Philippe Etchebest : qui est Dominique, sa recette gagnante ?

S’il aime relever des défis, comme ce nouveau restaurant qu’il vient d’ouvrir à Bordeaux, c’est parce que Philippe Etchebest a depuis près de trente ans à ses côtés une femme qui le tempère autant qu’elle le galvanise : la sienne.

A Bordeaux, dans l’ancien faubourg des Chartrons, la façade rouge sombre, élégante et discrète, se fond dans le décor de ce fief historique de négociants en vins. Maison Nouvelle est le nouveau restaurant ouvert par le chef Philippe Etchebest et son épouse, Dominique. Ici, pas de chichi, pas de référence aux émissions culinaires qui ont rendu célèbre le chef de M6, pas de nom en lettres d’or en haut de l’affiche. Retour à la source, à la cuisine.

L’homme a toujours affirmé que la télé n’était pour lui qu’une « récréation », qu’il arrêterait de son plein gré. Ou pas. Même s’il sait ce qu’il doit à la médiatisation. Crâne rasé, carrure de troisième ligne (au rugby, il jouait pourtant trois-quart aile), verbe aussi fleuri que la barbe, Philippe Etchebest est devenu en quelques années la grande gueule la plus populaire du petit écran. M6 qui l’a de plus en plus sollicité ne s’y est pas trompé. Il est le « Chabal des fourneaux ». Son accent du Sud-Ouest a valeur de bien manger, de bon vivre, et ses paluches, qui martèlent souvent le propos en frappant le plan de travail, comme il frappe les cymbales de sa batterie en reprenant des tubes d’AC/DC ou d’Iron Maiden, racontent la solidité du bonhomme.

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Mais si la pâte est dure, le cœur est coulant. Surtout quand il s’agit d’évoquer celle qui était alors la fille du boucher et qui lui avait tapé dans l’œil alors qu’il était encore dans sa vingtaine. « Je vous ai apporté des bonbons », contait Jacques Brel à sa Germaine. Philippe, lui, apporte un bouquet de roses en chocolat à sa Dominique. Et ça fait vingt-sept ans que ça dure entre ces deux-là. Vingt-sept ans qu’elle maintient l’harmonie entre la sécurité de l’« etche » (« maison » en basque) et les défis du « best » (« nouveau » en basque). L’équilibre, c’est elle. « Mon épouse est tout le temps à mes côtés, déclarait-il au lendemain du confinement, sur Europe 1. Au-delà de me supporter, elle m’accompagne vraiment dans ce combat d’une manière très intense et je l’en remercie beaucoup. Et j’en profite pour lui dire que je l’aime. »

Au-delà du gueulard cathodique, c’est bien ce cœur tendre-là, capable de braver sa pudeur atavique pour lâcher un « Je t’aime » sur les ondes, que les Français plébiscitent depuis 2015, au fil des Cauchemar en cuisine, Top Chef et autres Objectif Top Chef. C’est ce petit garçon qui, dès l’école terminée, rentrait donner un coup de main à son restaurateur de père davantage pour partager quelque chose avec ce taiseux que par véritable amour de la cuisine. Ce gosse remuant, mais déjà perfectionniste et compétiteur.

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Philippe Etchebest n’a pas eu la vocation des fourneaux, dit-il, il aurait choisi la facilité. Le critique gastronomique Gilles Pudlowski, qui l’a connu tout gamin (il avait 23 ans), n’en croit pas un mot tant il se souvient d’un garçon passionné et, chose rare, aussi doué pour le sucré que pour le salé. Cependant Etchebest persiste. Affirme avoir même sérieusement hésité entre l’école hôtelière et le sport études rugby, lui qui brillait avec l’équipe de Bègles, exalté par les valeurs de solidarité, d’entraide et de camaraderie de l’ovalie. « Je n’avais pas peur de mettre la tête, a-t-il raconté. Je mettais toujours un gros tampon, d’emblée. Quitte à être un peu en retard. Il fallait marquer le terrain pour que le joueur en face n’ait plus envie de revenir. » Il fonce dans le tas.

Cet art plus que particulier de l’approche, qu’il doit sans doute à une éducation à la dure par un père autoritaire qui n’avait ni geste tendre ni mot doux, il le conservera. Saura même en faire une force. Mais aura cependant besoin de trouver une échappatoire. La boxe lui sera un temps un exutoire. Lors d’une interview, en 2014, il résume ainsi son parcours : « Je dis toujours que mes étoiles, je les dois au rugby, c’est-à-dire à l’esprit d’équipe, à la motivation collective. Mon titre de Meilleur Ouvrier de France, en 2000, je le dois en partie à la boxe : en cuisine, tu es comme sur un ring. J’ai le même conditionnement, même état d’esprit. »

Mais c’est surtout sa femme, sa chance. Philippe et Dominique c’est un « couple power ». De ceux qui franchissent les étapes ensemble, sans se lâcher la main. Qu’elles soient professionnelles (c’est avec elle qu’il gagne ses étoiles, avec elle également qu’il affine son personnage de fort en gueule médiatique) ou personnelles, comme ce patient et parfois douloureux chemin vers l’adoption. Marié en 1998, ce n’est qu’en 2005, après cinq ans d’attente, que le couple a pu enfin serrer dans ses bras un petit garçon né au Mexique, Louis-Oscar. Avec lui, Philippe Etchebest se démarque du schéma familial et s’invente en père attentif, démonstratif, câlin. Cherchant à lui transmettre plus qu’un savoir-faire, un savoir-être. Tout comme il sait être un mari rassurant, « pas macho », qui considère sa femme d’égal à égal, tient (toujours) compte de son point de vue… Et quand il arrive que des fans enamourées, et parfois agressives, vont jusqu’à appeler le restaurant pour essayer de joindre sa célébrité de mari, Dominique se contente de raccrocher, sereine. Avec Philippe, leur « etche » est solide.

Crédits photos : Best Image

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