Bertrand Cantat raconte minutieusement la mort de Marie Trintignant dans une audition glaçante dévoilée pour la première fois
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Dimanche 24 novembre 2019, M6 diffuse un numéro inédit d’Enquête exclusive montrant pour la première fois l’audition de Bertrand Cantat par la justice lituanienne après le meurtre de sa compagne, Marie Trintignant. Des images exclusives, jamais montrées au grand public, que Femme Actuelle a pu voir avant diffusion.
Vous pensez que tout a été dit sur l’Affaire Cantat ? Détrompez-vous. Ce dimanche 24 novembre 2019, M6 diffusera un documentaire inédit et édifiant sur le meurtre de Marie Trintignant par son compagnon, Bertrand Cantat, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le 25 novembre. Un numéro d’Enquête exclusive signé Delphine Lopez et Manuel Presse, présenté par Bernard de la Villardière, qui montre pour la première fois à la télévision française l’audition de Bertrand Cantat par la justice lituanienne. Des images exclusives de l’interrogatoire du chanteur sur les circonstances de la mort de l’actrice (dont Nadine Trintignant a validé la diffusion), que Femme Actuelle a pu voir avant sa diffusion et qui permettront à certaines et certains de voir sous un nouveau jour la tristement célèbre “Affaire Cantat.”
Tout commence dans les locaux du palais de justice de Vilnius. Nous sommes le 21 août 2003, trois semaines après la mort de Marie Trintignant. Face au juge qui l’interroge, Bertrand Cantat, veste verte et t-shirt blanc, décrit froidement, sans aucun filtre, sans aucune pudeur, la violence indicible avec laquelle il a frappé sa compagne. Le visage sans émotion ou presque, Bertrand Cantat reproduit ses gestes au moment fatidique : “Je me suis servi des deux faces, j’ai fait ça et ça et ça et ça et, et, et peut-être plus”, lâche-t-il en mimant d’énormes claques. A la question “Etes-vous d’accord que vous avez commis un crime ?”, Bertrand Cantat répond : “Dans ces termes, non. Je ne peux pas accepter le terme de ‘crime’ parce que c’était un accident et une lutte. Il n’y avait aucun coup porté qui pouvait donner la mort et le terme de crime intentionnel, je le réfute complètement.” Il poursuit, en montrant son bras : “Là je garde des hématomes encore. Ca, c’était le samedi d’avant.” Il se met ensuite à sangloter : “J’ai la culpabilité profonde d’avoir tué la personne sans laquelle je suis incapable de vivre. Le cœur profond du problème il est là, on s’aime trop […] Elle me répondait toujours ‘on ne s’aime jamais trop’.”
Bertrand Cantat plaide l’accident. Selon lui, il ne s’agit que d’une dispute qui a dégénéré en bagarre. Devant la justice, il dit que Marie Trintignant a déclenché les hostilités, crie à l’injustice et regrette que personne n’ait essayé de savoir ce que lui avait. Il reprend son récit des événements : “Elle est devenue très agressive, très hystérique et elle m’a frappé d’un coup de poing au visage. Elle m’a donné un coup de poing et ensuite elle m’a agrippé. Le cou… j’avais des traces partout […] Je suis entré dans une colère noire et à partir de là, je lui ai mis des claques. Et pas des petites baffes. Je ne peux pas mentir. C’est des grandes baffes et j’avais des bagues à mes doigts. C’est parti comme on lâche une… (il fait un bruit de déflagration avec sa bouche). Des grands coups comme ça, 4 ou 5, ou 6. Forts, forts […] Je me suis servi des deux faces. C’est vrai que c’est pas gentil, ce sont des grosses baffes. Ça se passe dans la folie, dans la furie. Vous savez, c’est difficile de décrire ça précisément. C’est dur en plus pour moi. Elle criait, elle criait tout le temps. Jusque-là, moi, je ne l’ai pas touchée. Personne ne s’est occupé du fait que l’agressivité pouvait venir aussi de quelqu’un d’autre que moi […] Et là, j’ai voulu la jeter sur le canapé. En la lançant sur le sofa […] elle est tombée par terre. Elle n’a pas atterri complètement sur le sofa, j’ai loupé mon coup. Je l’ai lancée.” Face au juge, Bertrand Cantat mime une nouvelle fois son geste… Comme s’il lançait un ballon de volley-ball. Et précise : “Je l’ai lancée tout bêtement.”
« Je me suis dit ‘Elle a le visage marqué, la vache' »
Andrius Leliuga, qui travaillait à l’époque sur le film Colette, parle pour la première fois. Il est le dernier à avoir vu l’actrice vivante. Selon lui, la bagarre n’aurait pas commencé à l’hôtel, comme le prétend Bertrand Cantat, mais avant, à son domicile, où il avait invité le couple à prendre un verre quelques heures avant le drame. Le rockeur affirme à l’audition que l’ambiance était détendue et lâche, le sourire aux lèvres, quand on lui demande s’il n’a rien cassé chez Andrius Leliuga : “J’espère que je n’ai rien cassé chez lui. J’étais un peu turbulent, disons que j’ai fait le clown, un peu. Andrius n’était pas très content après moi parce que j’avais dérangé ses voisins. Sinon, rien de spécial.” Andrius Leliuga contredit formellement cette version, assure que Marie Trintignant était calme et que son compagnon est devenu nerveux, incontrôlable et subitement agressif. “Marie est assise sur le fauteuil, calme. Je me souviens que Bertrand a posé des questions à Marie et qu’elle n’a pas répondu. Je crois que c’est ça qui l’a mis en colère. D’abord il casse un verre contre le mur. Il n’a pas de réponse, prend Marie sur l’épaule et la colle sur le mur. C’était pas très fort, mais quand même ! J’ai dit tout de suite ‘On y va.’ Je m’inquiétais beaucoup parce qu’il était assez méchant à ce moment.”
A 1h du matin, après la violente dispute dans la chambre d’hôtel, Marie Trintignant est inconsciente. Bertrand Cantat attendra plus de six heures avant d’appeler les médecins. “Si je m’étais rendu compte de quoi que ce soit je l’aurais fait immédiatement”, plaide-t-il. Il admet toutefois avoir vu les marques des violences, après l’avoir mise au lit, la couette remontée jusqu’à la moitié du visage. “Je suis allée la voir, j’ai vu ensuite les coquards, les bleus sur les paupières. Je me suis dit ‘Elle a le visage marqué, la vache.’ J’ai pensé que c’était grave, qu’il y avait un problème avec son visage.” Il appelle Vincent Trintignant, premier assistant du film et frère de l’actrice, qui arrive aux alentours de 4h30. Lui affirme que le chanteur l’a dissuadé d’appeler les secours. Lorsque Bertrand Cantat décroche enfin son téléphone, c’est pour appeler l’ex de Marie Trintignant, espérant une réponse à ses questions. La conversation dure 59 minutes. Samuel Benchetrit rapporte la teneur de leurs échanges : “Il avait l’impression qu’on se foutait de sa gueule, qu’il avait explosé sa famille alors que Marie et moi avions encore une relation. J’ai demandé à parler à Marie. Il m’a dit ‘Vaut mieux la laisser dormir.’” C’est Samuel Benchetrit qui conseillera à Bertrand Cantat d’appeler Vincent Trintignant, et c’est ce dernier qui prendra, seul, la décision d’appeler les secours.
L’origine de la dispute ? Une histoire de jalousie à propos de leurs ex-conjoints. Pour faire une “preuve d’amour” (selon ses termes), à Marie Trintignant, Bertrand Cantat appelle son ancienne compagne, Krisztina Rády, la priant de ne le joindre qu’au sujet de la garde des enfants. Mais le soir du drame, Marie Trintignant reçoit un sms de son ex, intercepté par l’artiste. “Appelle-moi quand tu peux, rien de grave, juste pour la promo du film. Je t’embrasse ma petite Janis”, écrit Samuel Benchetrit. Bertrand Cantat se sent trahi. Il confie : “J’ai ressenti un sentiment d’injustice. Je n’étais pas d’accord pour que les choses soient dans ce déséquilibre.” Il veut des explications mais l’actrice reste muette. Il qualifie son attitude d’“entorse à l’harmonie.” Paradoxalement ou pas, c’est l’ex-compagne de Bertrand Cantat, mère de ses deux enfants, qui le sauvera. A son procès, le 16 mars 2004, elle le dépeint comme “un époux et un père exemplaire.” Un membre du groupe Noir Désir révèle en 2017, sous couvert d’anonymat, que Krisztina Rády a demandé à tous les musiciens de garder le silence pour que ses enfants ne sachent pas “que leur père était un homme violent.”
Selon le rapport d’autopsie, une vingtaine de coups sur tout le corps et deux nerfs optiques quasiment détachés
Le 10 janvier 2010, trois ans après libération de Bertrant Cantat, avec qui elle s’est remise en couple, Krisztina Rády se suicide. Le chanteur dormait dans la pièce à côté. Ses parents brisent aujourd’hui le silence face aux caméras de M6, attestant des violences, affirmant qu’il “voulait garder Krisztina à tout prix”, faisait du chantage au suicide et se mutilait le bras pendant le dîner, devant les enfants. Six mois avant sa mort, elle laisse un message sur leur répondeur (que l’on entend dans le documentaire) : “Bertrand est fou ! Hier, j’ai failli y laisser une dent. Mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s’est même cassé. Avec un peu de chance, si j’en ai la chance et s’il n’est pas trop tard, je déménagerai dans un autre pays et je disparaîtrai simplement car je dois disparaître.” François Saubadu, son dernier compagnon, est aussi témoin du harcèlement dont elle est victime, jurant que Bertrant Cantat est même allé jusqu’à les suivre en voiture. Dans un message dévoilé par Le Point, Krisztina Rády lui écrit, le 3 juillet 2009 : “Je suis à bout de forces. Bertrand est extrêmement jaloux de toi […] S’il apprend quoi que ce soit, ce sera la fin de mon histoire ici-bas. S’il apprend que tu connais mon numéro, c’est fini pour moi. C’est fini pour moi.”
Le documentaire ne propose pas seulement des témoignages accablants. La soirée du drame est entièrement reconstituée. Les preuves sont sidérantes. Des photos prises après le drame témoignent de la violence de la nuit : tout, dans la chambre, est sans dessus dessous. Il y a aussi l’effarant rapport d’autopsie. Au total, une vingtaine de traces de coups prouvant que “quatre gifles ne suffisent pas à expliquer son état” : plusieurs hématomes sur le visage, dont trois gros sur le côté gauche, un éclatement des os du nez (qui selon les médecins légistes, pourrait correspondre à un coup de poing ou un coup de tête), une plaie au niveau de l’arcade sourcilière, sans doute dû à l’impact des bagues qui “aurait pu avoir l’effet d’un coup de poing américain.” Les deux nerfs optiques étaient par ailleurs “quasiment détachés.” Marie Trintiginant n’est pas seulement touchée au visage : dans le rapport médico-légal des professeurs Lecomte et Vorhauer, on constate de nombreuses blessures aux jambes, sur le bas du dos, sur le ventre et sur les bras. Enquête exclusive rapporte aussi les témoignages accablants de deux ex du chanteur… Mais aussi les témoignages d’Ann et Xavier Cantat, la soeur et le frère du rockeur, qui ne sont pas tendres avec leur ancienne belle-soeur. “Elle consommait de l’alcool tout le temps, elle fumait du cannabis de manière quotidienne”, dit la première. “Certaines personnes du milieu théâtral ou cinématographique m’ont dit qu’elle avait la réputation d’une personne déséquilibrée, fragile voire violente. Qu’elle était très bien pour faire la fête et pour baiser”, dit le second, ne niant pas non plus la personnalité “borderline” de son frère : “Il n’est pas suicidaire mais il y a eu des situations limites, comme sauter du premier étage pour voir comment ça faisait.”
Bertrand Cantat risquait 15 ans de prison. Il sera condamné à 8 ans et ne purgera finalement que la moitié de sa peine. Le groupe Noir Désir ne survivra pas au suicide de Krisztina. Depuis, le chanteur a sorti un album solo. Une vision insupportable pour Lio, amie proche de Marie Trintignant : “Qu’il sorte de prison et qu’il puisse gagner sa vie, d’accord mais qu’il ait la décence, l’humanité de ne pas s’exposer.” Et Nadine Trintignant, la mère de Marie, d’ajouter : “Jamais un meurtrier, un assassin ne s’est fait applaudir après.” Pour Marlène Schiappa, la stratégie de défense de Bertrand Cantat reste tristement banale. “C’est un crime de possession, pas d’amour. Si c’était à cause de l’histoire d’amour, les femmes tueraient autant que les hommes.” Yaël Mellul (partie prenante du Grenelle des violences conjugales spécialisée dans le domaine), Daniel Zagurry (psychiatre), Maître Papirtis (avocat de Bertrand Cantat) et George Kiejman (avocat de la famille de Marie Trintignant) ont eux aussi accepté de parler pour un résultat équilibré.
Enquête exclusive – Affaire Bertrand Cantat, le document inédit, dimanche 24 novembre 2019 à 23h10 sur M6.
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