Le jour où Sylvie Vartan a dû fuir la dictature stalinienne et dire adieu à son grand-père

« Ce qui fait que les grands-parents s’entendent aussi bien avec les petits enfants, c’est que, pour ces derniers, la vie n’est pas encore assez sérieuse et que, pour les aïeuls, elle ne l’est plus autant. » Cette phrase de l’auteur Tristan Bernard est une citation qui introduit le livre de la journaliste Nathalie Lévy qui interroge des célébrités françaises sur leur relation avec leurs ancêtres.

Chers grands-parents (Éd. Albin Michel), publié ce mercredi 22 février 2023, raconte par exemple l’histoire de Sylvie Vartan, qui raconte le jour où elle a dû faire ses adieux à son grand-père chéri alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. En 1952, la star et sa famille quittait précipitamment la Bulgarie pour fuir la dictature de Staline.

Une relation fusionnelle avec son grand-père

Comme le précise l’autrice de l’ouvrage, l’histoire de famille de Sylvie Vartan est celle d’un « déracinement ». L’artiste née le 15 août 1944 en Bulgarie dévoile sa relation particulière avec Robert, son aïeul : « Il m’adorait et c’était un plaisir d’être à ses côtés. »

La chanteuse se souvient : « Il y avait une régularité dans nos rituels, la routine d’une maison où régnait l’amour, l’harmonie, la musique… ». De celui qu’elle surnommait « Dedy », elle garde « des souvenirs fondateurs absolument merveilleux ».

  • Rivalité entre grands-parents : une quête de reconnaissance déguisée qui vient réveiller les névroses du passé
  • Grandir sans grands-parents : s’enraciner sans ses aînés

La famille Vartan quitte la Bulgarie pour Paris 

À l’âge d’environ sept ans, sa vie et celle de son frère Eddie basculent. La dictature communiste bulgare s’endurcit : « Staline était placardé partout ; on apprenait à l’aduler, on devait l’appeler l’oncle Staline… C’était abominable. »

Son père, comme tant d’autres, est soupçonné d’être « un espion à la solde de l’Occident ». Georges Vartan doit alors impérativement « quitter son poste à l’ambassade de France en Bulgarie ». Toute la famille de la future star de la chanson française quitte la maison familiale d’Iskretz pour se réfugier à Sofia, capitale de la Bulgarie… Peu de temps après, sous les conseils du grand-père Dedy, ils décident de dire au revoir définitivement à leur pays.

Son père, né en France, possédait « des papiers tout à fait légaux et en bonne et due forme pour nous quatre », précise-t-elle dans le livre témoignage. Après un premier refus de la part de l’Agence de la sécurité nationale, ils partent finalement pour Paris sous une « pression » terrible.

Des adieux déchirants à la gare

Le jour du départ, l’interprète de Si je chante ne se doute pas que son grand-père et sa grand-mère ne seront pas du voyage : « Je l’ai compris seulement quand j’ai vu mon grand-père courir derrière le train… Maman m’avait prise dans ses bras et on le voyait devenir tout petit par la fenêtre quand le train a pris de la vitesse. » Pour elle, ce moment fut « horrible » et un choc : « L’enfance est partie, elle est restée avec lui sur le quai. »

Dans une interview accordée à Paris Match en 2015, Sylvie Vartan expliquait que l’idée d’avoir « une nouvelle vie » à Paris était à la fois source d’anxiété et d’excitation.

Si sa grand-mère a pu venir des années après leur arrivée à la capitale française, son « Dedy » est mort avant. Sylvie Vartan n’a jamais pu revoir son grand-père. Par cette fuite, la chanteuse populaire est marquée à vie : « Depuis, je ne supporte pas l’idée des départs. (…) C’est resté tatoué dans mon cœur. »

Son retour en Bulgarie

En 1990, soit moins d’un an après l’éclatement du régime, Sylvie Vartan retourne sur sa terre natale et se produit pour la première fois sur une scène bulgare. « Ça a été le concert le plus bouleversant de ma vie, les moments les plus forts que j’aie partagés avec le public : tout le monde pleurait, et moi avec », se souvient-elle très émue.

Cet évènement a d’ailleurs été l’occasion pour elle de « retrouver les lieux de [son] enfance », de « revoir la maison de [son] grand-père » et aussi de se recueillir sur sa tombe. Sa chanson Mon père parle d’ailleurs de « tous les hommes de [sa] famille », dont son grand-père. « Que la maison me parait vide / Sans son désordre et sans sa voix / Ça me semble encore impossible », entonne-t-elle dans cette balade hommage.

Vendredi 13 mai 2022, bouleversée par la guerre en Ukraine et l’invasion de la Russie de Poutine, la chanteuse a sorti un album digital et caritatif pour récolter des fonds en faveur des enfants victimes du conflit. Appelé Odessa, en référence à la ville ukrainienne éponyme, le disque comporte cinq titres dont les bénéfices sont reversés à l’ONG Unicef (Association de Défense des Droits de l’Enfance).

La veille, elle expliquait au Parisien soutenir les Ukrainiens, « dont le courage force l’admiration ».

  • Le jour où Martin Luther King a payé la facture de la maternité à la naissance de Julia Roberts
  • « Stop à la guerre en Ukraine » : le chanteur Raphaël partage une photo de sa grand-mère ayant fui l’armée russe en 1920

Source: Lire L’Article Complet