Alice Detollenaere et Camille Lacourt, un couple à l'épreuve du cancer du sein

Dans Guérie par ton amour (éd. Leduc), la mannequin de 35 ans Alice Detollenaere livre son expérience du cancer du sein et fait part du soutien, crucial, qu’elle a reçu de son compagnon, l’ancien champion de natation Camille Lacourt. Ensemble, ils reviennent pour Marie Claire sur son rôle d’accompagnant durant la maladie.

Marie Claire : Camille Lacourt, comment avez-vous vécu le cancer de votre compagne ?

Camille Lacourt : Un cancer du sein, on ne le vit pas, on le subit. On est spectateur. On est indispensable mais on se sent inutile. J’ai juste essayé d’aider Alice, de la rassurer, d’être à son écoute et de la suivre là où elle voulait aller.

« Il n’est pas possible de se plaindre », écrivez-vous en préface de son livre.

C.L. : On a la santé. Je trouvais normal de garder cette retenue face à Alice. En revanche, avec la famille et surtout les amis, je vidais mon sac. Moi aussi je souffrais et j’étais fatigué. Ça n’est pas parce qu’on est un homme qu’on n’a pas le droit de craquer. Je trouvais même sain de tout lâcher pour pouvoir ensuite repartir au combat avec Alice.

Quand elle annonce sa maladie sur les réseaux sociaux, vous remerciant pour votre aide, vous pleurez… 

C.L. : Oui, il s’agit de larmes d’amour et de fierté. Avant cela, Alice avait souhaité ne mettre que très peu de gens au courant. Quand elle décide de prendre la parole, elle devient la voix de tous ceux qui n’osent pas parler de leur maladie. Ses mots sont aussi une lettre d’amour, ils m’assurent que j’ai fait ce qu’il fallait.

Vous aviez à cœur de la divertir. Comment ?

C.L. : Je ne la considérais pas comme malade. On rigole pas mal, tous les deux, je ne voulais pas que la maladie plombe notre légèreté. Le déclic est venu assez tôt : on était sur le canapé et Alice m’a demandé un café, j’ai refusé sous le prétexte que je venais de m’asseoir, elle m’a répliqué : ‘Allez, moi j’ai un cancer !’ Qu’elle puisse rire de ça a tout dédramatisé. La maladie n’était pas un tabou, on pouvait continuer à vivre.

Un cancer, soit ça détruit, soit ça renforce le couple.

Alice a subi une mastectomie avec reconstruction immédiate. Comment avez-vous accueilli ce nouveau sein ?

C.L. : Nous avons fait appel au préparateur mental qui m’aidait quand je nageais.

Alice Detollenaere : Je n’avais plus de sensations. Pour me le réapproprier, il m’a conseillé de l’associer à un aspect, un son, une odeur, tout en posant ma main dessus. C’était rassurant.

C.L. : J’ai fait la même chose et cela m’a permis d’assimiler ce sein à la force d’Alice, à notre amour, à tout ce que l’on avait traversé.

Alice, dans votre livre vous racontez aussi les difficultés qui ont surgi une fois guérie. Vous ressentiez un sentiment d’insécurité, ce qui a conduit votre couple au bord de la rupture. Comment avez-vous décidé de faire appel à une thérapeute ?

A.D. : C’est moi qui l’ai proposé. Je n’avais jamais consulté de psy de ma vie, mais on ne voyait plus d’autre solution. Camille l’a trouvée. On n’a fait qu’une séance, mais ça a été très efficace (rires).

C.L. : Ça a été un feu d’artifice, très dur, mais ça nous a permis de nous poser les bonnes questions, de comprendre nos limites et de nous reconstruire sans orgueil.

Vous étiez ensemble depuis un an quand le cancer a surgi, et aujourd’hui vous avez un petit garçon. Cette maladie a-t-elle joué un rôle d’accélérateur dans votre histoire ?

C.L. : Oui ! Confronté à de vrais problèmes, ni l’un ni l’autre n’a fui. Les fondations étaient solides.

A.D. : Un cancer, soit ça détruit, soit ça renforce le couple, quel que soit son nombre d’années. Avant cette épreuve, je ne savais pas que Camille était l’homme de ma vie.

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