Thatcher, Churchill, Cameron… : 15 Premiers ministres britanniques ont défilé durant le règne d'Elizabeth II
La monarque au règne le plus long a traversé les époques et croisé de nombreux politiques.
Deux jours avant sa mort, mardi 6 septembre 2022, la reine Elizabeth II rencontrait la successeure de Boris Johnson. Au cours de son règne de 70 années, elle a rencontré un total de 15 Premier ministre britanniques, formant avec eux, un symbole de diplomatie et d’autorité.
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Winston Churchill, un Premier ministre irremplaçable
Le 2 juin 1953, jour de son couronnement, la reine a rencontré le Premier ministre Winston Churchill, qui était déjà en fonction à son arrivée sur le trône. Ces derniers ont rapidement créé un lien unique et leur amitié était connue de tous.
Comme le rappelle British Heritage dans un article publié en août 2022, l’homme politique britannique et ancien président de la Commission de Bruxelles, Roy Jenkins, aurait déclaré que Churchill entretenait « une quasi-idolâtrie » envers la reine. La souveraine, qui l’appréciait aussi, aurait d’ailleurs écrit une lettre à son ami après son départ à la retraite le 4 avril 1955. Il avait 80 ans.
Quelques années après sa mort en 1965, la reine s’est présentée à ses funérailles avant la famille de ce dernier, enfreignant ainsi le protocole qui prévoit que la reine doit être la dernière personne à arriver. Ainsi, la monarque tenait absolument à respecter la famille du défunt en se présentant dès le début des obsèques, relayait le média Express UK en février 2018.
Churchill a été un véritable mentor pour la monarque, et les deux compères partagent plusieurs points communs. Ils ont par exemple tous les deux impressionnés le monde entier par leur longévité. Lui a enchaîné les mandats (1940-45 / 1951-1955) tandis que la reine a gouverné plusieurs décennies.
L’homme d’État, Anthony Eden
Anthony Eden, fidèle allié de Churchill, lui succède jusqu’en 1957. Le politique a été membre du Conseil privé du Royaume-Uni et trois fois ministre des Affaires étrangères, avant de devenir Premier ministre.
Comme l’écrit Le Monde, il lui a été reproché d’avoir caché à la reine les préparatifs de la guerre de Suez en 1956 – guerre qui a éclaté en Egypte -.
Harold Macmillan, le conservateur
Membre du Parti conservateur, il a été Premier ministre du Royaume-Uni de 1957 à 1963.
Discret sur sa relation avec Elizabeth II, le chef du parti était décrit comme un politique pragmatique et disait de la reine qu’elle était d’un « grand soutien, car elle est la seule personne à qui vous pouvez parler », cite le média Historydans un article paru en 2019.
Alec Douglas-Home, l’ami d’enfance
Premier ministre conservateur du Royaume-Uni de 1963 à1964, il a également été ministre des affaires étrangères à deux reprises dans les cabinets des politiques Harold Macmillan et Edward Heath.
Alec Douglas-Home était d’ailleurs un ami d’enfance de la reine Elizabeth II et l’a aidé à nommer plusieurs de ses chevaux.
Selon le Washington Post, Macmillan l’avait décrit à la reine à l’aide de cette métaphore très visuelle : « de l’acier peint comme du bois ».
Harold Wilson, un socialiste chef du gouvernement
Wilson, Premier ministre travailliste de la reine durant les mandats de 1964-1970 et de 1974-1976 fait partie des ministres britanniques les plus mémorables de son règne.
Comme le rappelle le Washington Post, dans son livre La reine : Elizabeth II et la monarchie, l’auteur Ben Pimlott a décrit que le politique se comportait comporté « comme un égal » avec elle, et « lui parlait comme si elle était un membre de son cabinet ».
Edward Heath, un ministre insignifiant pour la reine
« Elle n’a jamais été à l’aise avec lui », a déclaré le biographe royal Ben Pimlott, toujours cité le média américain de Washington. Cette phrase pourrait résumer leur relation.
Décrit comme un « célibataire endurci, misogyne et indifférent à ‘son’ Commonwealth », dans une enquête du Monde, le chef d’État qui a officié de 1970 à 1974 n’a jamais gagné les faveurs de la reine.
James Callaghan, le ministre rafraîchissant
James Callaghan, ministre de 1976 à 1979, avait des relations cordiales avec la reine.
Décrit souvent comme facile à vivre, le média History rapporte qu’il aurait déclaré au sujet de la souveraine qu’elle était toujours « capable de voir le côté drôle de la vie” et que toutes leurs conversations « étaient agréables ».
Margaret Thatcher, la rivale
Elle a marqué l’histoire du Royaume-Uni en devenant, en 1979, la première femme Première ministre. Mais cette symbolique ne fut pas de tout repos. Celle qu’on a surnommé « La dame de fer » était à la fois détestée et adorée.
Le duo Margaret Thatcher et la reine Elizabeth II était connu pour ses multiples différends. La femme politique, autoritaire et froide, a longtemps dérangé la monarque. Malgré un respect mutuel convenu.
Six mois d’écart les séparaient en terme d’âge, et une certaine rivalité existait entre elles, Margaret Thatcher allant même jusqu’à copier le style vestimentaire de la reine. Les deux femmes avaient plusieurs désaccords, notamment sur la façon de gérer l’apartheid en Afrique du Sud, auquel Elizabeth II est implicitement opposée.
Malgré les conflits, la souveraine a nommé Margaret Thatcher à l’Ordre du Mérite, l’une des plus hautes distinctions du Royaume-Uni, en 1995.
John Major, un ministre face aux crises
Premier ministre du parti conservateur de 1990 à 1997, John Major a géré plusieurs crises majeures aux côtés de la reine, comme le divorce du prince Charles et de Lady Diana ou encore l’incendie du château de Windsor en novembre 1992.
Entre eux, l’entente était bonne et cordiale. La reine était d’ailleurs amie avec Norma, l’épouse du Premier ministre.
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Tony Blair, un ministre moderne
Tony Blair, leader travailliste et ministre de 1997 à 2007, n’aurait pas eu de réelle relation avec la reine. Il prônait une modernité qui s’opposait à l’opinion plus traditionnel de cette dernière.
Dans son livre A Journey, il l’avait décrit comme une personne « étrangement timide, pour quelqu’un de son expérience et de sa position, et en même temps directe ».
Avec Gordon Brown, une relation professionnelle
Gordon Brown a effectué un mandant entre 2007 et 2010. Dans son livre My Life, Our Times, publié en 2007 et cité encore une fois par le Washington Post, l’homme politique évoque leur première rencontre. D’après ses dires, leur conversation fut « agréable et professionnelle sur le travail qui les attendait ».
Malgré cette entente jugée cordiale, le Premier ministre n’a pourtant pas été invité au mariage du prince William et de Kate Middleton en 2011.
David Cameron, parent éloigné de la reine
David Cameron, ministre de 2010 a 2016 a marqué les esprits. Parent éloigné de la reine, fils de grand-bourgeois, il est souvent dit dans la presse anglaise qu’il était apprécié par la souveraine.
Néanmoins, comme le rappelle le média américain une conversation privée avec le maire de New York Mike Bloomberg, à propos du référendum d’indépendance écossais de 2014, l’avait mis dans l’embarras lorsqu’elle avait été révélée dans la presse.
Filmé à la télévision, alors qu’il portait encore un micro en direct, David Cameron avait été entendu en train de se vanter de sa relation avec la reine : « La définition du soulagement, c’est d’être le premier ministre du Royaume-Uni et d’appeler la reine pour lui dire ‘Tout va bien, tout va bien’. C’était quelque chose. Elle a ronronné en bas de la ligne. »
Il présentera ses excuses au micro de la BBC dans la foulée.
Theresa May, une alliée féminine appréciée
Theresa May a été la deuxième Première ministre de l’histoire du Royaume-Uni, élue de 2016 à 2019. La reine entretenait une relation chaleureuse et amicale avec elle. Beaucoup plus courtoise que celle qu’elle a pu avoir avec Margaret Thatcher.
Leur maris respectifs portaient d’ailleurs les mêmes prénoms et elles partageaient toutes les deux les mêmes valeurs familiales. Theresa May a quitté son poste lorsqu’elle a échoué sur l’accord du Brexit avec l’Europe, en juillet 2019. La reine Elizabeth II aurait été désolée de cette nouvelle.
Boris Johnson, le polémique
Boris Johnson a sans doute été l’un des Premiers ministres les plus controversés du pays.
Il avait d’ailleurs rompu le protocole royal quelques minutes à peine après être devenu Premier ministre, en dévoilant une déclaration de la reine qui relevait de la sphère privée : « Je ne sais pas pourquoi quelqu’un voudrait ce poste », lui aurait-elle soufflé.
Lors du confinement imposé durant la pandémie de Covid-19, le politique a dû s’excuser publiquement après avoir été accusé d’organiser des fêtes clandestines à Downing Street, en pleine distanciation forcée, notamment la veille des funérailles du prince Philip, défunt époux de la reine…
Liz Truss, la dernière rencontrée in extremis
Liz Truss représente à jamais la dernière action constitutionnelle majeure de la reine. Jusqu’au bout, deux jours avant sa mort, le jeudi 8 septembre 2022, la reine Elizabeth II a impressionné par sa dévotion à la couronne en rencontrant la nouvelle leadeuse tout juste élue.
La souveraine apparaissait affaiblie lors de cette rencontre, mais affichait un grand sourire. À l’annonce du décès de la monarque, Liz Truss a déclaré : « C’est un jour de grande perte, mais la reine Elizabeth II laisse un grand héritage. (…) La Grande-Bretagne est aujourd’hui un grand pays grâce à elle… Elle était l’esprit même de la Grande-Bretagne, et cet esprit perdurera. »
En plus des 15 premiers ministres britanniques rencontrés au cours de son règne, Elizabeth II a également accueilli 11 présidents américains – sur un total de 14 -, et les 8 présidents de la Ve République française. Un sacré palmarès diplomatique.
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