plusieurs manifestations sont alors déclenchées par le système nerveux : la tachycardie, la diarrhée, la déshydratation…”. 

La déshydratation est, d’après l’experte, exacerbée par l’alcool qui empêche notre hormone anti-diurétique de fonctionner (celle qui nous empêche de faire pipi dès que l’on boit quelque chose). Sous l’effet du toxique, elle est inhibée, on fait donc plus pipi, d’où la sensation de soif à l’instant T (qui nous fait boire plus) et les maux de tête le lendemain. 

“Tant de manifestations sur notre corps au moment de l’absorption, mais aussi après, montrent bien que la consommation d’alcool ne devrait jamais être banalisée”, commente l’alcoologue. 

« Pour le dire simplement, l’alcool est toxique. Lorsqu’il traverse le corps, il endommage chaque organe. Il est donc parfaitement sensé de limiter la quantité d’alcool consommée, de trouver des moyens de remplacer l’alcool par d’autres boissons et d’adopter des politiques nationales qui contribuent à une réduction de la consommation d’alcool », résume la Dre Carina Ferreira-Borges, cheffe du programme Alcool et drogues illicites à l’OMS/Europe, sur le site de l’institution. 

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