Politiques et littérature érotique : outre Bruno Le Maire et Marlène Schiappa, qui a osé ?
Sexe et politique peuvent faire bon ménage…. surtout en littérature. A l’instar de Bruno Le Maire, qui vient de sortir un roman intitulé Fugue américaine (Éd. Gallimard) ou Marlène Schiappa, nombreux sont les personnalités politiques à avoir voulu révolutionner le genre érotique. Pour le meilleur et pour le pire.
Sexe et politique semblent deux composants d’un même monde. A travers les différents scandales qui ont parcouru la vie institutionnelle française, difficile de croire qu’il peut en être autrement. Pourtant, l’expression d’un désir charnel peut se manifester de différentes façons. Et nombreux sont ceux à avoir trouvé dans la littérature une forme d’exutoire. Bruno Le Maire, sous ses airs guindés, a récemment publié un roman, intitulé Fougue américaine (Éd. Gallimard), dans lequel figure un passage ô combien érotique. « Après mes règles, pendant deux ou trois jours, je suis excitée comme jamais ; je mouille« , écrit par exemple l’actuel ministre de l’Economie. Par le passé, il a publié chez Harlequin plusieurs « romans d’amour », comme le dévoilait Le Point en 2014. En 2004, dans l’un de ses ouvrages, une autofiction intitulée Le Ministre, l’homme politique n’a d’ailleurs pas hésité à décrire « une scène intime avec sa femme lors d’un voyage à Venise« . Un passage qui a retenu l’attention des lecteurs, dans lequel il représente son épouse en train de le masturber dans une baignoire.
Marlène Schiappa, désormais Secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative, a elle subi de nombreux sarcasmes en 2017, lors de son entrée au gouvernement. En 2010, la militante avait publié Osez l’amour des rondes, un livre décomplexé qui donnait des conseils pour assumer son corps et combattre le diktat des régimes. Pendant longtemps, elle a été soupçonnée d’avoir eu recours à un pseudonyme, Marie Minelli, pour publier des livres érotiques décomplexés, dont certains répondaient aux doux noms de Sexe, mensonge et banlieues chaudes, ou encore Osez les sexfriends, Comment transformer votre mec en Brad Pitt en 30 jours. Des ouvrages dont l’ancienne ministre déléguée chargée de la Citoyenneté assume en grande partie la maternité aujourd’hui.
Marlène Schiappa n’est pas la seule à s’y être essayée dans l’actuel gouvernement…
« Je ne les ai pas tous écrits », a confessé la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, alors qu’elle était interrogée sur le sujet, en octobre 2020, par Europe 1. « Je sais que beaucoup de choses ont été dites dans la presse… Il y en a que j’ai écrits sous d’autres pseudonymes et que la presse n’a pas trouvés. (…) Et certains que j’ai absolument écrits sous le nom de Marie Minelli et que j’assume parfaitement.«
Loin de se laisser désarçonner par les commentaires en tout genre, Marlène Schiappa s’est livrée sur ses intentions. « On peut être une mère de famille, on peut avoir des responsabilités politiques et néanmoins trouver que le champ de la sexualité féminine doit aussi être exploré« , a-t-elle estimé. Et de dénoncer le sexisme autour de cette information : « J’ai un collègue au gouvernement dont il est de notoriété publique qu’il a écrit un roman Harlequin. (…) On ne le vanne jamais avec ça et on ne lui en parle pas. (…) Je trouve que la différence de traitement et la façon dont les gens se choquent en apprenant que j’ai pu participer à ce type de littérature illustrent aussi une forme de sexisme« , a-t-elle confié, en faisant référence à Bruno Le Maire.
Ado, Emmanuel Macron a lui-même signé un « roman un petit peu cochon »
Au sein de la gouvernance Macron, l’écriture de romans érotiques semble légion. Et ce n’est pas Edouard Philippe qui pourra dire le contraire. L’ancien Premier ministre a co-écrit avec son ami le député Gilles Boyer un livre intitulé Dans l’ombre (Ed. JC Lattès, 2011). Un ouvrage dans lequel le héros a une vision très sexualisée et très machiste, de la gent féminine… « Marilyn a des petits seins. Normalement je n’aime pas ça. Mon truc, je l’avoue, ce serait plutôt les poitrines un peu rondes. Pas accablées et avachies, non, pas lourdes au point d’être tombées, mais enfin, quelque chose en relief », pouvait-on notamment lire dans ce roman qui ne marquera pas les esprits par sa finesse.
Plus romantique, le président de la République, lui-même, s’est adonné à ce genre d’exercice. Une rumeur qui a été confirmée en 2018, dans le livre Brigitte Macron, l’affranchie (Ed. de l’Archipel), écrit par Maëlle Brun. C’est une voisine qui témoigne sur cette anecdote. En 1993, Emmanuel Macron, alors âgé de 16 ans, vient de rencontrer sa professeure de théâtre… Brigitte Trogneux. En pleine effervescence créative, le futur chef de l’Etat écrit des poèmes, mais aussi un roman olé olé.
« Je le connaissais du quartier et, un jour, il m’a demandé de taper les trois cents pages d’un livre qu’il venait d’écrire. C’était un roman osé, un petit peu cochon ! Les noms n’étaient bien sûr pas les mêmes mais je pense qu’il fallait qu’il exprime ce qu’il ressentait à l’époque », témoignait à l’époque cette voisine indiscrète. Un manuscrit, dont elle n’a malheureusement pas conservé les pages.
Valéry Giscard d’Estaing tout émoustillé par Lady Diana
Au-delà d’une forme de pudibonderie, certains ouvrages provoquent les moqueries. A l’instar de ceux publiés par Valéry Giscard d’Estaing. L’ex-président de la République s’est essayé à l’écriture de romans osés avec Le Passage, en 1994, où il évoque notamment la relation torride entre un notaire et une auto-stoppeuse, ou encore avec La Princesse et le président, publié en 2009. L’ancien locataire de l’Elysée y met en scène une histoire à l’eau de rose entre un président français et une princesse britannique, galloise plus exactement. Elle s’appelle Lady Patricia, princesse de Cardiff. Il se nomme Jacques-Henri Lambertye, il est veuf et vient tout juste d’être réélu à la présidence de la République. Âmes sensibles, s’abstenir.
« Le sexe de Jacques-Henri trouva naturellement son chemin entre les cuisses de la princesse sans que celle-ci ne s’en émeuve considérablement. Ou disons que l’émotion de celle-ci ne fut que celle du plaisir. Dans les yeux de Patricia, la surprise fut en effet vite remplacée par le désir, et Jacques-Henri sentit se refermer autour de son sexe dur des lèvres fermes et avides. Il considéra cela comme un assentiment. Il était de toute façon un peu tard pour faire machine arrière », peut-on lire dans ce roman. Et de poursuivre sur sa lancée : « Ah, prends-moi, vilaine bête, prends-moi fort, jappait la princesse de sa voix flûtée, tandis que le président donnait de violents coups de reins en rugissant comme un lion. L’étreinte fut brève et violente. » Alors, expression d’un fantasme ou d’une réalité ?
Aurélie Filippetti et Frédéric Mitterrand, entre fantasmes et réalité
Difficile de le savoir, tant la frontière semble ténue. Aurélie Filippetti, avant de devenir ministre de la Culture, aura noirci, malgré elle, nombres de pages de journaux. Alors jeune auteure prometteuse au début des années 2000, la femme politique a publié un roman, Un homme dans la poche, où elle dévoile notamment un passage pour le moins… osé. Elle y décrit notamment une scène de sexe explicite entre les deux protagonistes. Un passé dévoilé en 2012 par le magazine Technikart.
Extrait : « Toi sous moi, dans une chambre volée, ta tête entre mes cuisses. et ta langue glissant en moi, (…) la honte d’imaginer ton visage devant mon sexe disparaissait, la fougue que tu mettais à m’embrasser avait fait tomber d’un coup mes réticences, j’écartais davantage encore mes jambes pour que tu puisses en moi t’enfoncer plus avant, me dévorer l’intérieur des cuisses, les embrasser, promener ta langue à la jointure de mes fesses, la faire glisser vers les fesses, et m’embrasser aussi profondément que si mon sexe avait été ma bouche pour te répondre.«
Reste que le contenu de son livre semble moins choquant que les écrits publiés par un autre locataire de la rue de Valois : Frédéric Mitterrand. En 2009, dans son ouvrage La Mauvaise Vie, il racontait sa quête d’amours homosexuelles, à travers des relations tarifées en Thaïlande. Bien moins romantique que ses autres compères politiques.
Crédits photos : Stephane Lemouton / Bestimage
A propos de
-
Abonnez-vous à vos stars préférées et recevez leurs actus en avant première !
Bruno Le Maire
Suivre
Suivi
Marlène Schiappa
Suivre
Suivi
Emmanuel Macron
Suivre
Suivi
Il vous reste 85% de l’article à découvrir
À découvrir en images
PHOTOS – Elisabeth Borne, Bruno Le Maire… Découvrez les ministres à leurs débuts
Première apparition télévisuelle de Bruno Le Maire en 1997.
Bruno Le Maire lors de son arrivée au Conseil des ministres de rentrée du mercredi 24 août 2022 au palais de l’Elysée à Paris.
Premier passage à la télévision de Gérald Darmanin, en 2014, alors maire de Tourcoing.
Gérald Darmanin lors de son arrivée au Conseil des ministres de rentrée du mercredi 24 août 2022 au palais de l’Elysée à Paris. Le 24 août 2022
Catherine Colonna alors porte-parole adjoint du Ministère des Affaires étrangères, lors d’une prise de parole – diffusée sur France 2 – en 1994.
Catherine Colonna à sa sortie du Conseil des ministres de rentrée du mercredi 24 août 2022 au palais de l’Elysée à Paris
Autour de
Source: Lire L’Article Complet