Le gendarme de Saint-Tropez (6Ter) : comment est née la saga qui a fait de Louis de Funès une star ?

Ce soir, 6Ter diffuse Le gendarme de Saint-Tropez, premier volet d’une saga comique culte en six épisodes, qui a fait de Louis de Funès une immense star… à cinquante ans !

Le gendarme de Saint-Tropez, c’est l’histoire d’une comédie culte et d’un acteur, Louis de Funès, qui en a profité pour devenir une icône. Au final, les six aventures de la brigade de gendarmerie de Saint-Tropez ont été vues par plus de 35 millions de spectateurs. Elles font de Fufu l’acteur le plus populaire de France.

A l’origine de la saga du gendarme, il y a une mésaventure survenue au scénariste Richard Balducci au début des années 1960. En repérage dans le Var pour un film, il se fait voler sa caméra dans sa voiture et décide de porter plainte à la gendarmerie de Saint-Tropez : « Il était midi, se souvient-il. En arrivant, j’ai trouvé un gendarme assis à califourchon. Avec beaucoup de difficulté, il s’est levé pour prendre ma plainte et m’a expliqué qu’il connaissait mon voleur et l’avait raté de cinq mètres, quelques jours plus tôt ». De retour à Paris, il évoque cet épisode devant Louis de Funès, qu’il a connu quand ce dernier était encore pianiste dans un bar de nuit. Emballé, le comédien s’exclame : « On va en faire un film. C’est un très bon départ de film ! » Ils font alors appel au réalisateur Jean Girault, qui vient d’offrir à l’acteur son premier rôle en haut de l’affiche dans Pouic-Pouic, co-écrit par Balducci.

De Funès, star … à 50 ans

De Funès s’investit à fond dans le scénario : c’est lui qui a l’idée de la scène en 2 CV avec la nonne foldingue incarnée par France Rumilly, qui avait joué sa fille dans Les Veinards, et de la scène culte où il chante «une poule sur un mur». Il ne touchera pourtant qu’un modeste cachet de 90 000 francs (contre 2,5 millions pour le quatrième film de la série). Sur le tournage, il coiffe le képi du maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot, nouvellement affecté dans la commune de Saint-Tropez où son intransigeance colérique étonne ses subalternes, une joyeuse équipe de bras cassés interprétés par Jean Lefebvre, Christian Marin, Michel Modo et Guy Grosso. «Le gendarme est à la nation ce que le chien de berger est au troupeau. Il faut souvent aboyer, parfois mordre, mais toujours se faire craindre», leur assène-t-il, avant de les entraîner sur la plage pour chasser les nudistes. Face à Michel Galabru, qui joue l’adjudant Gerber, incarnation de l’autorité ventripotente, le génie de Fufu explose dans un personnage cartoonesque, colérique et tyrannique. Le gendarme de Saint-Tropez sort en salles le 9 septembre 1964 et fait un carton : près de huit millions de spectateurs. Le comique agité devient une star, à 50 ans, fort de deux autres succès sortis dans la foulée : Fantômas – début d’une autre saga mythique avec Jean Marais – et Le Corniaud, qui scelle sa rencontre avec Bourvil.

Les 5 suites du gendarme

Porté par ce premier succès, l’équipe rempile pour une nouvelle aventure. L’hyper-actif Cruchot et sa brigade traversent l’Atlantique dans Le Gendarme à New York (1965). Sur le paquebot France, le réalisateur Jean Girault et sa troupe improvisent la scène culte de la leçon d’anglais : «My taylor is rich». Nouveau carton en salles. Dans Le Gendarme se marie (1968), Cruchot rencontre la femme de sa vie, Josépha, veuve d’un colonel de gendarmerie, incarnée par Claude Gensac qui avait déjà été sa « biche » dans Oscar et Les Grandes Vacances. Après les noces, le voilà à la retraite dans Le Gendarme en balade (1970), puis confronté à des aliens en mission de reconnaissance sur Terre dans Le Gendarme et les extra-terrestres (1979). Le scénario est indigent et l’absence de Jean Lefèvre, Claude Gensac et Christian Marin se fait cruellement sentir. Quant aux effets spéciaux avec la soucoupe volante, ils prêtent à rire. Le tournage du Gendarme et les gendarmettes, ultime opus de la saga, est endeuillé par le décès brutal à 58 ans du réalisateur, Jean Girault, des suites d’une tuberculose. Trois mois après la sortie du film, Louis de Funès succombe à son tour à un infarctus, le 27 janvier 1983, à 68 ans.

Cruchot remonte le temps

Quant au bâtiment qui accueillit des brigades de 1879 à 2003 et servit de décor aux six films, il est devenu en 2016 le Musée de la gendarmerie et du cinéma. Le public peut y découvrir le scénario original du septième volet de la saga, Le Gendarme et l’empereur, auquel travaillaient Richard Balducci et Louis de Funès quand ce dernier décéda. Sur le principe des Visiteurs, Cruchot et ses acolytes remontent dans le temps et débarquent à Waterloo où ils deviennent les conseillers de Napoléon. Cette histoire-là, on aurait aimé la voir un jour ! Par ailleurs, depuis l’été dernier, Louis de Funès a enfin son musée à Saint-Raphaël dans le Var.

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