Bérengère Krief : "J'explore l'intime, je montre ma vulnérabilité"

Madame Figaro. – Comment vous définissez-vous : humoriste, standuppeuse, comédienne ?

Bérengère Krief.

Vous avez joué longtemps votre premier spectacle…

Environ sept ans. Il a évolué en cours de route et j’ai changé son titre. Au début, c’était Ma mère, mon chat et Dr House, puis il a porté mon nom : Bérengère Krief.

Pour écrire le deuxième, vous vous êtes enfermée ?

Je suis partie l’écrire à Biarritz. J’ai éprouvé la nécessité de quitter la ville, de couper avec Paris, de m’éloigner de l’effervescence. Il fallait que je prenne du recul, dans ma vie personnelle et professionnelle. J’ai eu besoin de nature, d’oxygénation, de faire place nette. Rien de tel qu’une bonne balade près de l’Océan.

Le pitch de ce seule-en-scène ?

Pas facile de le présenter. Disons que je suis partie d’un constat : on ne connaît vraiment les gens qu’à travers leurs histoires d’amour. J’ai une formule : « Je préfère largement écouter le débrief du rancard Tinder de Marine que la création de la SARL de Philippe. » Autrement dit, le CV amoureux – une rupture, l’attente d’un texto… – en dit plus long sur la personne qu’autre chose. Mon spectacle commence comme un dîner où je me livre.

Joyeux et intime

C’est donc le CV amoureux d’une trentenaire ?

J’ai eu une très grosse rupture il y a quelques années. Cela a été le début d’une réflexion sur la façon dont je fonctionnais, la répétition dans laquelle je me trouvais, l’espérance d’un changement… Le spectacle évoque la rupture, l’illusion versus la réalité, les injonctions sociétales : « À 30 ans, si tu te retrouves célibataire, t’as raté ta vie. »

Racontez-vous cela avec autodérision ?

Les sujets ne sont pas forcément drôles. J’ai choisi de mettre en lumière toutes mes facettes. Pas juste le côté joyeux, pétillant. J’explore l’intime, je montre ma vulnérabilité. C’est un genre hybride, entre violon et clarinette, qui mêle spectacle humoristique, théâtre avec costumes et lumières, nouveau cirque…

Aviez-vous des rituels pendant l’écriture ?

Me coucher à 23 heures et mener une vie de moine tibétain en me levant entre 6 et 7 heures, en saluant le soleil, en faisant des exercices de yoga, du sport aussi car il y aura du cerceau aérien dans le spectacle. Cette discipline, que je ne connaissais pas, requiert beaucoup de rigueur. Et puis, quand les idées bloquent, un petit tour près de l’océan, et la machine repart…

Beaucoup de filles du stand-up se réclament du féminisme. Et vous ?

Ce qui s’est passé en 2018 avec #MeToo ouvre des portes, inverse les rapports. Beaucoup de femmes en scène montrent leur force. Je me suis posé la question : est-ce que je parle de ma liberté ou est-ce que je la prends ? Je l’ai prise.

Amour, au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, à Paris. gaite.fr

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