Corinne Masiero évoque son passé dans la rue : “C’est compliqué de demander à bouffer”

Interviewée par Konbini à l’occasion de la sortie en salles, le 3 mai dernier de La Marginale, Corinne Masiero s’est livrée sur son passé de sans domicile fixe. L’actrice de 59 ans a livré un témoignage bouleversant sur la réalité de son ancien quotidien, dans la rue.

À l’écouter, on pourrait croire que Corinne Masiero a eu mille vies. À 59 ans, l’actrice est reconnue pour ses talents d’interprétation et appréciée des Français pour son authenticité. Actuellement à l’affiche de la comédie La Marginale, la star de Capitaine Marleau s’est entretenue avec Konbini et a accepté de revenir sur son passé de sans domicile fixe, dans sa vingtaine. “Parfois, tu trouves des gens qui te paient à manger, soit tu te fais inviter, soit tu fais avec ce que t’as : un bout de baguette encore sec que tu mets sous la flotte pour le ramollir un peu, tu mets ça dans un pot de moutarde ou de mayonnaise et tu manges ça”, s’est-elle ainsi souvenue, avant de rappeler qu’il n’est jamais facile de faire la manche. “C’est tellement compliqué de demander à bouffer…”

Pour l’avoir vécu, Corinna Masiero décrit le sentiment qui envahit les personnes dans le besoin. “On se fout la honte soi-même alors qu’on ne devrait pas.” Sur La Marginale, où elle campe Michèle, une SDF qui squatte les couloirs de Roissy, l’actrice a pu apporter une véritable plus-value à son personnage, en suggérant notamment quelques changements dans la mise en scène de certaines séquences à l’aéroport. “Frank [Cimière] me décrivait ce que je devais faire et je lui disais : ‘Attends, je ne vais pas foutre mon sac là. Moi quand je faisais ça, je l’attachais. Surtout, tu n’enlèves pas tes chaussures…’ C’étaient des petits détails comme ça qui ont pu aider”, a-t-elle confié à Konbini.

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Corinne Masiero raconte ses soirées les plus sombres dans la rue

Sans filtre sur ses différentes expériences quand elle vivait dans la rue, Corinne Masiero s’est aussi remémoré comment se passaient la plupart de ses soirées. “Au mieux, j’ai parfois occupé un canapé chez les gens que je rencontrais, ou c’était devant un magasin qui était un peu protégé de la pluie ou dans un parking, sur un banc. J’allais beaucoup à des soirées, dans des boîtes”, a-t-elle raconté, rappelant qu’elle avait souvent dû se prostituer pour rester au chaud, en attendant que le soleil se lève. Souvent confrontée à des hommes lui offrant “un bout de tapis” contre des faveurs sexuelles, la Douaisienne s’est souvenue avoir été “violée par un ami”.

Lors de cette interview, l’actrice des Invisibles a aussi évoqué la précarité menstruelle à laquelle les femmes SDF doivent faire face. “Moi j’ai jamais réussi à commander le flux et comme c’était les chutes du Niagara… à l’ancienne : t’as un vieux tee-shirt qui traîne, tu le mets dedans, tu le retournes, tu le remets en boule, ou alors avec des papiers, des journaux”, a-t-elle expliqué. Consciente du mépris d’une certaine frange de la population française à l’égard des sans domicile fixe, Corinne Masiero a aussi profité de cet entretien avec Konbini pour faire une piqûre de rappel : “Arrêtez de dire que c’est une question de volonté, c’est pas une question de volonté. Sortez de votre bulle, allez parler avec les gens qui sont dans la merde.”

Crédits photos : MPP / Bestimage

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À seulement 17 ans, l’actrice est tombée une première fois enceinte de son premier mari, Roger Vadim. Les avortement étant alors punis par la loi, c’est à Megève, en Suisse, qu’elle décide d’interrompre sa grossesse dans des conditions « déplorables ». « Les douleurs qu’elle a ressenties furent atroces. Elle est traumatisée », écrit Pascal Louvrier dans son ouvrage Vérité BB (éditions Tohu-Bohu). Une intervention « dans des lieux glauques, sans hygiène » au cours de laquelle, BB a failli perdre la vie par manque de soin : « Comme la bête dont on brûle le cuir au fer rouge, elle garde de cette épreuve une peur panique de la maternité ». Refusant de devenir mère, Brigitte Bardot – qui tombe une seconde fois enceinte de son moi – avorté une seconde fois, en Suisse, « au fond d’un appartement ». Là encore, l’actrice frôle la mort lorsque « le saignement se transforme en hémorragie » et qu’elle fait un arrêt cardiaque sur la table d’opération. Lorsqu’elle tombe enceinte une troisième fois de son second mari, l’acteur Jacques Charrier, aucun médecin n’accepte de l’aider à avorter. Elle donne alors naissance à Nicolas. Une grossesse qu’elle décrit comme « une tumeur qui s’était nourrie de moi ».

C’est par peur qu’on la « massacre », comme ce fut le cas d’une amie pendant son adolescence, que Nadine Trintignant s’est rendue – elle aussi – rendue en Suisse pour avorter. Enceinte de son ex-mariJean-Louis Trintignant, la comédienne qui n’avait pas encore eu d’enfant confie au magazine Elle en novembre 2021 son choix : « On n’avait pas un rond, pas de quoi nourrir un enfant. (…) J’avais emprunté de l’argent à Françoise Sagan avec qui j’étais amie. Avec l’argent de Françoise, je suis partie chez un médecin à Genève« . Des années plus tard, la maman de la défunte Marie Trintignant honore sa dette : « On jouait au Poker à Saint-Tropez, Jean-Louis était un grand joueur, il gagnait un argent fou contre Françoise. Je lui ai glissé à l’oreille : ‘Ne prends pas un sou à Françoise, on lui doit de l’argent‘. Elle avait oublié. Je lui ai dit : ‘Mais si, tu te rappelles, on est allées chez le médecin – Ah oui, celui qui nous avait traitées de putes, c’était pas marrant !’« 

En 2008, Nathalie Baye a confié dans les colonnes de Marie-Maire y avoir eu recours : « La première fois, je n’avais pas 20 ans. J’étais trop jeune, c’était mon premier amoureux, on n’avait pas un rond, c’était une évidence. La seconde fois, cela a été plus douloureux. Je n’étais pas certaine de la durée de l’histoire que je vivais ». Rachida Brakni, à qui Nathalie Baye donne la réplique dans le film Les bureaux de Dieu a fait ce même choix à 23 ans : « Complètement paumée, je ne savais pas quoi faire. Finalement j’ai pris cette décision. J’avais pris tous les rendez-vous, psy, médecin, et j’ai fait une fausse-couche ».

Quand Corinne Masiero évoque les trois avortements qu’elle a vécus, c’est pour briser un tabou. Dans une interview accordée au magazine Causette, l’actrice de Capitaine Marleau raconte que la première, elle n’avait que 15 ans et celui qui l’avait « encloquée » n’était pas là pour la soutenir : « ll m’a dit : ‘Fais comme tu veux.’ Ça m’a coupé le souffle. Moi je subissais toute l’angoisse d’avoir un truc en moi qui risquait de grossir et de briser ma vie, sans que j’aie les moyens de l’élever ». Seule le jour de son avortement, elle a pu compter sur le soutien et l’aide d’une infirmière : « Après l’intervention, j’ai éclaté en sanglots. Je n’ai pas compris pourquoi, car c’était un soulagement ». Si elle n’a jamais regretté ses choix, l’actrice déplore le comportement des hommes et ses partenaires : « À chaque fois, c’est moi qui gérais le bazar. J’avais de la compassion venant de mes potesses, dont certaines étaient déjà passées à la casserole. […] Les personnes de sexe masculin, ça ne leur venait même pas à l’esprit d’en parler ».

Discrète sur sa vie privée, Tatiana Silva a pris la décision de parler de son avortement dans son livre Tout commence par soi. Lors d’un entretien accordé à Gala en septembre 2016, l’animatrice télé est revenue sur son choix d’en parler publiquement. « Ce n’est pas une décision anodine. En parler non plus. J’ai eu tout d’abord quelques craintes, mais personne ne doit juger ma vie. Et nous avons beaucoup de chance, en France d’avoir ce choix ». « Pas du tout mature » quand elle apprend qu’elle est enceinte, elle comprend au fil du temps que « l’idée d’avoir à m’occuper de quelqu’un d’autre que moi était inconcevable ».

Quand certaines avortent par manque de moyens ou parce qu’elles n’ont pas envie de devenir mère, d’autres le font à cause de problèmes de santé. Atteinte d’hypofertilité, à seulement 17 ans Barbara Pravi est tombée enceinte trois fois, alors qu’elle prenait une pilule contraceptive. Dans son titre Chair, la chanteuse raconte son parcours médical et son choix de ne pas poursuivre ses grossesses, mais aussi le regard des autres et la honte qu’elle a pu ressentir. « T’as 17 ans, quasi 17 et demi. Une boule immense dans le cœur. Tu traverses la cour, t’espères croiser personne. Que ça dure pas longtemps. Une pilule puis voilà ? La honte, elle passera. T’es comme l’enfant percé que le futur remplira. Mais c’est trop tôt pour ça », chante-t-elle. Dans son texte, la jeune femme se souvient des violences médicales qu’elle a affronté lors de ses avortements : « Barbara, vous êtes sûre ? On t’explique la vie, autour ça s’agite. Et puis y a cette phrase qu’on te jette à la gueule. Mais vous n’êtes qu’une pute, c’est ce qui arrive, bah ouais. Vous êtes pas protégée et vous serez peut-être stérile. Fallait y penser. Bien sûr que t’y as pensé ».

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