Benjamin Biolay : "C’est blessant pour les gens de se sentir complètement inutiles, non essentiels"

UMG (au nom de Universal Music Division Polydor) et 1 sociétés de gestion des droits musicaux

Dans Ma route, Benjamin Biolay nous offre son regard d’enfant : « Oui, parce que ce petit garçon-là, il est encore vivant, parce que c’est lui qui fait les chansons. Parce que ce n’est pas un truc d’adulte de faire des chansons, ce n’est pas raisonnable ». À 5 ans, il vit la musique comme une contrainte : « Elle y est rentrée bien avant que je l’aime même ! Bien avant que j’aime ça, c’était dans ma vie parce que petit, on m’a fait faire du solfège, du violon etc… Et je n’en avais rien à foutre. Même c’était une souffrance, je ne comprenais pas pourquoi on m’infligeait ça ».

C’est à 13 ans que son regard change et il reconnaît que finalement, « ces quelques années de pratiques de musique complètement dénuées de tous sens me sont très utiles finalement maintenant. »

Benjamin Biolay a mis du temps à enlever sa carapace, il lui a fallu plusieurs albums pour se délivrer de ses angoisses et réellement apprécier de s’exposer sur scène et d’en savourer chaque instant : « Quand on prend un peu de l’âge, on prend plus de plaisir à être sur scène. On s’y sent mieux, on est moins friable, on est moins émotif et du coup, c’est une nouvelle partie de ma vie, d’être un peu « performer » parce que moi, j’étais vraiment quand j’ai commencé, un musicien studio typique qu’on avait sorti de sa tanière et qui ne comprenait pas quels étaient ses phares ».

Sa voix

UMG (au nom de Universal Music Division Polydor) et 1 sociétés de gestion des droits musicaux

À la sortie de Comment est ta peine, il reçoit l’adhésion des critiques et du public et on entend une autre voix, une voix plus posée, plus chaude : « Moi, je ne chantais pas avant, je fredonnais. C’était un parti-pris esthétique » qu’il partage avec sa complice Keren Ann. Ce choix  de texture de voix, on la retrouve aussi dans les duos, notamment dans celui avec la chanteuse Adé, Parc fermé : « Je suis fan d’Adé, je ne peux chanter qu’avec des gens dont je suis fan ». C’est une chanson de confinement, qui rappelle la situation critique du monde de la culture. Cette dernière ne fait pas partie des commerces dits « essentiels », un désastre économique et une blessure pour tous ceux qui la font vivre : « C’est blessant pour les gens de se sentir complètement inutiles et donc non essentiels », souligne Benjamin Biolay.  

Selon lui, il faut un débat avec les pouvoirs publics mais il ne souhaite pas porter cette parole : « Parce que je souffre moins que d’autres et que ce que j’ai à dire… comment dire, ça ne passerait pas très bien à la radio. Il y a une certaine colère en moi qui fait que je ne veux pas m’exprimer parce que je sais que la colère va prendre le pas sur ce que je dis et dans ce cas-là, on dit des bêtises » .

« Plus je fais de la musique, plus j’aime être sur la scène »

En attendant la réouverture des salles de spectacles, Benjamin Biolay pour qui la scène représente un endroit si particulier, « où tout prend sens. C’est là, où on achève le parcours de la nouvelle œuvre, c’est quand on la joue devant les gens et qu’on la partage et qu’on la joue différemment parce qu’il y a le retour des gens et ça représente beaucoup pour moi. Franchement plus je fais de la musique, plus j’aime être sur la scène », avoue-t-il.

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