Atteintes à la laïcité à l’école : le gouvernement dévoile son plan d’action

Au mois d’octobre, les atteintes à la laïcité dans les écoles ont explosé. 720 signalements ont été recensés. Face à ce phénomène grandissant, le gouvernement a décidé de répondre en dévoilant un nouveau plan d’action. Mais selon certaines directions d’établissements, ce ne serait pas suffisant.

  • Plan laïcité du gouvernement
  • Epauler les personnels de l'Éducation
  • Les abayas
  • Rôle des réseaux sociaux

Un nouveau record a été atteint. Au mois d'octobre 2022, 720 signalements pour atteintes à la laïcité dans les 59 260 établissements scolaires, collèges et lycées de France ont été enregistrés, selon les dernières données du ministère de l'Éducation. Un chiffre qui a plus que doublé, comparé au mois de septembre, où 313 incidents avaient été recensés. Dans le détail, ce sont le port de signes et de tenues religieuses, comme les abayas et le qamis, qui figurent en tête des signalements avec 40 %, contre 54% en septembre. Face à ces nouveaux chiffres et à ce phénomène qui semble s'accentuer, le ministère de l'Éducation nationale a publié ce jeudi son plan d'action qu'il compte mettre en place dans les établissements du premier et second degré. 

Le plan laïcité du gouvernement ne convainc pas

Le plan laïcité du ministère de l'Education s'articulera autour de 4 axes principaux : 

  • "Sanctionner systématiquement et de façon graduée le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité lorsqu'il persiste après une phase de dialogue" ;
  • "Renforcer la protection et le soutien aux personnels" ;
  • "Appuyer les chefs d'établissement en cas d'atteinte à la laïcité" ;
  • "Renforcer la formation des personnels et en premier lieu celle des chefs d'établissement."

Des mesures sur le papier qui ne convainquent pas tous les chefs d'établissements scolaires. Pour la proviseure adjointe d'un lycée et membre du syndicat SNPDEN-UNSA Carole Zerbib, le plan de l'exécutif est "insuffisant", a-t-elle rapporté à BFMTV. Elle s'explique : "Tout ce qui est rappelé (dans ce plan d'action, ndlr) c'est purement et simplement l'application de la loi. Le dialogue, on le faisait déjà, les sanctions, quand les élèves persistaient dans le port de la tenue, on le faisait."

La nécessité d'épauler les personnels de l'Éducation

Quant au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de dernier a déclaré qu'on était face à "une offensive islamiste dans l'école publique française." Pour endiguer ce phénomène, avec le soutien de la secrétaire d'État à la Citoyenneté, Sonia Backès, Gérald Darmanin avait adressé un courrier à chaque préfet pour leur demander de "soutenir la communauté éducative" et d'apporter "toute l'assistance nécessaire aux personnels qui feraient l'objet de menaces, voire d'agressions en lien avec l'application stricte du principe de laïcité." 

Concernant le sujet des tenues religieuses, le ministre a été clair, la loi de 2004 doit être fermement appliquée dans les écoles. "À ce titre, nous vous rappelons en particulier que certains vêtements traditionnels, tels que les abayas ou les qamis, constituent bien des vêtements religieux par destination dès lors que la finalité qui s'attache à leur port ne fait aucun doute et qu'elle constitue une tentative de contournement manifeste de la loi de 2004." Ces pratiques doivent faire l'objet d'un signalement systématique auprès des forces de l'ordre, qui ont pour consigne eux aussi de faire remonter "sans délai" ces incidents aux préfets. "Chaque chef d'établissement doit interdire la venue de ces vêtements religieux quels que soient le sexe et l'âge de ces personnes à l'école et au lycée publique", avait-il détaillé sur RTL.

Les abayas, "des marqueurs religieux"

Plusieurs académies, notamment celle de Versailles, sont aujourd'hui confrontées à cette tendance grandissante. Dans ce secteur, à la sortie d'un lycée, il est désormais fréquent de voir de jeunes adolescentes porter des abayas, rapporte RTL. Ces lycéennes ont fait le choix de porter cet habit sans recouvrir leurs cheveux. "La règle, c'est que l'on doit enlever le voile avant le lycée", commente l'une d'elles. Si on leur interdit, pour elles ce seraient une "atteinte aux libertés individuelles". À Montpellier aussi, la rectrice, Sophie Béjean, l'a constaté. "Il ne s'agit pas d'une augmentation majeure, mais nous observons depuis la rentrée des situations dans certains établissements, avec les ports de ces formes de robes par des jeunes filles, qui s'apparentent à des tenues religieuses", a-t-elle décrit à Midi Libre. En réaction, avec son équipe elle incite les directions à "signaler les faits de toute nature", précisant que "cette consigne fait l'objet d'une circulaire". 

Pour la secrétaire d'Etat à la Citoyenneté Sonia Backès, Ces tenues "sont des marqueurs religieux", qu'il convient d'interdire, a-t-elle défendu. "On ne doit avoir absolument aucune tolérance parce que les lois de la République sont les lois de la République. Depuis 2004, on a une loi qui interdit les marqueurs religieux à l'école, donc c'est interdit." La loi en question, du 15 mars 2008, détaille explicitement que "dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit." Son port peut, dans certains cas, faire l'objet d'une procédure disciplinaire. Les chefs d'établissements peuvent aussi "refuser l'accès" aux élèves portant une abaya. 

Le rôle des réseaux sociaux dans ce phénomène

Dans ces atteintes à la laïcité, le rôle des réseaux sociaux est clairement manifeste. Deux récentes notes des services de l'Etat ont révélé que sur certaines plateformes une "stratégie d'entrisme salafo-frériste" prolifère, a rapporté BFMTV qui a pu consulter les documents. Concrètement, Instagram, Tiktok ou encore Snapchat sont des vecteurs de messages qui remettent en cause le principe de laïcité à l'école, notamment au collège et au lycée. Les élèves sont encouragés à contourner les règles, en portant le voile ou des vêtements religieux, ou en pratiquant la prière à l'école, dans les toilettes ou dans une salle vide par exemple. Pour la plupart, ces messages sur les réseaux proviennent de comptes anonymes. Des vidéos sont même devenues virales. Sur Tiktok notamment, on retrouve facilement des vidéos "astuces pour prier à l'école". 

Sur ce sujet, le ministre de l'Éducation a tenu à rappeler à l'AFP l'existence des "équipes Valeurs de la République dans chaque rectorat, renforcées dans certains cas pour répondre aux demandes des équipes enseignantes, des chefs d'établissements, lorsqu'il y a une difficulté." 

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