Ce qu'il faut savoir sur la pilule du lendemain
« En France, en 2016, 6,2% des femmes âgées de 15 à 49 ans exposées à un risque de grossesse non prévue ont utilisé la contraception d’urgence au cours des 12 derniers mois », rapportait Santé Publique France dans un rapport en 2016.
C’est chez les jeunes femmes que son utilisation est la plus fréquente. « 11,5% des femmes entre 15 et 29 ans déclarent en faire usage. Depuis 2010, ce chiffre est stable », précise l’institution.
Et si les chiffres sur le sujet restent rares, c’est parce que cette contraception d’urgence souffre d’un cruelle de connaissances. Quand la prendre ? À qui peut-elle être délivrée ? Comment et par qui ? Dr Agathe Scemama, médecin généraliste nous éclaire et debunk les idées reçues sur la pilule du lendemain.
La pilule du lendemain peut être prise plus de 24h après le rapport à risque
Sa dénomination laisse à penser qu’elle n’est efficace que dans les 24 heures suivant le rapport à risque. En réalité, elle peut être prise entre 3 et 5 jours suivant le rapport.
Seulement, l’efficacité de la pilule du lendemain varie entre “58 à 95 % selon le délai entre le rapport sexuel et la prise du comprimé”, souligne Vidal.fr.
Une contraception d’urgence qui n’est pas abortive
“Il existe deux pilules de contraception d’urgence. L’une qui prévoit de décaler le pic de LH (hormone lutéinisante) et donc, l’ovulation. L’autre empêche la nidation”, décrypte le Dr Agathe Scemama.
Précisément, la pilule Norlevo, formulée avec du lévonorgestrel, imite l’action de la progestérone afin de bloquer ou retarder l’ovulation. Elle est efficace pendant 3 jours, contrairement à la Ellaone, qui le reste pendant 5 jours et qui peut donc empêcher la nidation, selon le dépliant sur les contraceptions d’urgence établi par le Ministère de la Santé. Si vous savez quand vous avez ovulé, il peut être intéressant d’en parler au pharmacien ou à votre médecin, pour qu’il ou elle vous oriente vers la seconde.
« La pilule de contraception d’urgence n’est pas une méthode d’interruption volontaire de grossesse (IVG) », rappelle la médecin généraliste.
Elle n’est pas plus dangereuse qu’une autre pilule
C’est sûrement l’idée reçue qui rebute le plus. “On m’a dit que je ne devais pas en prendre plus de trois par an”, témoigne Grazziella, 18 ans. À Marine, 25 ans, on a dit qu’au-delà de “trois dans sa vie”, elle deviendrait néfaste.
Pourtant, l’Organisation mondiale de santé (OMS) est formelle : “il n’y a aucune situation dans laquelle les risques d’utiliser la contraception d’urgence sont supérieurs à ses bénéfices”.
Et à ce sujet, la médecin est catégorique : “La pilule du lendemain n’est pas dangereuse. Le vrai effet indésirable, c’est la grossesse non désirée”. Dépourvue d’œstrogènes, elle n’augmente pas le risque de thrombose veineuse ni d’AVC. Le Dr Scemama précise tout de même que des effets secondaires minimes, tels des nausées et des saignements peuvent apparaître, en raison de la poussée d’hormones. Certaines femmes témoignent aussi de maux de tête et de fatigue.
D’ailleurs, la pilule du lendemain n’est que rarement contre-indiquée. “Les rares fois où je refuse de prescrire une contraception d’urgence, c’est lorsque la personne possède déjà un implant ou un stérilet, ou alors a subi une chirurgie de l’estomac”. Et si vous avez déjà entendu que votre indice de masse corporelle (IMC) représentait un danger, alors on vous a menti. “Elle peut être moins efficace, mais cela n’est absolument pas risqué pour la personne de prendre cette pilule”, contrecarre la médecin.
Un médicament qui ne rend pas stérile
Autre idée reçu sur la pilule du lendemain : elle rendrait stérile.
“Il n’y a que la ligature des trompes et la vasectomie qui peuvent stériliser. Sinon, il n’y a aucune contraception qui rend stérile”, répond Dr Scemama. « Elle n’affecte pas non plus la fertilité. Il n’y a que l’âge physiologique de la femme (ou certaines pathologies, ndlr) qui puisse en entrainer des troubles », précise-t-elle.
La pilule du lendemain ne provoque pas les règles
“Après sa prise, j’ai saigné pendant deux semaines”, assure Grazziella. Et en effet, les saignements sont un des effets secondaires majeurs liée à la contraception d’urgence. S’il ne s’agit pas uniquement de spotting, l’utilisation de cette pilule ne déclenche pas ici les règles.
“Attention, ce ne sont pas des règles. L’endomètre s’épaissit ce qui peut être à l’origine des saignements. Pendant les 7 jours suivant la prise de pilule, la femme doit intégrer un préservatif à ses rapports, afin de rester protégée”, conseille le médecin.
Elle peut être prise plusieurs fois
Si beaucoup de personnes s’attèlent à nous faire croire le contraire, il n’existe pas « de quota officiel quant à son administration », assure Dr Scemama.
Toutefois, la médecin rappelle que la pilule du lendemain ne doit pas constituer une contraception pérenne. “C’est un bon moyen d’éviter une grossesse, mais si la personne la demande trop souvent, alors il peut être intéressant de la diriger vers une contraception pérenne. Il n’est pas question de stigmatiser les femmes, mais bien de faire de l’information et de l’éducation”, souligne-t-elle.
Elle peut être délivrée gratuitement aux mineures
La pilule du lendemain est disponible sans prescription médicale, et peut être demandée au comptoir de la pharmacie, qui est d’en l’obligation de la délivrer. “C’est interdit par la loi de ne pas la donner à une femme qui la demande. Les pharmaciens sont de respecter les modalités de remboursement s’il y a prescription pour les majeures”, martèle le Dr Agathe Scemama.
Si la personne est mineure, la pilule peut être délivrée gratuitement, toujours sans prescription et de façon anonyme. Au-delà des pharmacies, la pilule du lendemain est également accessible « dans un centre de planification ou d’éducation familiale, dans un Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des virus de l’immunodéficience humaine (VIH), des hépatites et des infections sexuellement transmissibles, auprès de l’infirmière scolaire des établissements d’enseignement du second degré pour les collégiennes ou lycéennes, dans un service universitaire ou interuniversitaire de médecine préventive et de prévention de la santé pour les étudiantes (en général majeures) », rappelle le site de l’Assurance Maladie.
Il existe d’autres contraceptions d’urgence
Enfin, on le sait moins, mais il est aussi possible de se faire poser un dispositif intra-utérin (DIU) en urgence, jusqu’à cinq jours après le rapport à risque, comme le rappelle Santé Publique France dans son rapport, cité plus haut. Bien que le stérilet soit efficace immédiatement, l’option est moins accommodante, car elle nécessite que la femme prenne un rendez-vous avec un.e praticien.ne dans les plus brefs délais.
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