Photos : Grégory Lemarchal : Douze ans déjà !
Son tempéramentde battant et sa voix cristalline ontmarqué à jamaisle cœur de millionsde Français.Le surdoué dela Star Ac’ a vécuson rêve à fond,avant d’êtreemporté par lamucoviscidose.Il s’est éteint en2007 en attendantune greffe qui n’estjamais arrivée…
Il a écrit l’histoire. Dévoré la vie tel un boulimique, jusqu’à son dernier souffle. Avant que cette foutue maladie ne finisse par le rattraper. Il était 13 heures, ce lundi 30 avril 2007, lorsque Grégory a perdu son long combat contre la mucoviscidose. Un mois auparavant, le chanteur à la voix d’ange avait dû interrompre en urgence l’écriture de son second album pour être hospitalisé. À bout de forces, placé dans un coma médicamenteux pour alléger ses souffrances, il n’a jamais reçu la greffe de poumons qui aurait pu le sauver. Ainsi s’est achevé son fabuleux destin, quelques jours à peine avant son 24e anniversaire…
Le 3 septembre 2004, des millions de téléspectateurs rivés sur TF1 découvrent un garçon rieur et farceur sur le plateau de la Star Academy. Dans le château de Dammarie-les-Lys, le petit brun originaire de La Tronche, en Isère, ne tarde pas à faire la différence grâce à son incroyable timbre de voix. Il a suffi d’un prime time et d’une reprise puissante et habitée du tube de Starmania, S.O.S d’un Terrien en détresse, pour faire frissonner le public à jamais. Dès lors, plus rien ne saura lui résister. Greg va braver chaque étape du télé-crochet, jusqu’à la victoire remportée avec 80 % des suffrages. Du jamais-vu !
On apprendra plus tard qu’il était rongé par la mucoviscidose et qu’avant d’enchanter les soirées du talent show, il suivait de lourdes séances de kinésithérapie. En coulisses, fragilisé par ses poumons, il risquait de s’étouffer. Mais une fois sur scène, grisé par la lumière des projecteurs et l’euphorie ambiante, Greg faisait le show. Son tempérament de battant prenait le dessus, il donnait tout. Comme si de rien n’était. Comme si sa vie en dépendait. Pudique, Grégory n’était pas du genre à laisser transparaître ses faiblesses. “The show must go on” : il avait fait sienne cette devise prisée du show-biz. Sa manière de forcer le destin, de faire la nique à la maladie, d’aller au bout de son rêve…
Victime de harcèlement scolaire
Dompter ce mal, il l’avait fait très tôt. Pendant sa scolarité, il n’aura, en revanche, pas la force de lutter contre les quolibets lancés par ses camarades de classe. Surnommé le minus et le gringalet, Grégory vit l’enfer et se résigne à quitter le lycée à l’âge de 15 ans. “À l’école, je n’étais pas à ma place. J’étais trop rêveur ou trop survolté et comme ma puberté est venue plus tard et que j’avais l’air très jeune, je ne m’entendais pas très bien avec les autres élèves”, dira-t-il au magazine Star Club.
La naissance d’une vocation
Un an auparavant, il avait réussi l’exploit de devenir Champion de France de rock sauté. À 16 ans, il avait participé à l’émission Graines de star. Pas de victoire, mais la naissance de sa vocation. “La volonté est plus forte que tout, c’est ma phrase préférée, assurait-il dans Paris Match. Lorsque vous désirez quelque chose, il faut foncer. C’est ce que je m’évertue à faire depuis gamin.” À la sortie de la Star Ac’, Grégory va consolider sa tendre histoire d’amour avec le public et surtout rencontrer, en septembre 2005, la jeune animatrice Karine Ferri, ex-Bachelorette, avec laquelle il vit un amour fou et rêve d’un enfant.
Un ange ne meurt jamais
Son premier album, réalisé par Yvan Cassar (le directeur musical des tournées de Mylène Farmer), sort en 2005 et devient double disque d’or. La suite ? Une belle mélodie. Un trophée de la révélation francophone aux NRJ Music Awards et une tournée à travers la France, la Belgique et la Suisse dont demeure un témoignage en DVD. Le 7 janvier dernier, l’hommage diffusé sur TF1 depuis le Zénith de Paris a réuni plus de 4,5 millions de téléspectateurs. Un moment de recueillement pour les fans qui ont eu le bonheur de découvrir Pour mieux s’aimer, une chanson inédite écrite par le jeune homme peu de temps avant sa disparition et interprétée ce soir-là par Patrick Fiori. “C’est le dernier titre que j’avais fait écouter à Grégory à l’hôpital, a confié au Parisien Olivier Ottin, son ancien manager. Il avait tout de suite adhéré à la mélodie et voulait l’enregistrer. Mais il n’a malheureusement pas eu le temps. Il a laissé 40 textes de chansons, sur tous les thèmes. Et il y a du lourd ! Il en a écrit beaucoup dans la perspective d’un deuxième album… Il était très prolixe. On sent dans ses mots une fulgurance, une urgence.” Grégory Lemarchal… Deux ans d’une carrière éclair. Des étoiles dans ses yeux jamais résignés que l’on n’a pas oubliées. Un ange ne meurt jamais.
Loïc Torino-Gilles
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