Marion Barbeau en 7 indices : "Je me disais que jouer la comédie, ce n’était pas mon métier"
Nommée Première danseuse à l’Opéra de Paris en 2018, Marion Barbeau fait des premiers pas envoûtants au cinéma dans En corps de Cédric Klapisch et fourmille de projets.
Pogo
Son père, dentiste et fan de rock, met la musique à fond tous les dimanches matin pour étouffer le boucan des travaux d’encadrement de la voisine.
L’occasion pour Marion et sa grande sœur Julie de danser le pogo sur The Cramps et New Order dans le salon de l’appartement familial, à Nogent-sur-Marne. « Mon attrait pour la danse classique reste mystérieux mais l’envie de bouger et de danser vient de là. »
Cayenne
Dès l’âge de 6 ans, sa mère l’accompagne à ses premiers cours de danse, tenus dans un ancien garage de Fontenay-sous-Bois. « Je dois beaucoup à ma professeure, Madame Le Van, qui nous faisait faire des choses trop dures pour que nous n’ayons jamais peur de rien… par exemple les trente-deux fouettés. »
Avec sa classe, Marion, adolescente, part à Cayenne où ses homologues guyanaises l’initient aux rythmes hip-hop… Lorsqu’elle intègre l’école de danse de l’Opéra national de Paris, elle continue à répéter le week-end avec Madame Le Van.
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Chats
Elle vit depuis dix ans avec Oggy (« comme les dessins animés Oggy et les cafards »), un chat « très collant mais aussi très populaire », qu’elle envoie chez ses parents quand elle part en tournée.
« Ils sont fans de chats comme moi. Quand on étudie le mouvement, c’est intéressant d’observer leurs manières de se propulser, de se réceptionner ou de s’étirer… » Avant Oggy, il y a eu Charly puis Nina, une petite chatte nommée d’après l’héroïne de la série littéraire Danse ! d’Anne-Marie Pol (Éd. Pocket Jeunesse).
Éric Rohmer
« Le jour où mon père m’a emmenée voir Bean, j’ai décrété que je détestais le cinéma. » Mais en dernière année, sur le chemin de l’école de danse de l’Opéra à Nanterre, elle s’arrête deux fois par semaine à l’UGC Ciné Cité de La Défense avec sa meilleure amie, Silvia Saint-Martin (aussi première danseuse).
Plus tard, suite à une rupture amoureuse, Marion se passionne pour les films d’Éric Rohmer, surtout Ma nuit chez Maud. « Je me suis sentie moins seule. » Elle aime aussi les Wong Kar-Wai « car même quand les personnages marchent, ils dansent ».
Comédie
Cédric Klapisch fait régulièrement des captations de spectacles à l’Opéra. Parmi elles, la pièce The Art of Not Looking Back (2018) où danse Marion. « Cédric m’avait parlé de son nouveau projet En corps mais je pensais qu’il voulait juste échanger avec des danseuses pour nourrir son scénario. »
En mai 2020, elle est invitée à passer des essais : « Je me disais que jouer la comédie, ce n’était pas mon métier… En réalité, j’avais très envie de faire ce film. » Un mois plus tard, elle est choisie pour le rôle-titre et apprend qu’elle partagera l’affiche avec Hofesh Shechter.
Bois Brûlé
Il y a deux ans, elle achète un atelier à Montreuil pour y habiter. Les travaux repoussés à cause de la pandémie, elle ouvre le lieu à des artistes en résidence, comme le chef d’orchestre Maxime Pascal.
« J’ai confié la rénovation à ma sœur, décoratrice d’intérieur… » Sont prévus un escalier en bois brûlé, et au premier étage une salle de danse pour des répétitions. Fait du hasard : l’atelier a appartenu à un ancien staffeur de l’Opéra de Paris qui a laissé deux stucs en forme de lyre.
Sorcière
« À l’Opéra, j’ai travaillé avec la chorégraphe et danseuse israélienne Sharon Eyal. C’est une sorte de sorcière, elle est très animale, très instinctive… Elle part du classique, pour en faire quelque chose de distordu et groovy. L’idée serait de retravailler avec elle. »
En attendant, c’est avec Laura Bachman, quadrille à l’Opéra, qu’elle prépare un projet sur un sens essentiel, le toucher.
En corps avec aussi Pio Marmaï, François Civil… En salle le 30 mars.
Ce portrait a été initialement publié dans le n°835 de Marie Claire, daté avril 2022.
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