Bébé secoué : des parents contre les recommandations de la HAS
Le syndrome du bébé secoué (SBS) fait chaque année plus de 200 victimes. Alors que la Haute Autorité de Santé a récemment actualisé ses recommandations pour un meilleur diagnostic, une association de parents réclame qu’elles soient abrogées, avançant les erreurs judiciaires et les conséquences pour les familles "accusées à tort".
Chaque année, entre 120 et 240 nouveau-nés seraient victimes du syndrome du bébé secoué, appelé aussi traumatisme crânien infligé par secouement (TCIS). Ce choc traumatique lié à de violentes secousses pour l’enfant (avec ou sans impact), peut entraîner des séquelles irréversibles, voire la mort. Pour informer les parents et professionnels de santé, la Haute Autorité de Santé (HAS) a récemment adapté ses recommandations sur le diagnostic de ce syndrome afin de permettre à chacun de réagir en cas de maltraitance infantile.
Des parents réclament l’abrogation des recommandations de la HAS
Un avocat et l’association Adikia demandent l’abrogation des recommandations de la Haute Autorité de santé relatives au syndrome du bébé secoué. Selon l’avocat, Grégoire Etrillard, qui défend une cinquantaine de familles accusées à tort, « les excessives certitudes exprimées par ces recommandations ont envahi la sphère judiciaire au point d’en être régulièrement le fondement unique ». Lors d’un point presse organisé à Paris le 2 décembre 2019, il précise que les conséquences sont souvent terribles, car « à cause d’un diagnostic présenté comme « certain » et que nul ne peut remettre en cause », les décisions de justice conduisent « au placement d’enfants, à la séparation d’avec la famille et à la condamnation d’innocents à de lourdes peines ». En effet, les parents sont nombreux à témoigner sur le site de l’association Adikia, comme Denise, dont le fils a été diagnostiqué à tort « bébé secoué » après une chute, ou Bella, innocentée lorsqu’un expert a enfin reconnu l’hydrocéphalie de son fils.
Quelles sont les recommandations de la HAS ?
Afin d’aider les professionnels à mieux repérer les syndromes du bébé secoué et de sensibiliser le grand public, la Haute autorité de santé a récemment actualisé ses recommandations, en collaboration avec la Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER). L’objectif : mieux diagnostiquer et repérer les cas, et favoriser la prévention auprès des parents sur les risques du secouement et les moyens de l’éviter. Ainsi, les critères diagnostiques ont été affinés, en prenant en compte notamment « le mécanisme causal et la datation des lésions« , mais aussi la version rapportée par l’adulte accompagnant. De plus, les radiographies de squelette à réaliser ont été listées tout comme les modalités de l’IRM. En cas de suspicion d’un cas de syndrome de bébé secoué, le bilan à effectuer a été précisé, « en particulier la liste exhaustive des éléments nécessaires et suffisants du bilan d’hémostase« , précise la HAS, qui rappelle qu’en cas de doute, « l’enfant doit bénéficier d’une hospitalisation en soins intensifs pédiatriques, avec avis neurochirurgical ». Quant aux professionnels de santé, ils doivent impérativement effectuer un signalement auprès du procureur de la République afin de protéger l’enfant, et demander l’avis d’un confrère. « Lorsqu’un SBS est suspecté, une première réunion d’au moins deux médecins doit avoir lieu sans délai. Un premier signalement sera adressé qui pourra ensuite être complété par une évaluation psycho-sociale« , explique la HAS.
Une meilleure information sur la maltraitance infantile
La HAS a également mis à jour sa fiche mémo consacrée aux enfants maltraités et ceux à risques. « La difficulté et la complexité des situations, ainsi que le fort sentiment d’isolement du professionnel de santé expliquent la nécessité de mettre à la disposition des informations actualisées, claires et précises pour les aider dans le repérage des violences et pour les accompagner dans la conduite à tenir pour protéger l’enfant« , précise le communiqué. Au delà des signes de maltraitances indéniables tels que des fractures, des brûlures ou des bleus… les professionnels de santé seront amenés à s’interroger davantage sur des signes moins évidents comme un changement de comportement de l’enfant ou l’attitude des parents.
Syndrome du bébé secoué : quels sont les risques ?
Ce sont les pleurs excessifs des bébés, qui amènent le plus souvent les parents, ou toute autre personne qui s’en occupe, à les secouer. Supportant difficilement de ne pas savoir comment les calmer, ils perdent patience et en arrivent à les maltraiter. Mais ce qu’ils ne savent pas toujours, c’est que cet acte provoque des conséquences parfois irréparables pour le bébé : 10 % à 40 % d’entre eux meurent des suites d’un traumatisme crânien et la majorité des autres conservent des séquelles neurologiques graves, à vie. Le syndrome du bébé secoué concernerait dans la majorité des cas, les moins de 6 mois, et particulièrement les garçons de moins d’un mois. A cet âge, le cerveau du nourrisson n’étant pas complètement développé, il ne remplit pas la boîte crânienne. Aussi, lors de violentes secousses, celui-ci peut s’écraser contre les parois et provoquer une rupture des vaisseaux sanguins. Ces lésions cérébrales peuvent donc survenir même si son crâne ne reçoit aucun choc. Par ailleurs, le fait que la tête soit proportionnellement plus lourde que celle d’un adulte et que les muscles du cou ne maintiennent pas la tête du bébé bien droite favorisent également les lésions cérébrales.
Quelles sont les conséquences de la maltraitance pendant l’enfance ?
Physique ou psychologique, la maltraitance infantile a des effets dévastateurs à court et à long terme sur le développement de l’enfant.
Bébé secoué : quels sont les symptômes ?
Les nourrissons victimes d’un syndrome du bébé secoué ont un comportement inhabituel, caractérisé par un ou plusieurs symptômes : une somnolence inhabituelle, des troubles de la conscience ou une extrême irritabilité ; des vomissements sans raison apparente ; une perte des sourires ou du babillage habituels ; une tendance à ne pas fixer le regard ; des convulsions ; une difficulté à respirer ou des pauses respiratoires. Face à ces signes, il est indispensable de contacter au plus vite les services d’urgence médicale. Un diagnostic et des soins précoces sont essentiels pour diminuer les séquelles neurologiques si elles existent.
Symptômes neurologiques
- perte de connaissance, crise d’épilepsie, paralysie…
- modifications du tonus (hypotonie axiale) ;
- moins bon contact (enfant répondant mal aux stimuli, ne souriant plus) ;
- diminution des compétences de l’enfant ;
- macrocrânie avec cassure vers le haut de la courbe (importance du carnet de santé) ;
- bombement de la fontanelle.
Symptômes moins spécifiques
- vomissements. pâleur,
- changement inexpliqué du comportement. du bébé : fatigue ou somnolence brutale pouvant *ressembler aux manifestations provoquées par un virus.
- malaise.
- arrêt respiratoire. ou arrêt cardiaque.
- perte de la vision.
Pleurs prolongés : comment réagir ?
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Les professionnels de santé doivent être sensibilisés afin de constituer un relais auprès des parents et notamment des jeunes parents, dès la sortie de la maternité. Selon la HAS, il est indispensable de les informer sur les pleurs du nourrisson, sur la possibilité d’en être exaspéré et sur les conséquences parfois irréparables du secouement. Elle revient également sur la nécessité de conseiller les parents sur les bonnes attitudes à adopter face à des pleurs prolongés : coucher le bébé sur le dos dans son lit et quitter la pièce. Inutile de culpabiliser : mieux vaut se ménager, c’est aussi une façon de protéger le bébé. Ne pas secouer violemment un enfant en bas âge demeure l’attitude indispensable à connaître. Les parents doivent apprendre à éviter de s’énerver et de secouer leur enfant lorsqu’il pleure.
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