Sidse Babett Knudsen, le magnétisme à l’européenne

Le nom de Sidse Babett Knudsen ne vous dit peut-être rien, pourtant vous avez déjà vu son visage. L’actrice danoise n’a plus de frontières et s’exporte à l’international. Surtout en France, pays dont elle admire l’influence du septième art, et qui a été le théâtre de ses premières années en tant que comédienne.

Sidse Babett Knudsen est l’héroïne principale de la série dramatique et politique Borgen – Une femme au pouvoir, dont la dernière saison est disponible sur Netflix depuis le 2 juin 2022. Un retour inespéré pour les fans de cette production danoise. Et l’occasion, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, de se rattraper et découvrir cette immense actrice.

Une enfance dans les salles sombres

C’est à l’âge de huit ans que Sidse Babett Knudsen a une révélation : elle veut devenir actrice. Son oncle est projectionniste dans un cinéma et participe à sa découverte de nombreuses oeuvres. Après l’école, elle redécouvre parfois plusieurs fois le même film en boucle, sautant « de salles en salles », décrit-elle dans l’émission 28 minutes sur Arte, le 3 mai 2022.

« Je savais que je voulais faire partie de ce monde, je ne me rappelle pas avoir eu un autre désir, ni même de m’être interrogée pour faire autre chose. Adolescente, je m’imaginais en héroïne de Tennessee Williams [dramaturge et auteur américain, ndlr], j’aimais ces femmes qui craquent, crient, mentent, essaient de se sauver », confiait-t-elle en 2015 dans Télérama.

Avant sa carrière internationale, le talent de Sidse Babett Knudsen a été maintes fois reconnu. Deux fois, elle reçoit le Bodil de la meilleure actrice, équivalent danois du César, en 1998 avec la comédie Let’s Get Lost, réalisée par Jonas Elmer. Pour ce film, les acteurs ont dû beaucoup improviser leurs dialogues, un art que l’actrice estime alors peu maîtriser. Et pourtant, sa prestation est acclamée.

Puis en 2000, pour la comédie romantique de Susanne Bier The One and Only, dont elle tient le rôle principal.

Le pouvoir de Borgen

Le rôle de sa vie est, pour l’instant, celui de Birgitte Nyborg, première Première ministre danoise dans la série Borgen. Diffusée pour la première fois en 2010, elle devient rapidement incontournable au Danemark, où les chaînes de télévision diffusent davantage « de la télé-réalité » plutôt que des « rôles féminins forts », estime-t-elle auprès du Guardian.

Puis elle s’exporte aussi Europe, et à l’international, pour être vendue dans presque 200 pays. C’est cette production qui lui « permet de traverser la frontière danoise », explique l’actrice aux yeux bleus perçants dans une Télérama. En 2012, Borgen remporte le prix BAFTA de la meilleure série étrangère. 

Passage également réussi en France, où Arte propose le programme en premier, les trois premières saisons, à partir de 2012. Dix ans après, la série bénéficie d’une suite que l’on n’attendait plus, une quatrième saison disponible cette fois sur Netflix, dès juin 2022. 

Une « bonne idée », c’était la condition sine qua non pour reprendre le costume de Birgitte Nyborg. C’est ainsi que l’on retrouve la femme politique qui doit cette fois composer avec les enjeux d’une société en évolution permanente, et son corps à elle qui change également. Le nouveau volet, toujours aussi féministe, traite ainsi, entre autres, de la ménopause et d’écologie. 

Le succès de Borgen, ni elle, ni l’équipe de production ne l’a vu venir aussi gros. « C’est un show sur la politique au Danemark », résume-t-elle grossièrement au Guardian. De plus, tournée en danois, souligne l’actrice, qui s’amuse : « Tu ne peux séduire personne en danois, ça sonne comme si tu étais en train de vomir. »

Sidse Babett Knudsen, elle, parle également français et un anglais à l’accent impeccable. Née à Copenhague le 22 novembre 1968, l’actrice a grandi loin de son pays scandinave natal, à Dar es Salaam en Tanzanie, avec ses deux frères, Lasse et Niclas. Son père était photographe, sa mère enseignante. 

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Une actrice presque française

La France, elle la connaît bien et y a même vécu pendant six années. En 1987, à 18 ans, elle s’installe à Paris pour faire jeune fille au pair. Dans le même temps, elle suit des cours à l’école internationale de théâtre et de mime Jacques Lecoq, mais aussi à l’école du théâtre de l’Ombre entre 1987 et 1990.

Plusieurs réalisateurs français lui ont fait confiance. Christian Vincent la grime en chirurgienne dentiste, devenue jurée pour une affaire d’homicide. On la découvre à travers les yeux amoureux de Fabrice Lucchini, avec qui elle partage l’affiche. L’hermine, son premier film français, lui vaudra le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 2016.

La même année, elle électrise dans La fille de Brest, le biopic émouvant d’Irène Frachon, médecin qui a révélé le scandale du Mediator en 2010. Sidse a été choisie in extremis par la réalisatrice Emmanuelle Bercot pour incarner cette femme combattive dans sa guerre contre un géant pharmaceutique.

« Je ne trouvais aucune actrice en France pour incarner Irène. Elles étaient trop connues, trop glamour, pas assez cash. J’ai failli abandonner le projet », confiait la réalisatrice à Marie Claire. C’est finalement sur les conseils de Catherine Deneuve, qu’Emmanuelle Bercot découvre Sidse Babett Knudsen. Et la magie a opéré.

Lorsque la cinéaste la contacte, Sidse n’en croit pas ses oreilles : « Je me suis dit qu’il y avait confusion, je ne pouvais pas jouer une fille de Brest. J’ai pensé que c’était à cause de mon prénom Babett, qu’elle avait dû se tromper », a raconté l’actrice dans une interview pour Premiere

En 2022, on la retrouve à l’affiche de Limbo, comédie sensible dans laquelle elle interprète une professeure de « comportement » un peu loufoque, qui enseigne à des jeunes migrants arrivés en Écosse depuis les quatre coins du monde.

Des rôles de boss, un désir de pathétique

L’ensemble de la carrière cinématographique de Sidse Babett Knudsen est jonché de rôles de femmes imposantes. Qu’elle interprète une PDG exigeante dans la série de science-fiction dystopique Westworld, tirée du film d’anticipation Mondwest et adaptée par JJ Abrams, ou encore une lesbienne amatrice de SM dans The Duke of Burgundy (2014)Pourtant, l’actrice signerait bien des personnages plus « faibles », pour « essayer autre chose », reconnait-elle. « En réalité, j’aime vraiment beaucoup les rôles pathétiques », confie la Danoise encore une fois au Guardian.

Si son propre corps est parfois un sujet à part entière de ses productions, Sidse Babett Knudsen n’est pas prête à trop en montrer à l’écran. « Je ne peux pas m’empêcher de regarder quelqu’un nu et de penser : ‘Oh, c’est à ça que ressemble l’actrice en vrai ! Oh, elle a de très beaux seins’, ou, ‘ses genoux ont une drôle d’allure’. Je ne veux pas que les gens s’éloignent de mon rôle en pensant cela de moi. Je pense que c’est ce que provoque la nudité », estime-t-elle.

Par ailleurs, l’actrice reste très discrète sur sa vie privée. Elle serait célibataire et mère d’un garçon né en 2004 et nommé Louis Ray.

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