Ce que vous ignorez sans doute sur la psychothérapie
Pour vous, une séance chez un psy rime avec décennies allongées sur un divan, professionnel mutique, et lapsus forcément révélateurs… Mais n’êtes-vous pas curieuse de savoir ce qu’il se passe réellement à l’intérieur d’un cabinet ? Analyse de toutes les idées reçues.
La série En thérapie, d’Eric Toledano et Olivier Nakache, diffusée sur Arte, a permis au téléspectateur d’entrevoir ce qu’il se passe dans un cabinet de psy. Les 35 épisodes ont aussi démocratisé la psychothérapie, dans une période où la santé mentale est mise à mal, et peut-être même démystifié la consultation, encore étouffée par bon nombre de préjugés. Professionnel peu loquace, nombreuses années passées sur le divan, décryptage dans les moindres détails de votre relation avec votre mère… Passage en revue des idées reçues les plus courantes.
On voit un psy pour un grave problème ou une dépression
Faux. Il faut faire la démarche de consulter un professionnel quand le souci a un impact négatif sur soi au quotidien. Et peu importe s’il paraît important ou non aux yeux de votre entourage. «Il n’y a pas de problème qui ne soit pas suffisamment grave pour consulter. Il ne faut pas éprouver de honte à venir pour un souci qui peut paraître anodin. Si celui-ci est très pesant : c’est un bon signal», affirme Muriel Fanget, psychologue et chargée de cours à l’université de Clermont-Ferrand.
Les dépressifs ne sont pas non plus les seuls à remplir les cabinets de psychologie. «On peut être simplement en colère, anxieux ou stressé et consulter un professionnel», ajoute la spécialiste.
Psychanalyste, psychologue, psychiatre…
Le psychanalyste est souvent un psychologue ou un psychiatre, qui a opté pour la psychanalyse de Freud. Il est le «psy du divan», qui laisse parler le patient. Il est lui-même obligé d’effectuer une psychanalyse de plusieurs années, et suit une formation auprès d’une école, d’un institut ou d’une société de psychanalyse.
Le psychologue a fait des études en sciences humaines à la faculté, ou à l’École de psychologues praticiens. Il traite les symptômes et les causes des problèmes.
Le psychiatre est un médecin, il peut prescrire des médicaments.
Le psychothérapeute est un professionnel de la médecine douce. Il soigne les troubles psychiques ou somatiques, en s’intéressant à la racine du problème. Il suit minimum 1500 heures dans une école.
Le professionnel écoute mais ne parle pas
Vrai, mais… «Les séances se déroulent de cette manière uniquement avec un psychologue d’orientation psychanalytique, à savoir un psychanalyste. Il laisse le patient faire des libres associations pour résoudre son problème», indique la professionnelle. Cette expérience peut être une déconvenue si ce n’est pas ce que l’on recherche. Il faut bien s’informer avant d’entamer une thérapie, «ne pas hésiter à poser des questions au moment de la prise de rendez-vous. L’idéal serait même de tester des séances avec différents professionnels, pour trouver l’option qui nous correspond le plus», conseille Muriel Fanget.
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Une thérapie dure des années
Vrai et faux. Tout dépend du suivi vers lequel vous vous tournez. «Parfois, cela est nécessaire, ou bien il s’agit simplement de la méthode du professionnel. Donc oui, il y a des thérapies qui peuvent s’étendre dans le temps», constate la psychologue et enseignante. Toutefois, cette dernière ne conseille pas d’effectuer des années de thérapie avec la même personne. «On rentre dans une routine et on se rend compte que l’on est moins efficace et que l’on stagne. Il ne faut pas hésiter à se tourner vers un autre expert au bout de plusieurs années», reconnaît Muriel Fanget.
À la fin de la première séance, il est aussi possible de demander au professionnel combien de rendez-vous seront nécessaires pour venir à bout de la problématique. De même que, «comprendre pourquoi on se rend chez son psy et demander quels objectifs peuvent être remplis, est essentiel pour avancer», conseille la professionnelle.
La thérapie est un luxe
Vrai. Le constat est le même pour les tarifs de tous les professionnels : faire une thérapie coûte cher. Même si certaines mutuelles prennent en charge une partie des frais, cela est rare. «Certaines personnes préfèrent envoyer uniquement leurs enfants en thérapie plutôt qu’eux-mêmes, car les prix sont trop chers», avoue l’enseignante. Toutefois, il existe des thérapies brèves pour des problématiques simples, entre 5 à 10 séances, qui sont plus économiques que les autres.
La thérapie règle tous nos problèmes
Faux. «Nous ne sommes pas des magiciens, une thérapie n’est pas la solution miracle», certifie Muriel Fanget. La démarche permet de vivre avec ses faiblesses, et donc de mieux vivre. Beaucoup de patients ont trop d’attente, «nous sommes là pour les aider à trouver la solution et non à la mettre en place», atteste la psychologue.
Analyser son enfance est un passage obligatoire
Vrai et faux. «En réalité, tout dépend du suivi choisi. Par exemple, en thérapie comportementale et cognitive, ce n’est pas le but car on se focalise sur le présent pour traiter le problème», explique la professionnelle. Bien souvent, c’est surtout la famille, plus que l’enfance en elle-même, qui est importante dans la psychologie de chaque individu. «Il n’y a pas vraiment de règle. Tout dépend essentiellement du parcours et de la problématique du patient», ajoute Muriel Fanget.
Les antidépresseurs sont automatiques
Faux. Et ce pour une raison toute simple : «Il n’y a que les psychiatres qui peuvent prescrire des médicaments. Donc, si vous allez voir quelqu’un d’autre, vous n’aurez jamais d’ordonnance, quelle qu’elle soit», affirme l’enseignante. Et bien entendu, la condition sine qua non pour hériter d’antidépresseurs, est de faire une dépression.
*Initialement publié en février 2018, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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