Natalie Portman, l’actrice qui ne joue pas

Née le 9 juin 1981 à Jérusalem (Israël), Natalie Portman grandit comme fille unique auprès de sa mère, Shelley Stevens, femme au foyer américaine, et son père, Avner Hershlag, médecin israélien. Ils l’ont nommée ainsi en hommage à la chanson Nathalie de Gilbert Bécaud.

Issue d’une famille juive notamment originaire de Russie, Pologne et Autriche, ses arrières-grands-parents paternels sont morts à Auschwitz.

Même si le succès est au rendez-vous dès son adolescence, Natalie Portman n’abandonne pas ses études. Après le lycée, elle est admise à la prestigieuse université d’Harvard, aux États-Unis, pour y suivre un cursus en psychologie. Par la suite, à l’Université hébraïque de Jérusalem, elle étudie l’arabe, l’hébreu, l’histoire d’Israël, de l’islam, et l’anthropologie de la violence. 

De Léon à Jackie

C’est dès l’âge de 12 ans que Natalie Portman apparaît devant une caméra, pour le film Léon (1994), du Français Luc Besson, aux côtés de Jean Reno. Elle y incarne Mathilda, une petite fille se liant d’amitié avec un tueur à gages. Par la suite, on la voit aussi dans le populaire Mars Attacks! de Tim Burton, Tout le monde dit I love you de Woody Allen.

À la fin des années 90, elle obtient le rôle de l’impératrice Padmé dans la deuxième trilogie de la saga Star Wars. Un rôle qui lui vaut une notoriété planétaire, qui n’a, depuis, jamais faibli.  

Dans les années 2000, l’actrice mène une carrière foisonnante, qui oblige à l’exhaustivité. Loin des blockbusters, Natalie Portman s’épanouit dans des productions plus indépendantes, nombreuses à être saluées par la critique. On pense notamment à son rôle d’Alice dans Closer (2005), qui lui vaut le Golden Globe de la Meilleure actrice dans un second rôle, et une nomination à l’Oscar pour le même titre. 

Avec V pour Vendetta, elle retourne cette fois à des films d’ampleur, en jouant une jeune femme sauvée de la police secrète par un justicier affublé du masque de Guy Fawkes. En 2008, elle est saluée dans le drame historique Deux soeurs pour un roi, aux côtés de Scarlett Johansson.

Les années 2010 la consacrent tout à fait. Danseuse torturée sombrant dans la folie pour Darren Aronofsky dans Black Swan, Natalie Portman obtient l’Oscar de la Meilleure actrice. Elle rebascule dans les films à gros budget en intégrant la saga Marvel Thor, ou la comédie romantique Sex Friends, avec Ashton Kutcher.

En 2016, son interprétation poignante de Jackie Kennedy dans le film biographique Jackie, réalisé par Pablo Larraín, lui vaut d’être nommée Meilleure actrice aux Oscars et Golden Globes. 

En 2017, elle tourne pour Rebecca Zlotowski dans le drame Planetarium, aux côtés de Lily-Rose Depp, et en 2019, joue une mère protectrice pour Xavier Dolan dans Ma vie avec John F. Donovan, dont le fils est fan d’un acteur de série TV, joué par Kit Harington.

C’est sur Netflix qu’elle signe l’un de ses meilleurs rôles de ces dernières années, avec le film de science-fiction horrifique Annihilation, sorti sur la plateforme en 2018.

Figure du mouvement Time’s Up

« J’ai ouvert avec enthousiasme ma première lettre de fan : un homme m’écrivait qu’il rêvait de me violer. » On se souvient du discours de Natalie Portman lors de la Women’s March, le 20 janvier 2018, à Los Angeles. Elle y dénonce le sexisme qu’elle subit, depuis son premier film, Léon. Elle a 13 ans quand elle reçoit ce tout premier courrier de « fan ».

Elle confie une seconde anecdote, horrifiante aussi. « Un compte à rebours a été lancé par une radio locale pour compter les jours jusqu’à mon dix-huitième anniversaire, date à laquelle il serait légal de coucher avec moi”.

Sur son T-shirt noir, il est inscrit Time’s Up, du nom du mouvement lancé par 300 femmes d’Hollywood le 1er janvier 2018. L’actriceconfie que les remarques déplacées sur son physique et sa poitrine naissante, par les commentateurs en plateau, l’ont poussée à n’accepter, par la suite, que des rôles « sérieux », forgeant sa « réputation de femme prude, conservatrice, intello… afin que [son] corps soit protégé ». Et à refuser, pour les mêmes craintes, celui de Lolita, dans l’œuvre éponyme, à l’âge de 16 ans.

Les mots choisis sont puissants, portés par la sincérité. La séquence dénote : l’actrice était jusqu’alors perçue comme réservée, sur la retenue. 

Lutter contre le sexisme et les violences sexuelles à Hollywood

Depuis, Natalie Portman intervient publiquement, et fermement, en faveur de l’égalité femmes-hommes. Comme lors des Golden Gobes 2018, trois mois après l’éclatement de l’affaire Weinstein et une semaine après le lancement de la campagne Time’s Up.

Lors de la cérémonie – où tous les artistes participants portent du noir en signe de protestation contre le harcèlement et les agressions sexuelles – Natalie Portman, qui doit alors remettre le prix du Meilleur réalisateur, glisse une fine remarque dans la formule protocolaire. « Et les nommés, exclusivement des hommes, sont… » Devant le tout-Hollywood et des millions de téléspectateurs, l’actrice, aussi réalisatrice, souligne l’invisibilisation des femmes dans la réalisation, comme le manque de reconnaissance de l’industrie à leur égard.

Dès lors, la diplômée de psychologie de l’Université d’Harvard poursuit ses prises de positions publiques. À la Power of Women, une soirée organisée par le magazine Variety en 2018, elle démarre son discours en confiant être « fatiguée » du climat sexiste.

Elle décortique ensuite la stratégie des agresseurs sexuels en position de pouvoir, comme Harvey Weinstein dont le « but était de déposséder ses victimes de leur pouvoir », assure-t-elle devant l’assemblée. « Parce que si elles ont moins de travail, elles ont moins d’argent, moins de pouvoir, donc moins de crédibilité et une moins bonne réputation, décrypte-t-elle. Et donc, encore moins de pouvoir pour le confronter aux crimes qu’il a commis. » Et d’asséner : « Et ça fonctionne. Harvey est toujours libre. »

Le producteur sera finalement condamné à 23 ans de prison pour viol et agression sexuelle, en mars 2020, à New York. Il est également poursuivi à Los Angeles.

Végane convaincue

L’environnement, c’est l’autre combat qu’elle estime nécessaire d’être mené, sa conviction profonde depuis sa lecture en 2011 du livre de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?. Tellement frappée par cet écrit que l’actrice végétarienne depuis ses 28 ans, deviendra végane et co-produira son adaptation documentaire.

« Je suis de plus en plus convaincue par l’idée que la façon dont nous traitons les animaux est fortement liée à notre relation avec le monde lui-même », prononce-t-elle sur la scène de la vingt-septième cérémonie des Environnemental Media Association awards en octobre 2017, alors qu’elle vient d’être honorée du prix de l’engagement pour l’environnement.

Critique de Netanyahu

Il y a cet autre prix qui lui était destiné, mais qu’elle a décidé de ne pas venir accepter en personne. Le prix Genesis, attribué aux « être humains exceptionnels qui représentent les valeurs juives dans leurs contributions au bien de l’humanité ».

Par cette décision rendue publique en avril 2018, la comédienne israélo-américaine a provoqué une onde de choc en Israël. « J’ai choisi de ne pas y participer parce que je ne voulais pas apparaître en tant que cobaye de Benjamin Netanyahu qui devait prononcer un discours lors de la cérémonie », détaille-t-elle sur son profil Instagram – créé d’ailleurs le 1er janvier 2018 pour soutenir le mouvement Time’s Up lancé ce jour-là.

Et de conclure sa publication : « Les mauvais traitements infligés à ceux qui souffrent, les atrocités d’aujourd’hui, ne sont tout simplement pas conformes à mes valeurs juives. Parce que je tiens à Israël, je dois me tenir debout contre la violence, la corruption, les inégalités et les abus de pouvoir. »

Là où il y aura un jour la paix mais jamais le silence

« Je pense que chaque citoyen engagé doit être critique sur ce qu’il estime que son pays pourrait mieux faire », pensait-elle, déjà, en 2016, dans les colonnes du Hollywood Reporter, au moment de la réélection du Premier ministre israélien. 

Cet engagement pour sa région, pour une issue apaisée, Natalie Portman l’a affirmé d’abord via son art, en réalisant son premier long-métrage. Une histoire d’amour et de ténèbres raconte celle d’Amos Oz pendant la création de l’État d’Israël. Le film est une adaptation du roman autobiographique de l’écrivain israélien et militant pour la paix. 

Sur Israël, elle écrit aussi : « Là où je suis née ; là où mes tripes m’interdisent de renoncer. Là où il y aura un jour la paix mais jamais le silence. »

Natalie Portman et Benjamin Millepied

Discrète, elle l’est d’autant plus quand il s’agit de parler vie privée. Et l’on sait de celle-ci deux choses : son amour depuis le tournage de Black Swan – pour lequel elle a reçu l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure actrice – pour le chorégraphe et danseur français Benjamin Millepied, et leur famille créée depuis.

Aleph, leur petit garçon, est né en 2011, Amalia, six ans après.

Natalie Portman aux Oscars 2020, portant une robe où sont brodés les noms de réalisatrices

Natalie Portman et Benjamin Millepied à Los Angeles en 2019

"Vox Lux"

"Annihilation"

Natalie Portman et Eva Longoria ont rejoint "Time’s Up", mouvement contre le harcèlement sexuel

https://www.instagram.com/p/BdoVlccBkaq/

Natalie Portman à la Women’s March de Los Angeles le 20 janvier 2018

Natalie Portman en novembre 2018

À propos de l’affaire Brett Kavanaugh : "Je soutien Christine Blasey Ford"

https://www.instagram.com/p/BoISJ9ojif_/

Natalie Portman, Jessica Chastain, Octavia Spencer et America Ferrera, toutes en noir en soutien au mouvement Time’s Up

Golden Globe 2018

À la première de "Flirter avec les embrouilles" en 1996

"Jackie"

Natalie Portman et son compagnon Benjamin Millepied en 2013

À la première de "Retour à Cold Mountain" en 2003

"Black Swan"

"Deux sœurs pour un roi"


Source: Lire L’Article Complet