A Nice, le street-art passe des murs de la ville à ceux des entreprises

  • Alors que les graffs ont eu du mal à se faire une place dans les rues de la ville de Nice, les street-artistes sont de plus en plus sollicités par des entreprises.
  • Celles-ci intègrent à leur identité cet art qui a longtemps été « mal perçu ».
  • Des séminaires pour renforcer la cohésion au sein de la société ont même été demandés à ces artistes qui « viennent de la rue ».

Sous les arcades de la place Masséna de Nice, d’anciennes affiches des Galeries Lafayette ont été collées « à la sauvage » et servent de support au travail de Jennifer Miller et César Malfi. C’est la deuxième fois en 2021 que le groupe fait appel au
street-art pour ces « quinzaines ».

« Les artistes ont fait deux jours de live painting, ce qui a permis des échanges avec les clients. On n’a eu que de très bons retours », précise Emilie Mancini, directrice marketing du magasin de Nice Masséna. En dix jours, les photos des arcades peintes ont été partagées plus de cent fois sur les réseaux. « Avec le street-art, on colle avec la volonté de moderniser notre image, c’est la tendance ».

Vers une reconnaissance

Effectivement, « avoir un mur instagrammable » est un bon moyen de faire parler de son entreprise. L’hôtel AC by Marriott a récemment refait les murs de l’escalier qui mène à son toit-terrasse. « Avant d’arriver sur le rooftoop, on a ce point où les clients se prennent en photo, on voit que ça plaît, indique le directeur de l’hôtel, Nicolas Martin. D’une manière générale, on accueille beaucoup de manifestations artistiques dans notre hôtel, ça fait partie de notre ADN. Avec cette fresque de Vénus, on rappelle l’œuvre de Sosno sur notre façade. »

Les escaliers de l'hôtel AC by Marriott à Nice

Ainsi, « le graffiti n’est plus mal perçu, c’est un style artistique à part entière », souligne Emilie Mancini. C’est ce pourquoi Samuel Benzazon a fait appel au street-art pour son club d’arts martiaux mixtes, le Maccabi. « On a longtemps décrié les graffs. Ce sont simplement des artistes qui s’expriment à leur manière, sur différents supports, commente-t-il. Il y a ici un vrai parallèle avec la pratique de MMA. Ça vient tout juste de se normaliser en France, alors que c’est un sport de combat comme un autre. Comme pour le street-art, il y a une vraie évolution des mentalités. »

Celui qui s’est chargé d’habiller le plafond de sa salle, rue Michel-Ange faisant un clin d’œil à ce peintre italien, c’est César Malfi. Le Niçois de 26 ans mêle la Renaissance à « l’art urbain ». « Je préfère utiliser ce terme parce que ça ne se passe plus seulement dans la rue, explique-t-il. Je suis content qu’on me fasse confiance pour dynamiser des lieux. ARM, à Sophia Antipolis, nous a même sollicités avec l’illustrateur
Eric Garence, parce qu’ils voulaient améliorer la qualité de vie de leurs employés grâce à notre travail. »

Il ajoute : « Du moment que la personne ressent quelque chose en voyant ce que je fais, mon travail est fait. Mais je continuerai à peindre les murs des villes, c’est là où j’ai commencé et ça fait partie de moi. » Il finit actuellement une fresque sous un pont, avenue de Fabron.

Du street-art en séminaires

L’artiste niçois César Malfi a créé pour la première fois cet été des « teams building ». « L’idée est que tous les employés participent à la conception d’une œuvre commune dans leurs locaux ou sur des murs accessibles, comme à la Tête de chien, pour renforcer la cohésion ». Les sociétés privées le sollicitent de plus en plus depuis deux ans. Il va bientôt collaborer avec une banque française et fera un live painting au château de Crémât le 28 novembre.

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