Britney Spears sous tutelle : les révélations à charge se multiplient contre son père

L’affaire #FreeBritney va-t-elle bientôt connaître une issue ? Les choses semblent en tout cas s’accélérer autour de la popstar âgée de 39 ans. Ce 6 juillet, son manager a annoncé ne plus travailler avec elle, et affirme qu’elle va prendre sa retraite. Ce que l’intéressée n’a pas confirmé. 

Trois jours auparavant, une enquête du New Yorker, réalisée par Ronan Farrow (auréolé d’un Pulitzer pour ses révélations sur Harvey Weinstein, et accessoirement fils de Woody Allen, contre lequel il témoigne dans le documentaire Allen vs Farrow), et Jia Tolentino, a alourdi les accusations à l’encontre de Jamie Spears, père de la star, et son tuteur légal depuis 2008. 

Il y a deux semaines, la chanteuse a livré un témoignage glaçant devant la justice californienne. Elle a accusé son père d’abuser de son rôle de tuteur, et de faire de sa vie un enfer : « Il adorait avoir le pouvoir de blesser sa fille. À 100.000%, il adorait ça », a-t-elle déclaré. Selon elle, il l’aurait médicamentée de force, rabaissée, forcée à se produire sur scène, et contrôlerait tous les détails de sa vie, jusqu’à son moyen de contraception. « Je veux juste récupérer ma vie », a-t-elle supplié. Selon le New Yorker, Britney Spears répéterait depuis le début qu’elle ne voulait pas de son père comme tuteur. 

Ces accusations ont été niées par l’intéressé, qui dit ne vouloir que le bien de sa fille. Jamie Spears, 68 ans, a même demandé à la justice de lancer une enquête pour « vérifier la véracité des allégations de Mme Spears ». La semaine dernière, une juge de Los Angeles a décidé de le garder co-tuteur de la fortune de la star, en plus d’une société de gestion nommée en février 2020, Bessemer Trust. Suivant le témoignage de Britney en juin, cette société a d’ailleurs réclamé vouloir rompre cet arrangement. 

Mais cela fait des années que Jamie Spears suscite l’inquiétude dans l’entourage de la star, et parmi ses fans. 

Chantage et harcèlement moral

Parmi les révélations de cette enquête du New Yorker, une scène a particulièrement choqué les internautes.

Vers mars 2008, alors que sa tutelle a été mise en place moins de deux mois auparavant, Britney Spears est assise par terre, à genoux. Son père, quant à lui assis à son bureau, lui dit : « Tu es grosse. Papa va te mettre au régime et te trouver un entraîneur, et tu vas te remettre en forme. » Jamie Spears aurait ensuite désigné du doigt une télévision accrochée au mur, ajoutant : « Tu vois cette TV ? Tu sais ce qu’on y verra dans huit semaines ? C’est toi qu’on y verra, et ils diront ‘Elle est de retour’. » Cette scène glaçante est racontée par Jacqueline Butcher, une ancienne amie de la famille Spears. Mais elle n’a été confirmée ni par Britney, si par son père. 

Dans les semaines qui ont suivi, Jamie Spears aurait « mis Britney à terre » : « ll lui hurlait dessus, on voyait des postillons, en lui disant qu’elle était une salope et une mère affreuse », raconte encore Butcher.

Selon le magazine, Britney Spears aurait été victime de chantage : « On lui disait qu’elle ne pourrait revoir ses enfants que si elle coopérait. » « Elle était en colère, elle cassait des choses. Et les gens ne pouvaient pas savoir le contexte, à savoir, que c’était parce qu’on l’empêchait de voir ses enfants », affirme Butcher au New Yorker.

Tu es grosse. Papa va te mettre au régime et te trouver un entraîneur, et tu vas te remettre en forme.

Le magazine révèle également que sa résidence à Vegas était conditionnée au fait qu’elle reste sous tutelle.

Lors de son témoignage en juin, Britney Spears a affirmé que ses managers l’ont aussi forcée à remonter sur scène en 2018, la menaçant d’un procès. Par la suite, son refus d’obtempérer lors de répétitions pour une nouvelle résidence à Las Vegas aurait mené à un séjour en institut, voulu par son père. Durant quatre mois, elle aurait été forcée d’assister chaque jour à dix heures de thérapie de groupe. Là aussi, on l’aurait menacée de ne plus avoir accès à ses enfants si elle n’était pas coopérative.  

Déjà en 2016, selon le Times, Britney Spears a expliqué auprès d’un enquêteur judiciaire que la tutelle était devenue « un outil de contrôle oppressant à son encontre », et qu’elle « en avait assez qu’on profite d’elle ». Dans son rapport, il avait préconisé de réfléchir à lever la tutelle.

La mère de Spears, Lynne Spears, s’était prononcée en faveur d’une tutelle temporaire en 2008. En novembre 2020, elle a qualifié le comportement de Jamie de « toxique » dans une lettre remise à la justice, rapporte People en ce mois de juillet. Lynne Spears a l’impression que son ex-mari « n’a pas été transparent » avec elle, et dit « avoir beaucoup d’inquiétudes » quant à la tutelle.

Une tutelle mise en place à la hâte

L’enquête du New Yorker révèle d’ailleurs que la tutelle de Britney Spears aurait été instaurée en « dix minutes » par une juge, fin janvier 2008. Sauf en cas de « danger imminent », un délai de cinq jours est censé s’appliquer. Pis, la star n’a même pas été entendue.

La veille de cette décision de justice, elle avait en effet été admise en hôpital psychiatrique, après avoir hurlé sur ses parents, Sam Lufti (sorte de jet-setter naviguant autour de stars femmes en détresse), et son petit-ami d’alors. Tous étaient en train de se disputer devant elle, pour se rejeter la faute sur son état. 

À cette époque, l’interprète de Baby One More Time est en pleine descente aux enfers. Souffrant possiblement de dépression post-partum à la suite de deux grossesses rapprochées, elle est en instance de divorce de Kevin Federline, avec lequel elle partage la garde de leurs deux fils.

Épiée, harcelée par les paparazzis, celle qui était auparavant présentée comme une jeune fille sage se retrouve très souvent en Une des tabloïds. Les journaux se délectent de ses sorties arrosées avec des comparses fêtardes comme Lindsay Lohan et Paris Hilton, et de ses faux pas de jeune maman. Début 2007, elle se rend en cure de désintoxication, mais en part au bout d’une journée. La garde de ses deux garçons est confiée à Federline, et Britney Spears se voit octroyer quatre jours de visite par semaine, en présence d’une assistante sociale.  

Un soir de janvier 2008, les urgences psychiatriques sont appelées alors que Britney Spears s’est enfermée dans la salle de bain avec un de ses fils, censés rentrer chez leur père. La femme de ménage présente assure au New Yorker que la star « ne voulait pas blesser ses enfants […] Elle voulait juste passer une nuit de plus avec eux. »

C’est à partir de là que Jamie Spears a voulu la mise en place d’une tutelle, qui aurait dû être temporaire. À l’époque, il dit s’inquiéter de voir Britney dépenser beaucoup d’argent, encouragée par Sam Lufti. Il le soupçonne aussi d’en profiter, et de la manipuler.  

Déclarée « démente »

Mais en octobre 2008, la tutelle est rendue permanente, ce qui est très rare. Ce genre de décision concerne en général des personnes étant un danger pour elles-mêmes, comme des seniors séniles. Le New Yorker révèle que Jamie Spears, « ou quelqu’un travaillant pour lui », a mentionné sur la requête de tutelle que la chanteuse était « démente ». 

Entre temps, comme le rappelle le magazine, Britney Spears a pourtant été capable de sortir plusieurs albums, assurer des tournées mondiales et une résidence réussie à Las Vegas. Plusieurs personnes citées affirment qu’elle rêve depuis longtemps de se remarier, et d’avoir d’autres enfants. 

Un entourage contrôlé

Lorsque Britney Spears a tenté deux fois de se prendre un avocat au début de la tutelle, la justice lui en a refusé le droit, estimant qu’elle n’était pas en capacité de le faire. La star s’est alors retrouvée avec un avocat commis d’office, Sam Ingham. Lorsqu’elle a témoigné devant la cour, en juin 2021, elle a affirmé n’avoir jamais su qu’elle pouvait demander une requête pour que la tutelle soit levée.

Ce qui a jeté des soupçons sur les intentions de Sam Ingham : représentait-il réellement les intérêts de sa cliente, ou a-t-il joué le jeu de Jamie Spears ? Ce 6 juillet, TMZ a révélé que l’avocat a demandé au barreau de ne plus représenter la star. « Plusieurs sources proches de la situation ont le sentiment que Ingham était loyal à la tutelle et à Jamie, alors que nommément, il représentait Spears », note le New Yorker. En novembre dernier, Ingham a pourtant dit à la justice que sa cliente avait « peur » de son père, et qu’elle « refusait de se produire tant qu’il sera en charge de sa carrière ». 

Cela fait des années que Jamie Spears est soupçonné de contrôler l’entourage de sa fille. « À présent, tous ceux qui travaillent pour elle doivent passer par moi », aurait-il dit à l’une des femmes de ménage de la star, une fois la tutelle instaurée, cite le New Yorker. Des membres du personnel de maison auraient ainsi été licenciés, dont une femme de ménage à laquelle Britney tenait beaucoup. 

Jacqueline Butcher, l’ancienne amie proche de la famille Spears, a été écartée lorsque Jamie Spears a découvert qu’elle savait que sa fille s’était procuré un téléphone prépayé. Ce téléphone a été donné à Britney par Christina Lufti, soeur de Sam Lufti, dans les vestiaires d’une salle de sport, en janvier 2009. La star espérait, là aussi, trouver un avocat par ses propres moyens. Ce téléphone lui a été confisqué. 

Isolée

Au courant de la manoeuvre, Jacqueline Butcher avait décidé de ne rien dire à Jamie Spears, pour protéger la chanteuse de possibles représailles. Selon elle, si son père l’avait appris, il aurait fait « des choses terribles, comme la priver de ses enfants », dit-elle au New Yorker. « Toutes les personnes pouvant menacer la tutelle étaient jetées dehors », assure-t-elle. 

Cela valait aussi pour les petits-amis de la chanteuse, dont les relations s’achevaient dès qu’elles devenaient sérieuses, parfois sous l’influence de Jamie Spears, stipule l’enquête du New Yorker. 

Durant les fêtes de fin d’année 2008, Britney Spears avait confié une lettre à un photographe rencontré sur le tournage d’un documentaire MTV. Elle y expliquait qu’on lui avait « menti », qu’on l’avait « piégée », et qu’elle n’avait « aucun droits ». Interrogé par le New Yorker, l’homme affirme qu’il été obligé de remettre la lettre aux avocats de la star, et a été écarté. 

Toutes les personnes pouvant menacer la tutelle étaient jetées dehors

Alors même que Britney Spears reprend sa carrière en 2009, plusieurs personnes affirment au New Yorker qu’elle s’était assombrie. La star a fini par ne plus contacter ses proches. Un producteur évoque qu’elle était « plus distante », ne faisait plus de blagues. Un maquilleur prétend quant à lui qu’elle « avait l’air d’un robot » et restait « dans son coin » pendant les pauses pub de l’émission The X Factor, où elle a été jurée. « La tutelle a drastiquement affecté son mental », affirme à ce jour Sam Lufti, avec lequel Britney a plusieurs fois pris contact durant ces dernières années. 

Des soupçons depuis des années 

Ce n’est pas la première fois que Jamie Spears est soupçonné de maltraitance, ou du moins, d’être dur envers Britney. 

Déjà en 2009, le documentaire MTV Britney Spears: For The Record, suivant le retour de la star et l’enregistrement de l’album Circus, la montre excédée par la situation. La jeune femme apparaît tendue dès que son père se trouve dans la même pièce. « Je n’ai jamais voulu être prisonnière », dit-elle à la caméra. Plus de dix ans plus tard, il paraît incompréhensible que ce documentaire n’ait pas soulevé davantage de soupçons, alors que la star pleure face à la caméra, en évoquant sa situation. « Ils entendent ce qu’ils ont envie d’entendre, ils n’écoutent pas ce que je leur dis. C’est mal. » 

Ce documentaire avait déjà été évoqué dans Framing Britney Spears, enquête à charge du New York Times et de Hulu (disponible en France sur Amazon Prime), sortie en 2021. Plusieurs témoins assurent ainsi que Jamie Spears ne s’intéressait pas à la carrière de sa fille quand elle était enfant. « Il a accouru dès qu’elle a commencé à gagner de l’argent », déclare l’un d’eux.

Ayant eu des problèmes d’addiction à l’alcool, Jamie Spears a été relativement absent durant l’enfance de Britney. Il a aussi fait faillite plusieurs fois. Selon Forbes, il a touché au moins 5 millions de dollars depuis la mise en place de la tutelle, en plus de 2,4 millions de dollars au titre de gérant de la fortune de sa fille. Britney Spears, quant à elle, se ruine en frais légaux à cause de cette tutelle : « plusieurs centaines de milliers, voire, des millions de dollars » chiffre Forbes. Elleverse un salaire mensuel à son père, lui paie un bureau, et lui donne une partie de ses revenus tirés des concerts et de la vente de produits. Le New Yorker souligne quant à lui que le sexagénaire aurait dépensé 900.000 dollars en frais de communication de crise, entre octobre 2020 et février 2021. 

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