Carlos Ghosn, héros d’une BD où il est « plus petit et gros que je ne le suis »
- Le 17 octobre parait la bande dessinée « Escape Ghosn » sur l’évasion de l’ex-numéro 1 de Renault.
- Mais pourquoi Carlos Ghosn a accepté ce projet alors qu’il a refusé de répondre au documentaire de Netflix.
- Il répond à « 20 Minutes » : « Je n’allais pas être interviewé sur des sujets sensibles sans savoir que dans la partie I’on parlerait de ceci. »
Une exfiltration du Japon digne d’un James Bond ou d’un Ethan Hunt. Le 29 décembre 2019, Carlos Ghosn a fui le pays du Soleil levant en jet privé dans une malle. Une évasion documentée par le récit fait par l’ex-patron de Renault-Nissan à la BBC, au micro de Léa Salamé, par des livres ou des documentaires. Le 17 octobre, le rocambolesque se substitue au « loufoque » avec la bande dessinée Escape Ghosn. Un roman graphique édité par une maison d’édition libanaise, Samir, où un petit bonze avec le visage de Carlos Ghosn vient régulièrement tenter de le calmer, de rapetisser orgueil, ou lui rappeler certaines vérités.
Mais pourquoi Carlos Ghosn a accepté ce projet alors qu’il a refusé de répondre au documentaire de Netflix L’évadé : L’étrange affaire Ghosn. « Pour une raison très simple, répond-il à 20 Minutes en visio depuis le Liban, quand l’équipe Netflix s’est présentée à moi, je leur ai demandé : « C’est quoi le plan ? De quoi allaient-ils parler ? » Je ne demandais pas comment ils allaient en parler mais de quoi ils allaient parler. Ils ont refusé de faire part de leur plan. Je n’allais pas être interviewé sur des sujets sensibles sans savoir que dans la partie I on parlerait de ceci, dans la partie II de cela. J’ai donc refusé. Pour la BD, ils m’ont dit que leur plan, c’était l’évasion. Ils allaient le faire de manière humoristique, me présenter de manière caricaturale. Et je le suis, je suis représenté plus petit que je ne le suis, plus gros que je ne le suis, plus nerveux que je ne le suis. Mais ce qui me paraissait important, c’était le déroulement des faits. »
« Un regard sans complaisance »
Lors d’entretiens menés par Anthony Samrani, rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour, l’ex-n°1 de Renault-Nissan a dévoilé « son ressenti dans la boîte », des « incidents particuliers » lors du trajet : la mise à jour du téléphone d’un membre de son équipe d’exfiltration entre Tokyo et Osaka a fait craindre l’échec de la mission, tout comme le pourboire de 10.000 dollars au manager du premium gate de l’aéroport d’Osaka, somme refusée dans un second temps par celui-ci lors du contrôle de la malle. « Ma contribution a été de répondre à un certain nombre de questions pour que le lecteur ait l’histoire, racontée à leur façon, mais la plus exacte possible, sans chose inexacte ou omise. Et elle s’est arrêtée là. » Et si, la scénariste Michèle Standjofski a ajouté quelques éléments comiques, « dans l’absolu, le loufoque de la situation est tellement fort et réel qu’on n’avait pas besoin d’aller très loin pour accentuer le comique », estime Marwan Abdo-Hanna, l’éditeur de la BD.
C’est pourquoi Carlos Ghosn n’a pas demandé de director’s cut même quand, dans le jet, on le voit planter des aiguilles dans les poupées vaudoues de ceux qui l’ont trahi selon lui. « Il n’y a eu ni poupée, ni aiguille, sourit Carlos Ghosn. Ils sont libres d’ajouter des choses humoristiques. Ce n’est pas gênant. » Il ajoute : « Je suis un lecteur de bandes dessinées. Et une BD, c’est caricatural, ça a pour objectif de divertir le lecteur, d’offrir un moment de légèreté. Je savais que les descriptions des personnages allaient être déformées, le dialogue basé sur des faits réels mais humoristiques. »
Escape Ghosn n’est donc pas une hagiographie ni un pamphlet. « Notre objectif était de poser un regard sans complaisance et assez moqueur envers cette affaire, lui et la situation, détaille Marwan Abdo-Hanna. On a essayé de mettre en place un comique de situation, de jouer avec les mots, avec son caractère. Nous proposons un portrait psychologique assez complet du bonhomme. » Et au final, Carlos Ghosn a « ri quand ils m’ont envoyé le premier exemplaire. Je l’ai regardé avec amusement. » Il faut avouer qu’après avoir lu la BD, on attend l’adaptation au ciné. « Il y a plus de deux projets en cours, révèle l’homme d’affaires. Des acteurs ont été sollicité dont l’acteur américain Tony Shalloub. » « Qui ? », vous demandez-vous comme Carlos Ghosn ? L’acteur de la confidentielle, mais appréciée par les puristes, série Monk.
« Escape Ghosn » de Michèle Standjofski et Mohamad Kraytem, aux éditions Samir. 20 euros. Sortie le 17 octobre.
Carlos Ghosn avait déjà été le héros d’un manga
C’était du temps de sa splendeur chez Nissan après le redressement spectaculaire de la marque. Sortie d’abord dans un magazine en six épisodes, L’Histoire vraie de Carlos Ghosn avait eu le droit à une version reliée. Le Wall Street Journal avait avec un brin d’ironie écrit dessus, rapporte Le Monde : « A première vue, c’est un héros typique de bande dessinée. Il vient d’un endroit lointain, il a des pouvoirs inhabituels et son but est de régler les problèmes. (…) Mais il porte un costume-cravate au lieu d’une cape. »
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