Meryl Streep, actrice affirmée et reconnue
On ne la présente plus : Meryl Streep, 71 ans, a joué dans des dizaines de films à succès, du populaire Le Diable s’Habille en Prada où elle incarne Miranda Pristley à Kramer contre Kramer, grâce auquel elle est révélée et obtient son premier Oscar.
Meryl Streep naît le 22 juin 1949 dans le New Jersey. Elle y grandit avec son père, pharmacien, et sa mère, artiste. Elle obtient un diplôme en art dramatique, puis un Master d’arts à Yale, où elle s’essaie au théâtre. Plus tard, la prestation de De Niro dans Taxi Driver l’intime à se tourner vers le cinéma.
Des débuts évocateurs
Déjà au début de sa carrière, Meryl Streep fait le choix de l’authenticité. Alors qu’elle passe plusieurs auditions sans être rappelée, elle postule pour le rôle principal de King Kong. Le réalisateur Dino De Laurentiis laisse entendre en italien qu’il la trouve laide. Dommage pour lui, Streep est polyglotte et le comprend. La légende dit qu’elle lui aurait répondu : « Je suis désolée que vous pensiez que je suis trop moche pour votre film, mais vous êtes juste une opinion dans un océan et je m’en vais en trouver une plus clémente. »
Une réflexion audacieuse que la jeune femme de l’époque, encore inconnue du public, n’aurait pas hésité à répliquer au pourtant célèbre réalisateur italien, rapporte la journaliste cinéma Karina Longworth.
C’est aux côtés de Jane Fonda et Vanessa Redgrave qu’elle obtient finalement son premier rôle au cinéma, dans Julia. Une expérience qui s’est mal déroulée, puisqu’elle racontait plus tard : « J’avais une perruque horrible et ils ont pris les répliques d’une scène que j’avais tournée avec Jane pour les mettre sur une scène différente dans laquelle je jouais. Je me suis dit que j’avais fait une énorme erreur, et que je ne ferai plus jamais de films. Je déteste cette industrie ».
Jane Fonda l’incite cependant à persévérer à Hollywood. Et elle fait bien : Robert De Niro, son acteur de prédilection, la repère et lui permet de jouer dans Voyage au bout de l’enfer. Le film lui vaut sa première nomination aux Oscars, alors qu’elle n’a pas encore 30 ans.
Consécration : une actrice respectée
Mais c’est Kramer contre Kramer qui lui permet de décrocher son premier Oscar. Et là encore, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense : « Ce n’est pas le discours d’une femme, c’est le discours d’un homme essayant d’écrire pour une femme », estime-t-elle des répliques qu’elle doit jouer. Elle les modifie.
Après plusieurs longs-métrages où ses prestations sont couronnées de succès, elle remporte un second Oscar, celui de la meilleure actrice cette fois, pour son rôle dans Le Choix de Sophie, qu’elle prend à Ursula Andress. Elle y apprend le polonais et allemand et décide qu’elle n’interprétera la scène tragique du film « éprouvante » pour elle, qu’une seule fois. L’équipe du film est contrainte de céder à ses exigences.
Les années suivantes, elle joue dans Out of Africa, où elle se dispute avec le réalisateur tout au long du tournage car elle est convaincue que son personnage, le rôle principal, doit employer un ton différent de celui que veut lui faire prendre Sydney Pollack. Il l’écoute.
Puis vient Un cri dans la nuit, qui lui fait remporter le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes, entre autres. Une prestation que le New York Times juge « époustouflante », affirmant que ce « genre de virtuosité redéfinit les techniques de jeu au cinéma ». Rien que ça.
Elle doit ensuite jouer dans une comédie musicale intitulée Evita, mais refuse, car elle estime ne pas être suffisamment payée. Peu de temps après, elle prend la parole lors d’une conférence de la Screen Actors Guild et dénonce le rôle donné aux femmes dans l’industrie cinématographique, aussi bien à l’écran que derrière. Elle s’offusque face aux inégalités salariales présentes dans le milieu.
Elle continue toutefois d’enchaîner les rôles jusqu’à Sur la route de Madison, réalisé par Clint Eastwood. Il lui dit de « rester naturelle », mais comme à son habitude, elle n’écoute pas et s’entraîne pendant des semaines pour avoir un accent italien parfait. Il accepte malgré tout son interprétation et Streep est nommée pour un nouvel Oscar. Fin des années 1990, elle remplace Madonna dans La Musique de mon cœur et est nommée une énième fois aux Golden Globes et aux Oscars. Une prouesse.
Une actrice populaire
Les moins de 40 ans la connaissent surtout pour ses rôles dans des films de culture populaire. Après s’être tournée dans les années 2000 dans des films plus engagées comme Mrs Dalloway, tiré de l’oeuvre de Virginia Woolf et traitant du sida, elle prend un virage vers la comédie. Elle vient à ce moment-là de devenir l’interprète, hommes et femmes confondus, la plus nommée aux Oscars de l’histoire. À ce titre, elle devient aussi à 54 ans la plus jeune récipiendaire du AFI Life Achievement Awards du American Film Institute, qui récompense chaque année un acteur ou une actrice pour sa carrière hors-du-commun.
C’est là qu’on la voit incarner Miranda Priestly dans la comédie Le Diable s’Habille en Prada en 2006, après quelques années consacrées au théâtre. « On trouve dans le jeu de Meryl Streep une infinité de nuances qui enrichissent sans cesse son personnage », écrit Critikat au sujet de sa performance. Quatorzième proposition à l’Oscar, sixième Golden Globe remporté. C’est à ce jour l’un des plus grands succès commerciaux de sa carrière.
La plus grande actrice des États-Unis est finalement devenue une star de cinéma
Plus tard, en 2008, elle joue dans Mamma Mia !, adaptation de la comédie musicale éponyme. Elle y chante les titres iconiques d’Abba en plus d’y interpréter le rôle principal. « La plus grande actrice des États-Unis est finalement devenue une star de cinéma« , juge le Boston Globe. Trois ans après ce succès, elle remporte son troisième Oscar grâce à La Dame de Fer, en 2011, film sur Margaret Thatcher. Un été à Osage County lui permet de jouer avec Julia Roberts et lui vaut une 18e nomination aux Oscar. Du jamais vu.
Plus récemment, elle a rejoint le casting de la série acclamée Big Little Lies, avec Nicole Kidman, Zoë Kravitz et Reese Witherspoon notamment. Cet hiver, elle a joué dans The Laundromat sur Netflix. En 2020, elle tourne dans The Prom, le prochain film de Ryan Murphy pour Netflix, où Ariana Grande est censée faire ses premiers pas d’actrice.
Au total, on lui compte 3 Oscars pour 21 nominations, 9 Golden Globes, 2 BAFTA et plus d’une vingtaine de nominations pour différentes récompenses américaines et internationales. Cela fait d’elle l’une des actrices les plus récompensées de l’histoire du cinéma.
Féministe et engagée
Meryl Streep s’est exprimée de nombreuses fois sur les discriminations que subissaient les femmes et a permis que certaines de ces problématiques prennent plus de place dans le débat public. Les inégalités salariales sont une thématique qu’elle critique ouvertement dans le cinéma, où les acteurs sont souvent plus payés que les actrices.
Sur le plateau de Canal +, elle raconte qu’on l’a évincée de son rôle dans Thelma et Louise, parce qu’elle était enceinte et que la production ne voulait pas lui accorder un délai supplémentaire.
Par ses rôles, où elle interprète des femmes déterminées, sûres d’elles et complexes, Meryl Streep participe à l’évolution de la place de la femme dans le cinéma hollywoodien. En refusant de se conformer, d’interpréter des rôles qui lui semblent être des visions erronées de la féminité, comme c’était le cas dans Kramer contre Kramer, et en donnant son avis sur ses rôles, même lorsqu’on ne le lui demande pas, elle montre l’exemple. L’exemple d’une femme qui s’affirme, et qui ose dire « non ».
Récompensée lors de la 74e cérémonie des Golden Globes, elle s’exprime et prend la défense des immigrés aux États-Unis et rappelle la nécessité d’une presse libre. Preuve qu’elle use de sa notoriété pour alerter. Elle dénonce implicitement Donald Trump, alors tout juste président. Il lui répond plus tard, à travers un tweet : « Meryl Streep est l’une des actrices les plus surestimées d’Hollywood et est un larbin d’Hillary qui a beaucoup perdu. »
Toutefois, lors de #MeToo, Rose McGowan l’accuse de n’avoir rien dit, elle qui aurait été au courant du comportement d’Harvey Weinstein. Meryl Streep lui répond dans un communiqué plein d’empathie envers la jeune femme : « Il avait beaucoup plus besoin de moi que je n’avais besoin de lui, et il s’est assuré que je ne sois au courant de rien ». Rose McGowan s’est excusé et a remercié l’actrice de sa compassion.
Meryl Streep et Don Gummer
Mais en dépit de sa carrière de renom et des dizaines de films dans lesquels elle a joué, Meryl Streep est restée proche des siens. Son amant dans les années 1970, John Cazale, est atteint d’un cancer du poumon qui s’est propagé jusqu’aux os, elle décide de rester à ses côtés autant que faire se peut et se bat pour qu’il ne soit pas remplacé à cause de sa maladie dans Voyage au bout de l’enfer. Elle va jusqu’à menacer de quitter le tournage. Elle accepte ensuite le rôle dans la mini-série Holocauste simplement pour payer ses frais médicaux.
À partir du moment une actrice atteint la quarantaine, plus personne ne s’intéresse à elle
Depuis 1978 et quelques mois après le décès de John Cazale, elle est mariée avec Don Gummer, un sculpteur américain. Ils ont quatre enfants : Henry, Mary Willa – connue sous le nom de Mamie Gummer, Grace et Louisa.
Par amour pour sa vie de famille, elle fait le choix dès les années 1990 de privilégier les longs-métrages autour de Los Angeles, pour ne pas avoir à les quitter. Elle reconnaît qu’elle a risqué gros en choisissant de faire passer sa famille en premier : « À partir du moment où une actrice atteint la quarantaine, plus personne ne s’intéresse à elle. Alors si vous voulez devenir mère, il faut choisir ses rôles avec grand soin », explique-t-elle à l’époque.
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