Le jour où Richard Gere a été blacklisté d’Hollywood
Richard Gere est l’un des gros acteurs hollywoodiens des années 1980 et 1990. Pretty Woman (1990), Just Married (ou presque) (1999) ou encore Chicago (2002), il s’est imposé aux côtés de grandes célébrités comme Julia Roberts, Catherine Zeta-Jones, Tom Cruise…
Mais, dès le milieu des années 2000, Richard Gere se fait de plus en plus discret, jusqu’à se volatiliser des tournages de grosses productions et des tapis rouges. Un boycott, selon lui, qu’il subit en majeure partie à cause de ses positions engagées contre la Chine.
Richard Gere, grand défenseur du Tibet
L’acteur converti au bouddhisme s’est engagé à défendre le Tibet de l’occupation chinoise, en place depuis les années 50. Une vocation personnelle qu’il développe après un voyage dans les années 1970 en Asie, où il découvre comment la Chine traite la population tibétaine.
À plusieurs reprises, il n’hésite pas à défendre ses opinions et à dénoncer les répressions des autorités chinoises, notamment envers les moines tibétains, qui poussent certains au suicide. En 1987, il co-fonde l’association Tibet House à New York.
Si au début de sa carrière, son engagement ne semble pas l’empêcher d’être à l’affiche de blockbusters, sa prise de position va petit à petit entraver l’évolution de sa carrière. En 1993, il est invité aux Oscars pour remettre le prix de la meilleure direction artistique. Il profite de son passage sur scène, de l’audience et de cette visibilité, pour passer un message politique qui lui tient à cœur.
« Je me demande si Deng Xiaoping (alors chef d’Etat de la Chine, ndlr) regarde cela en ce moment, aux côtés de ses enfants et ses petits-enfants. Tout en sachant la situation horrible, épouvantable des droits de l’Homme en Chine », lance Richard Gere.
Le discours ne plait pas du tout à l’Académie des Oscars, qui le bannit des prochaines cérémonies. Pendant 20 ans, il est persona non grata de la grande messe du cinéma international.
Richard Gere est également interdit à vie d’entrer sur le territoire chinois.
Le film de trop ?
Un autre pas est franchi par l’acteur avec la sorti, en 1997, du film Red Corner, de Jon Avnet.
Richard Gere y joue le rôle de Jack Moore, avocat et négociateur, de passage en Chine, à Pékin. Enivré par la bonne tournure que prend la négociation, il rentre à son hôtel en compagnie d’une belle inconnue. Réveillé au beau milieu de la nuit par la police chinoise venue forcer sa porte, il découvre alors le corps ensanglanté de sa maîtresse.
Victime d’un coup monté, son seul espoir est son avocate commise d’office qui va devoir faire preuve d’audace et aller à l’encontre du système.
Le long-métrage est censuré en Chine et connaît un échec au box-office américain, où il ne fait que 22 millions de dollars de recettes. Cet échec est symptomatique de ce qui va suivre.
La Chine est devenue un marché important et prolifique, avec de nombreux spectateurs, pour les films d’Hollywood. Les positions de Richard Gere contre le pays étant publiques, l’avoir dans des productions américaines auraient pu contrarier la sortie des films, voire entraîner leur censure.
De Hollywood au cinéma indépendant
Comme l’explique Erich Schwartzel dans AirMail : « Dans ce nouveau paradigme, Richard Gere était trop radioactif pour être embauché (…) Il est certain qu’aucun nouveau volet de la franchise Marvel Studios ne récolterait les 200 millions de dollars de recettes chinoises requis s’il mettait en vedette quelqu’un d’aussi critique que lui. »
Pour éviter de voir leurs recettes chuter, Richard Gere aurait donc été implicitement blacklisté par les réalisateurs et producteurs d’Hollywood.
« Il y a clairement des films dans lesquels je ne peux pas jouer parce que les Chinois diraient : ‘Pas lui' », a ainsi déclaré l’acteur à The Hollywood Reporter, en 2017. « J’ai récemment eu un exemple où quelqu’un a dit qu’il ne pouvait pas financer un film avec moi parce que cela contrarierait les Chinois », confie-t-il.
Malgré ce boycott, Richard Gere n’a jamais changé de position et a toujours défendu la population tibétaine. Il a continué sa carrière mais s’est davantage consacré à des films indépendants.
« J’ai eu suffisamment de succès au cours des trois dernières décennies pour pouvoir me permettre de faire ces [petits films] maintenant ». Il a notamment été aperçu dans Norman (2017) du réalisateur israélien Joseph Cedar, et Time Out of Mind (2015), de Oren Moverman.
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