Ce qu’il se passe dans le corps lorsqu’on a un cancer

  • Des cellules indisciplinées et une croissance anarchique
  • Quand le cancer devient invasif
  • Des métastases voyageuses
  • Les cellules cancéreuses, des as du camouflage
  • Une fatigue intense

Environ 382 000 nouveaux cas de cancers sont recensées chaque année en France, selon l’Institut national du cancer (Inca), soit plus de 1000 par jour.

Dans l’immense majorité (90%), il s’agit de tumeurs solides, c’est-à-dire d’amas localisés de cellules malignes qui forment une grosseur plus ou moins volumineuse dans un tissu ou un organe. Rien à voir donc avec les cancers liquides, comme les leucémies ou les lymphomes, qui affectent le sang ou la lymphe.

« Il n’existe pas un, mais des cancers, assure le Pr David Khayat, éminent cancérologue auteur de Prévenir et soigner le cancer pour les nuls (Ed. First). On en dénombre au moins 200 types différents ». Tous possèdent des particularités distinctes et réclament des traitements spécifiques.

Mais les rouages biologiques qui gouvernent l’apparition des tumeurs et leur évolution reposent sur des phénomènes similaires.

Des cellules indisciplinées et une croissance anarchique

Les cellules de notre corps se renouvèlent en permanence. Chaque jour, plusieurs millions d’entre elles se divisent pour donner naissance à de plus jeunes cellules tandis que d’autres, devenues obsolètes, périssent.

Des erreurs peuvent se produire lors des divisions cellulaires mais celles-ci sont généralement vite réparées. Ce système parfaitement huilé connaît cependant parfois des ratés, surtout à la suite d’une agression extérieure répétée (exposition abusive au soleil, tabagisme, infection virale, radiations…).

Des cellules mutées immortelles qui échappent au système de contrôle peuvent alors apparaître. À force de se multiplier, elles engendrent une lignée de cellules cancéreuses susceptibles de former une tumeur.

Les petits amas de cellules cancéreuses n’ont qu’un seul objectif : croître autant que possible pour envahir les tissus qui les entourent.

Au début, ils prélèvent leur nourriture chez les cellules voisines. « Ils les vampirisent en quelque sorte », explique le Pr. David Khayat. Mais rapidement, ce maigre ravitaillement ne leur suffit plus.

Pour détourner davantage d’oxygène et de nutriments à leur profit, les cellules cancéreuses envoient des signaux – des facteurs de croissance vasculaires – qui activent la formation de vaisseaux sanguins à proximité d’eux. « C’est ce qu’on appelle l’angiogénèse, qui permet à la tumeur de se développer de manière indépendante par rapport à l’organe qu’elle colonise », souligne le Pr. Khayat.

Toutes les cellules tumorales ne sont pas capables d’une telle prouesse, ce qui constitue un frein au développement de certains cancers.

Quand le cancer devient invasif

Nombre de cellules cancéreuses fabriquent aussi des facteurs inflammatoires qui favorisent leur infiltration dans les tissus sains alentours. Elles sécrètent en outre des enzymes qui décomposent les cellules voisines, afin de disposer de davantage de place.

Faute de traitement précoce, elles peuvent alors envahir peu à peu des organes entiers. Le cancer du pancréas est particulièrement agressif par exemple du fait de sa proximité avec le foie, dans lequel il se propage rapidement. Or le foie est un organe vital sans lequel il est impossible de vivre car trop de toxines finissent par s’accumuler dans le sang.

Des métastases voyageuses

Une tumeur peut également essaimer à longue distance en formant des métastases, des cellules cancéreuses qui se détachent de leur foyer initial et vont circuler à travers le sang et/ou la lymphe.

Elles colonisent souvent les ganglions lymphatiques, les os, le cerveau et les poumons, mais les autres organes sont également susceptibles d’être touchés.

Tous les cancers ne sont pas aussi offensifs. Il existe par exemple plusieurs formes de cancers de la thyroïde. Ceux dits folliculaires sont les plus répandus (90% des cas). « Ils touchent souvent les ganglions mais produisent rarement des métastases », observe le Dr. Pierre Nys, endocrinologue auteur de Ma bible de la thyroïde (Ed. Leduc.s)4.

À l’inverse, « les cancers de la thyroïde indifférenciés (2% des cas) peuvent aboutir à des métastases osseuses et pulmonaires », poursuit l’expert. Leur pronostic est donc moins favorable lorsqu’ils sont détectés à un stade avancé.

90% des décès par cancer résultent de la dissémination de métastases, responsables de tumeurs secondaires, selon la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. 

Les cellules cancéreuses, des as du camouflage

Théoriquement, le système immunitaire assure une veille permanente pour neutraliser les intrus (bactéries pathogènes, virus…) et les cellules anormales de notre corps.

Beaucoup sont donc régulièrement éliminées et n’engendrent ainsi pas de tumeurs. Mais les cellules cancéreuses les plus coriaces ont plus d’un tour dans leur sac pour passer sous les radars. « Elles possèdent la capacité de se fondre dans le tissu environnant et de tromper le système immunitaire en lui faisant croire qu’elles ne présentent aucun danger », précise le Pr. Christophe Le Tourneau, oncologue médical, directeur du département d’essais cliniques précoces de l’Institut Curie.

Elles glissent entre les mailles du filet en se rendant notamment invisibles ou en affaiblissant les globules blancs sensés les juguler. En effet, « elles peuvent sécréter une sorte de substances somnifère, appelées PDL1, qui endort les attaquants », précise le Dr David Khayat.

Une fatigue intense

Le corps dépense énormément d’énergie pour résister à l’invasion de la tumeur qui consomme beaucoup d’oxygène et d’aliments à son détriment. Résultat : une fatigue extrême, non soulagée par le sommeil, s’installe rapidement.

Cet épuisement physique et psychique est d’ailleurs le symptôme initial le plus fréquent chez les personnes atteintes de cancers, bien avant la survenue des douleurs. C’est un signal d’alarme à ne pas négliger car plus un cancer est détecté précocement, meilleures seront les chances de guérison.

Mais pas de panique toutefois : qui dit fatigue persistante ne dit pas forcément cancer. Parlez-en à votre médecin traitant.

* Site de l’association Rose Up 

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