Après la charge mentale, la dessinatrice Emma dénonce le "sexisme bienveillant"

Célèbre pour ses vignettes sur la charge mentale, l’auteure Emma revient avec une toute nouvelle bande dessinée. L’occasion de pointer du doigt le «sexisme bienveillant» que subissent de nombreuses femmes.

On la connaît surtout pour ses planches sur la charge mentale, devenue virales en 2017. Cette fois, dans Des princes pas si charmants et autres illusions à dissiper ensemble qui paraît ce jeudi 24 octobre, Emma revient plus en détail sur ses années passées en entreprise en tant qu’ingénieure en informatique. Et pour cause, c’est dans ce milieu majoritairement masculin que la dessinatrice a mis le doigt sur un phénomène loin d’être anodin : le «sexisme bienveillant».

Mais qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? En résumé, il désigne le fait de «voir et traiter les femmes comme des petites choses fragiles à protéger», décrit Emma, connue pour son trait de crayon engagé. Elle poursuit son analyse : «Ça veut dire que tout en les plaçant sur un piédestal et en les valorisant pour leurs supposées qualités féminines, on les considère comme incompétentes dans les autres domaines.»

La différence entre sexisme « hostile » et « bienveillant » selon la dessinatrice Emma.

Savoir distinguer la « politesse » de la »galanterie »

Le concept n’est toutefois pas nouveau, comme aime le rappeler l’auteure. En effet, les psychologues américains, Susan Fiske et Peter Glick, l’ont fait émerger dès 1996 lors de leurs recherches. A contrario du sexisme dit «hostile», facilement identifiable, le sexisme «bienveillant» est difficile à percer à jour puisqu’il se donne souvent l’apparence de bonnes intentions. «Son expression la plus commune, particulièrement répandue en France, vous la connaissez bien : c’est la galanterie», assure Emma. Pourtant, à la différence de la politesse qui s’exerce indépendamment du genre, la galanterie «conditionne les rapports de séduction hétérosexuels.»

Pour Emma, il faut savoir distinguer la politesse de la galanterie.

Plus loin dans sa bande dessinée, Emma observe une autre manifestation courante de sexisme bienveillant : l’effet «Les femmes sont merveilleuses». Mis en valeur en 1994 par deux autres psychologues, Alice Eagly et Antonio Mladinic, le «women-are-wonderful effect» consiste à survaloriser les femmes pour les qualités qui leur collent encore et toujours à la peau. Parmi elles : la douceur, la sensibilité, la communication, l’empathie… Pour l’illustratrice de 38 ans, cette forme de sexisme a de lourdes conséquences. En plus d’enfermer les femmes «dans une position de dépendance», elle impacte leur confiance en elles. Emma en tire la conclusion suivante : «Plutôt que d’attendre la charité ou de chercher à être protégée, il est sans doute mieux de chercher de la solidarité, de la sororité, un esprit collectif chez des gens à notre niveau.» Le message est reçu.

Ces illustratrices engagées

« J’ai vraiment acté mon militantisme en écrivant et dessinant un article sur le harcèlement de rue. »

Retrouvez Diglee sur son blog.

« En règle générale, le combat féministe est celui qui me mobilise le plus. »

Retrouvez Louison sur son blog, dans Le Monde.

Mlle Karensac

« J ’aime bien m’attaquer à des sujets comme le sexisme, l’avortement, le diktat de la minceur ou même la place des personnes âgées. »

Retrouvez Mlle Karensac sur son blog.

« J’ai mille combats mais je ne peux pas tous les approfondir. »

Retrouvez Cy sur son blog.

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