Affaire Élodie Kulik : l'effroyable kidnapping, viol et meurtre d'une jeune banquière en 2002

C’était dans la nuit du 10 au 11 janvier 2002. Élodie, 24 ans, est alors une jeune femme qualifiée de « brillante ». Elle est d’ailleurs, à l’époque, l’une des plus jeunes directrice d’agence bancaire en France. Elle travaille à Péronne, dans la Somme. Son corps est retrouvé deux jours après son assassinat. 

En 2019, Willy Bardon a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle en décembre 2019, à Amiens, est jugé à la cour d’assises de Douai (Nord). En 2021, l’affaire connaît enfin son dénouement. La peine de 30 ans de prison a été confirmée le 1er juillet, lors du procès en appel.

Jacky Kulik, le père de la victime, s’est confié sur France Inter lundi 17 octobre 2022 sur l’affaire qui a brisé sa vie et celle de sa fille, à l’occasion de la sortie du livre L’Affaire Elodie Kulik ou le combat d’un père le 20 octobre.

Élodie Kulik, kidnappée en rentrant chez elle en voiture 

Le 10 janvier 2002, Élodie rentre chez elle au volant de sa Peugeot 106 rouge, après un dîner au restaurant avec un ami. Elle ne s’en aperçoit sans doute pas tout de suite, mais elle est suivie.

Le véhicule de la jeune femme est projeté sur le bas-côté de la route, à cinq kilomètres de son point d’arrivée. Alors qu’elle est en train d’appeler les secours, des individus encerclent son véhicule. Elle est brutalement extraite de sa voiture et placée dans une autre.

Élodie et ses agresseurs roulent quelques kilomètres, sur un chemin de terre de la commune rurale de Tertry, dans la Somme, où la jeune femme est violée, étouffée puis brûlée. C’est un agriculteur des environs qui retrouvera son corps en partie calciné le surlendemain.

Un coup de téléphone insoutenable pour seule piste

Cet appel aux secours de 26 secondes qu’elle a eu le temps de composer, quelques minutes avant d’être assassinée, et dans lequel on l’entend hurler et être violée, est écouté et ré-écouté en boucle par les enquêteurs qui ne parviennent pas à identifier clairement les voix masculines. Mais ils en distinguent au moins trois, avec un fort accent picard.

Sur la scène du crime, un préservatif et un mégot ont été retrouvés, permettant le relevé de deux empreintes ADN. Les traces laissées sont comparées aux empreintes enregistrées dans les fichiers : aucun résultat. Les suspects ne sont pas identifiables s’ils n’ont pas commis auparavant d’autres délits impliquant l’enregistrement de leurs empreintes.

L’instruction va piétiner pendant près de dix ans. C’est grâce au combat de l’association Angélique, contactée par Jacky Kulik, le père de la jeune banquière assassinée, et d’un scientifique de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN), que l’enquête rebondit enfin en 2011.

Dans son ADN, chaque individu hérite d’une part de celui de son père et d’une autre de celui de sa mère. Comme le font déjà les Anglo-saxons, les enquêteurs vont pour cette affaire rechercher un ADN « apparenté » à celui du violeur et tueur, dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Ils découvrent alors que le code génétique retrouvé dans le préservatif usagé correspond partiellement au profil d’un homme, fiché.

En 2001, l’homme a été emprisonné pour agression sexuelle. Son fils, Grégory Wiart, un plombier-chauffagiste décédé dans un accident de voiture en 2003, serait le meurtrier. Son corps est donc exhumé en janvier 2012. La justice veut être certaine de son implication dans le meurtre d’Élodie Kulik. L’analyse ADN confirme que l’homme, alors âgé de 23 ans, était bien présent sur les lieux du crime.

Willy Bardon, le seul suspect

Peu après l’identification de Grégory Wiart, les gendarmes enquêtent sur son cercle d’amis. Sept hommes sont placés en garde à vue. L’un d’eux se prénomme Willy Bardon, et fréquentait le même bar et le même club de 4×4 que le premier suspect décédé.

Cinq proches vont reconnaître sa voix dans l’enregistrement audio de l’appel de détresse d’Élodie. Le quadragénaire est mis en examen en janvier 2013. Une première dans cette affaire. Willy Bardon clame son innocence. 

Seul à être jugé dans l’affaire Kulik, Willy Bardon est condamné à 30 ans de prison pour l’enlèvement, le viol et la séquestration suivis de mort d’Élodie Kulik, en décembre 2019. Le chef d’accusation de meurtre n’a pas été retenu. Le soir-même, il effectue une tentative de suicide en avalant des pesticides. Selon son avocat, Me Stéphane Daquo, l’homme était « incapable de supporter un retour en prison pour des faits qu’il n’a pas commis. »

En octobre 2020, il obtient une remise en liberté après une troisième demande. En mai 2021, il est finalement remis en détention pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire, en contactant un témoin du procès.

À 47 ans, Willy Bardon a été jugé en appel par la cour d’assises de Douai. Poursuivi pour l’enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre d’Élodie Kulik, les jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général.

Le 1er juillet, il a été condamné à 30 ans de prison. Le coupable a nié les faits jusqu’au bout. « Je n’ai rien à voir avec l’affaire Elodie Kulik, je n’ai jamais participé à ce crime horrible », a-t-il lancé pendant le procès en appel, souligne BFMTV.

Le combat d’un père plusieurs fois endeuillé

Voilà dix-neuf ans que le père d’Élodie, Jacky Kulik, se bat pour la vérité. Il l’a promis à sa fille. Avant cet assassinat Jacky Kulik a déjà vécu l’enfer : il a perdu ses deux premiers enfants, des jumeaux, dans un accident de la route, en 1976. En juillet 2002, après la mort d’Élodie, sa femme tente de se suicider en avalant de la mort aux rats. Plongée dans le coma durant de longues années, Rose-Marie Kulik décède en 2011.

Jacky Kulik est toujours convaincu de la culpabilité de Willy Bardon. « Je ne m’attendais pas à une pareille nouvelle. Je suis effondré », réagit-il le 25 septembre 2020 auprès de France 3 Hauts-de-France, après la remise en liberté de Willy Bardon. Ils ont eu deux Kulik, ils n’en auront pas trois ».

Avant l’ouverture du procès en appel de Willy Bardon, l’homme âgé de 71 s’est confié à France Bleu Picardie : « Ça fait presque 20 ans que je me bats, et ça commence à être usant. J’aimerais bien maintenant pouvoir me reposer. J’ai toujours espéré les aveux de Willy Bardon, mais je pense qu’il n’y en aura pas parce qu’il est tellement lâche et je pense qu’il doit être honteux de ce qu’il a fait et il n’est pas capable de l’avouer. »

Malgré le temps qui passe, l’homme garde un état d’esprit combattif. « Ce qui fait ma force aujourd’hui c’est ma douleur, mon écoeurement vis-à-vis de ce qui a été fait », concède, ému, Jacky Kulik aux caméras de Sept à Huit, sur TF1. 

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