Louis Sarkozy, le déroutant parcours d'un fils de président

À 22 ans, le fils de Nicolas Sarkozy publie un livre d’échanges épistolaires avec sa mère Cécilia Attias, intitulé Une envie de désaccord(s), qui paraîtra fin octobre. Portrait d’un garçon resté longtemps loin des radars français.

Jusqu’ici, il était surtout – peu – connu pour ses tweets censurés, son penchant pour les armes lourdes et ses longs mois d’affrontements sanglants avec Léonard Trierweiler sur Twitter. Mais ça, c’était avant. Avant qu’il ne revienne à tout juste 22 ans, sur le point de décrocher un diplôme en philosophie et histoire de l’art à l’université de New York (NYU) d’une part ; se présentant comme «shoe designer» de l’autre. Le fils de Nicolas Sarkozy a en effet annoncé mi-avril le lancement d’une collection de mocassins à picots en collaboration avec le chausseur espagnol Boonper. Derrière un stylisme on ne peut plus classique, la patte du jeune Sarkozy s’exprimerait surtout à travers les intitulés des susdits souliers : les «Curie» pour Marie Curie, les «TJ» pour Thomas Jefferson, les «William» pour Shakespeare ou les «Sigmund» pour Freud. Un pari modeux et une surprise de plus dans le parcours anticonformiste du benjamin de l’ex-président de la République.

Le jeune homme s’apprête, par ailleurs, à publier un livre d’échanges épistolaires avec sa mère Cécilia Attias. Venu promouvoir au micro de France Inter, ce jeudi 24 octobre, l’ouvrage Une envie de désaccord(s), aux éditions Plon, le duo a évoqué la possibilité d’une carrière politique pour le fils de l’ancien président de la République. Pour Cécilia Attias, Louis Sarkozy «est l’homme politique de demain» – «on verra si c’est sa voie, sa vocation ou son envie», ajoute-t-elle. Le principal intéressé, quant à lui, ne semble pas de cet avis : «Je n’ai aucune volonté politique (…) mais on en reparle en 2035, plaisante-t-il. Je vis aux États-Unis pour l’instant, je pars à l’étranger pour travailler dans le privé mais je n’ai absolument aucune volonté politique, je vous l’assure.»

Une enfance entre Beauvau et Bercy

Nicolas Sarkozy caresse la joue de son fils Louis lors de son investiture à l’Élysée, à Paris, le 16 mai 2007.

Comme Chelsea Clinton ou même les filles Obama, Louis Sarkozy est pourtant de ceux qui sont nés dedans. Dans le monde si particulier de la grande politique. À 5 ans, le fils Cecilia Ciganer, son nom de jeune fille, et Nicolas Sarkozy apprenait à lire entre les murs du ministère de l’Intérieur. À 7 ans, il vivait à Bercy. À 11 ans à peine, il foulait le perron du 55, rue du Faubourg Saint-Honoré pour l’investiture de son père à l’Elysée. «J’ai été élevé par des officiers de sécurité, confie-t-il à Paris Match en 2015. Quand tous mes potes se retrouvaient pour jouer ensemble, moi j’étais dans le bureau de la sécurité en train de jouer à Half-Life ou à d’autres jeux vidéo avec eux. À 7 ou 8 ans ils m’emmenaient tirer, j’avais déjà une vraie passion pour les armes». «Gun lover», lisait-on il n’y a pas si longtemps dans sa description Twitter.

Ceci expliquant cela, il se voue rapidement à une carrière militaire, se rêvant US Marines. Après deux ans au lycée français de New York, où il arrive en 2007 avec sa mère (à la suite la rupture post-élection présidentielle de ses parents), le benjamin des fils Sarkozy intègre à 14 ans la Valley Forge Academy, une école militaire située à Tredyffrin, au nord-ouest de Philadelphie. Le cursus commence par six semaines d’entraînement intensif sans contact possible avec sa famille. «Au moment de dire au revoir à ma mère, je suis tombé dans les pommes, avoue-t-il avec un léger accent anglais dans la vidéo de Paris Match. Je voulais vraiment y aller mais j’étais très émotif.»

Vacances à l’Élysée et clashs sur Twitter

Louis Sarkozy en uniforme militaire dans le cadre de son cursus à la Valley Forge Academy, dans laquelle il entre en 2011, à 14 ans.

Là-bas, il se fait appeler Louis Adams, pour que personne ne sache qu’il est le fils du président de la République. Ceci n’est pas sans rappeler le nom d’emprunt utilisé par le prince Harry, Henry Wales, lors de ses mois passés dans l’Army Air Corps. «En troisième année, je tirais entre 150 et 300 cartouches par semaines», dit fièrement celui qui voit son père pour les vacances, à l’Elysée. Seul souvenir intact de ses moments passés dans la demeure présidentielle, les excursions dans les jardins avec son copain Geoffrey, en pleine nuit, déguisés en militaires. S’il ne nie pas avoir toujours connu son père très occupé, il avoue aussi ne jamais en avoir souffert, très entouré par les membres du personnel – ses «40 papas» – et ses demi-frères Pierre et Jean Sarkozy, de dix ans ses aînés.

Ses années «militaires» sont marquées par sa relation avec Capucine Anav, star des «Anges de la téléréalité» puis chroniqueuse dans l’émission «Touche pas à mon poste» sur C8. «Je n’avais que 16 ans vous savez», rappelle-t-il à Gala dans le numéro du 18 avril. «Me retrouver dans une espèce d’exposition médiatique de cette nature, ce n’était ni voulu ni calculé. J’en ai subi les conséquences plus qu’autre chose». Conséquences qu’il subit également dans le cadre de sa bataille 2.0 contre le fils de Valérie Trierweiler sur Twitter. Grosso modo, quand @Sarko_Junior lâchait «Ça doit être dur d’être connu comme le fils de l’ex, et vraiment, quel homme il est ce François, elle a de bon goût ta mère» (sic), @trierweiler3 répondait : «C’est tata Nadine qui écrit tes tweets pour être si arrogant et nul en français ?» La hache de guerre est publiquement enterrée en 2015 autour d’un apéro improvisé en terrasse.

Philosophie et mocassins

Louis Sarkozy et sa petite amie Natali Husic regardent un match du PSG dans les tribunes VIP du Parc des Princes, à Paris, le 20 août 2017.

Depuis, Louis Sarkozy est un homme neuf. Il mesure 1,90 m, déjà. Son avatar Twitter n’est plus @Sarko_Junior mais le plus apaisé @Louis_Kozy. La mention «Gun lover» a d’ailleurs été remplacée par une citation sur les esprits indépendants de l’intellectuel anglais Christopher Hitchens. Alors qu’il devait logiquement intégrer l’université militaire The Citadel, en Caroline du Sud, pour un jour devenir GI, Louis Sarkozy a changé son fusil d’épaule et s’est inscrit à l’université de New York (NYU) section philosophie, histoire de l’art et des religions, dont il devrait être diplômé à la fin de l’année. Deux ans après sa rupture avec Capucine Anav (un temps en couple avec Alain-Fabien Delon), il s’affiche avec une jeune Américaine dénommée Natali Husic, moitié mannequin, moitié étudiante en art dramatique à New York.

Pour couronner le tout, ses feus tweets assassins et autres odes au bazooka ont soudain fait place à une tribune étrange sur la place des stars dans la politique. Elle est publiée en octobre 2017 par le magazine conservateur Washington Examiner, sous le titre : «When it comes to politics, celebrities are out of control – and it’s our fault» (Quand elles se retrouvent en politique, les célébrités sont incontrôlables, et c’est de notre faute). La première d’une longue liste (29 au total), parmi lesquelles une réflexion sur la transmission de la religion par les parents et un pamphlet sur les mystères de la prostitution. Les textes restent assez confidentiels aux États-Unis. Ils continuent en revanche de nourrir le portrait de ce jeune homme inclassable, fan de PSG et de sa petite (demi-)soeur, Giulia Bruni-Sarkozy. Aujourd’hui chausseur, donc. Chasseur d’autres projets demain.

*Cet article initialement publié le 6 mai a fait l’objet d’une mise à jour.

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