Catherine Deneuve, l’icône suprême

À 75 ans, elle reste l’une des actrices les plus demandées du cinéma français. Catherine Deneuve fascine par son parcours loin d’être banal. Portrait d’une comédienne qui ne cherche pas à entrer dans les cases.

Son nom est connu dans le monde entier et pourtant, elle ne fait rien comme les autres. Comédienne depuis son plus jeune âge, Catherine Deneuve n’en finit pas de nous étonner. À aujourd’hui 75 ans, l’actrice, récemment à l’affiche de « Tout nous sépare » est un mystère à part entière. Retour sur le fabuleux parcours de l’insoumise du cinéma français.

Naissance au sein d’une famille d’artistes  

Catherine Dorléac voit le jour au sein d’une famille d’artistes. Son père, Maurice Dorléac, est un metteur en scène, sa mère Renée Simonot, est une ancienne pensionnaire du théâtre de l’Odéon. Toute petite déjà, la future comédienne évolue au sein d’une famille d’artistes. Il n’y a donc rien d’étonnant dans le fait que la jeune fille ait décidé très tôt de se lancer dans une carrière de comédienne. A tout juste 13 ans, elle débute au cinéma sous son nom de jeune fille – elle prendra le nom Deneuve en référence au nom de jeune fille de sa mère – dans le film « Les Collégiennes » d’André Hunebelle.

Malgré cette première expérience concluante, la jeune fille laisse tomber le cinéma pendant quatre ans. C’est sous l’impulsion de sa sœur, l’actrice Françoise Dorléac, qu’elle se décide à y retourner. Le réalisateur du film dans lequel Françoise doit tourner, Jacques Poitrenaud, cherche en effet une jeune fille pour incarner la sœur de Dorléac. La jeune Catherine passe des essais est retenue pour le rôle, mais cette expérience ne la convinc pas totalement de se diriger dans une carrière de comédienne. Elle abandonne toutefois l’école à cette période, en classe de seconde.

Années 1960 : Début de sa carrière et rencontre avec Roger Vadim 

Elle retrouve le chemin des plateaux de cinéma pour le film « L’Homme à femmes » aux côtés de Danielle Darrieux en 1960 et deux ans plus tard, fait la rencontre de l’acteur et réalisateur Roger Vadim, à l’Epi Club de Montparnasse. C’est le coup de foudre. Tout va très vite entre eux et le 18 juin 1963, Catherine Deneuve donne naissance à Christian Vadim. L’amour entre les deux jeunes gens ne dure toutefois pas et leur relation se termine la même année que la naissance de leur fils.

Un an plus tard, la jeune femme rencontre enfin le succès avec le film « Les parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy, film qui obtiendra la Palme d’or au Festival de Cannes. Quant à Catherine Deneuve, elle obtient le prix Louis-Delluc de la révélation de l’année 1964. C’est le début de la gloire pour la jeune actrice, qui incarne à cette époque, l’idéal féminin. L’année suivante, le réalisateur Roman Polanski lui propose un rôle qu’elle décline, refusant d’être cantonnée aux partitions de ravissantes idiotes. Elle se ravise néanmoins et accepte de jouer dans le prochain film du cinéaste « Répulsion ». À sa sortie, le public est conquis, c’est un succès.

Sa vie personnelle est elle aussi au beau fixe : Catherine Deneuve vient d’épouser le photographe britannique David Bailey. En 1967, elle retrouve à nouveau Jacques Demy pour un nouveau projet aux côtés de sa sœur, Françoise Dorléac : « Les demoiselles de Rochefort ». Si le film est un véritable succès, il reste un mauvais souvenir pour Catherine Deneuve. Françoise Dorléac meurt en effet peu de temps après la fin du tournage d’un accident de voiture. De plus, Catherine Deneuve se sépare de son mari la même année et divorce de ce dernier en 1972. 

Pour surmonter la mort de sa sœur, Catherine Deneuve se réfugie dans le travail. Son tournage suivant, « Belle de jour », s’avère néanmoins difficile, les producteurs refusant qu’elle s’entretienne avec le réalisateur Luis Buñel. Le film est pourtant un succès – il remporte le Lion d’or à la Mostra de Venise – et dès lors, Catherine Deneuve enchaîne les tournages. Elle tourne sous la direction de Michel Deville, Jean Aurel, François Truffaut mais également Terence Young. Elle poursuit également sa carrière américaine avec le film «Folies d’avril » de Jack Lemmon. À cette occasion, elle expérimente le tournage à l’américaine, qui est un différent du rythme français. Si le film est un échec, il restera toutefois une très bonne expérience pour l’actrice.

Années 70 : Rencontre avec Marcello Mastroianni et consécration

Au début des années 1970, Catherine Deneuve a de nouveau l’occasion de tourner avec Luis Buñuel pour son nouveau film « Tristana ». Le tournage du film restera l’un des plus beaux souvenirs de l’actrice. Suite à ce dernier, elle retrouve à nouveau Jacques Demy pour le film « Peau d’âne » qui demeurera l’un des plus grands succès et l’un des films les plus emblématiques de la carrière de la comédienne. 

Désirant élargir son horizon, elle s’envole pour Londres et y fait la rencontre de Marcello Mastroianni, dont elle tombera follement amoureuse durant le tournage de « Ça n’arrive qu’aux autres ». Leur passion donnera lieu à la naissance de Chiara Mastroianni en mai 1972. Les deux amoureux se donnent ensuite la réplique dans le film « Liza », puis la jeune femme continue d’enchaîner les tournages, faisant d’elle l’une des actrices françaises les plus prolifiques du moment.

En 1975, elle renoue avec le cinéma américain avec « La cité des dangers » de Burt Reynolds. Par la suite, elle alterne entre productions françaises – pour Claude Lelouch par exemple – et productions étrangères, notamment italiennes, dont elle maîtrise désormais la langue grâce à sa relation avec Marcello Mastroianni. En 1977, l’actrice voit le projet pour lequel elle s’était engagée « Coup de foudre », tombé à l’eau. Vexée – elle aimait beaucoup le film – Catherine Deneuve s’arrêtera de tourner pendant un an.

Années 1980 : Une actrice toujours plus demandée 

Les années 1980 sont toujours au beau-fixe. Elle tourne pour Claude Berri, aux côtés de partenaires prestigieux tels que Gérard Depardieu, Serge Gainsbourg et Jean-Louis Trintignant et obtient, la même année, le César de la meilleure actrice pour son rôle dans « Le dernier métro » de François Truffaut.

Catherine Deneuve continue alors les tournages, mais éprouve une certaine lassitude envers le cinéma et envisage un temps d’interrompre sa carrière. Elle n’en fera rien et tournera par la suite avec Yves Montand, Alain Delon, Philippe Noiret ou encore Patrick Dewaere. En 1985, c’est la consécration : Catherine Deneuve est choisie pour prêter ses traits à la sculpture de Marianne et succède à la chanteuse Mireille Mathieu. Adulée, l’actrice peut tout se permettre, des films grand public aux productions confidentielles, et ce, en France comme à l’étranger. 

Années 1990, première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice

Les années 1990 commencent d’une belle manière pour Catherine Deneuve, puisque l’actrice obtient son second César de la Meilleure actrice pour son interprétation remarquée dans le film « Indochine » en 1993. C’est également la première nomination aux Oscars de la comédienne.

Reconnue dans le monde entier pour ses talents d’actrice, elle devient vice-présidente du jury de Clint Eastwood en 1994, au Festival de Cannes. Actrice emblématique, elle est également choisie en 1999 pour devenir l’Ambassadrice à la préservation du patrimoine cinématographique, fonction octroyée par l’Unesco. 

Années 2000-2010, une carrière saluée par ses pairs

Elle poursuit sur sa lancée, et reçoit en 2002, l’Ours d’argent pour son rôle dans le film « Huit femmes », aux côtés de Fanny Ardant, Isabelle Hupert, Ludivine Sagnier ou encore Emmanuelle Béart et le prix de la meilleure actrice européenne aux European Film Awards. 

Catherine Deneuve voit sa carrière récompensée dans les années 2000, puisqu’elle reçoit en 2005, la Palme d’honneur du Festival de Cannes en hommage à l’ensemble de sa carrière. Très admirée par ses pairs, elle se retrouve à nouveau à la présidence d’un festival en 2006 avec la Mostra de Venise. Elle est à nouveau honorée en 2008, lorsqu’elle reçoit le Prix Spécial du 61ème Festival de Cannes pour l’ensemble de sa carrière, récompense qu’elle partage avec Clint Eastwood. 8 ans plus tard, sa carrière est une nouvelle fois honorée, puisque Catherine Deneuve reçoit le Prix lumière du célèbre Festival Lumière de Lyon.

Entre temps, l’actrice ne ralentit pas le rythme, tournant 1 à 2 films par an, si ce n’est plus. Souvent considérée comme étant froide, elle démontre pourtant tout son humour, notamment avec la comédie « Potiche » de François Ozon en 2010, et n’oublie pas d’accepter de nombreux sketches ou apparitions dans des clips, comme dans l’un de Julien Doré.

Depuis, elle continue de fasciner en choisissant des petits films qui font la différence : « La Tête Haute », avec la révélation Rod Paradot, César du Meilleur espoir masculin. En 2017, c’est à ses côtés que le rappeur Nekfeu fait ses premiers pas au cinéma, dans « Tout nous sépare ».

Mais si sa carrière se poursuit admirablement avec des choix audacieux, Catherine Deneuve est parfois sujettes à controverses, du fait de ses nombreuses déclarations jugées parfois limites par certains, notamment la polémique autour de Roman Polanski ou du mouvement #MeToo, dont elle s’est détachée en co-signant une tribune polémique sur la « liberté d’importuner ». Celle qui n’a clairement pas sa langue dans sa poche continue néanmoins de séduire le public, happé par sa carrière tout simplement incroyable. À aujourd’hui 75 ans, Catherine Deneuve reste l’un des monuments du cinéma français. Une actrice inclassable.





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