André Boudou, le père envahissant de Laeticia Hallyday
En plein conflit d’héritage, quand Laeticia Hallyday change d’avocat, elle s’en remet à son père, André Boudou.
Décembre 2019, île de Saint-Barthélemy. André Boudou se tient debout au bord de la tombe, visage sombre, tee-shirt noir. Il regarde les fleurs et les bougies posées sur le sable, là où repose son gendre, la star, l’homme qui a changé sa vie. Sa fille et ses petites-filles sont agenouillées non loin. Désormais, c’est lui le patriarche, celui qui prend les décisions et que l’on écoute. Chef de clan, un rôle qui tombe parfaitement sur ses épaules trapues de bagarreur.
Deux ans que Johnny Hallyday est mort ; depuis, les 5 décembre, Laeticia convie les médias et les fans à des veillées au cimetière de Lorient, à Saint-Barth. Trois heures de chants et de recueillement, devant les caméras. C’est la première fois qu’André est présent, accompagné de son épouse, Adine, et de leur fille de 12 ans, Alcéa. Il est arrivé par la mer sur son bateau à moteur, depuis Saint-Martin, île des Antilles où il vit une partie de l’année. Sa présence étonne. « Je suis tombé sur lui au cimetière, avec surprise, cela faisait plusieurs années que je ne l’avais pas vu, il ne fréquentait plus l’entourage, raconte Gilles Lhote, journaliste et ami de Johnny depuis 1987. Il m’a expliqué qu’il avait repris en main les affaires de Laeticia. » A la cour des Hallyday, André vient de ravir la place de régent. Ce retraité de 68 ans a un objectif : trouver un accord avec Laura Smet et David Hallyday, les rejetons délaissés par le roi disparu. Une réconciliation par intérêt, qui permettrait de partager l’héritage mais aussi la colossale dette fiscale, estimée à 36 millions d’euros, laissée par le chanteur.
Cette grande œuvre diplomatico-stratégique, André la commence l’été dernier, à Paris. En juin, il retrouve Laeticia et son avocat, Ardavan Amir-Aslani, chargé depuis dix ans de défendre les intérêts de Johnny mais qu’il rencontre pour la première fois dans ses bureaux de l’avenue Montaigne. Auparavant, à chaque fois qu’il avait voulu s’intéresser à ses affaires, Johnny le lui avait interdit, refusant même de lui répondre au téléphone. Les deux hommes étaient fâchés depuis une décennie. « Johnny disait que c’était un escroc, il ne voulait plus en entendre parler, c’était épidermique », confie un membre du cercle rapproché. Laeticia n’a jamais pu les réconcilier. Devenue veuve, elle a eu besoin de se tourner vers ce père répudié, le témoin des débuts de son histoire d’amour. En juin, donc, André prend connaissance du dossier qui oppose sa fille aux deux aînés Hallyday. Il n’a aucune expertise en matière de droit de succession, mais son expérience, ce bon sens commerçant qui a fait la réussite de sa boîte de nuit du cap d’Agde, le sert tout autant. Il comprend immédiatement que sa fille devra se résoudre à négocier, que seul un compromis permettra de sécuriser ses finances. Il va lui falloir convaincre Laeticia, trouver les mots pour la défaire de son entêtement.
Père et fille s’entretiennent longuement, leur échange sonne comme du Pagnol. Dans ce rôle du papet, on croirait entendre Montand. André tient les mains de sa fille, dont les larmes coulent. « Tu es ma petite fille, tu m’as manqué, dit-il en homme du Sud. Tu as été souillée, je vais te protéger. » Laeticia cède. A l’avocat, André reproche un manque d’agressivité envers les juges chargés du litige. « Vous êtes trop gentil. A votre place, j’irais à la batte de base-ball ! » lance-t-il. Un mois plus tard, Me Amir-Aslani est remercié. Pour le remplacer, André engage trois nouveaux conseils qu’il connaît bien, Alain Scheuer de Montpellier, Gilles Gauer de Rodez, et le Parisien David Gordon-Krief. Le régent place ses pions, la souveraine, démunie, obtempère. « André est alors très présent dans sa vie, dit une proche. Il l’appelle sans cesse sur son portable pour lui poser des questions. Laeticia semble sous hypnose, elle n’est plus elle-même. Au fond, elle a besoin de ça, d’un homme qui impose sa volonté. »
Chez les Boudou, il y a comme une tradition, les femmes tiennent la maison, les hommes prennent les décisions
Chez les Boudou, il y a comme une tradition, les femmes tiennent la maison, les hommes prennent les décisions. Ils viennent de Marseillan, petite ville coincée entre Sète et Béziers, au bord de l’étang de Thau, où les huîtres sont bonnes et la plage, réservée aux nudistes. Il y eut d’abord Henri, le grand-père, pêcheur. Premier ambitieux de la famille, il abandonne son bateau pour ouvrir une pizzeria, le Liberty’s, établissement réputé. Elyette, son épouse, a 15 ans quand naît André, en 1951, elle s’occupe des enfants et parfois du service en salle. Quand Henri décède, en 2010, elle rejoint Laeticia à Los Angeles et l’aide à élever Jade et Joy, petite dame à l’accent chantant qui se couvre de chemisiers au motif panthère. C’est elle que Johnny surnomme « Mamie Rock ».
Dans le Languedoc, on la surnomme aussi « Ma Dalton », référence moqueuse à la mère des gangsters de « Lucky Luke »… De Marseillan à Hollywood, Elyette ne perd pas ses talents de ménagère ni ses principes d’un autre temps. Dans la villa de Pacific Palisades, il n’est pas rare d’entendre Johnny lui lancer : « Mamie, ouvre le vin ! », sans qu’elle s’en offusque. Elle répète à Laeticia : « Fais ce que ton homme te demande » et « C’est Johnny qui décide ». Des mantras qui l’emmènent loin, elle devient la représentante légale des sociétés françaises du chanteur. « J’ai accepté parce qu’on me l’a demandé, pour rendre service, mais je n’ai jamais encaissé vingt sous ! » a-t-elle déclaré dans « Le Midi libre ». Les autres femmes de la famille sont plus discrètes, il y a Françoise, première femme d’André, la mère de Laeticia, elle aussi originaire d’Agde où elle vit toujours. Et Adine, la seconde, « charmante, incolore et indolore », résume une ancienne amie.
Le tapage, c’est André, dit « Dédou », qui s’en charge. Amateur de bolides, sur terre et sur mer, rugbyman, redoutable homme d’affaires au bagou aussi agressif que chaleureux. Jeune homme, il a appris à naviguer avec son père et il tient sa propre pizzeria. Des pizzas, il passe, dans les années 1980, aux boîtes de nuit. Un milieu qui rapporte plus, parie-t-il. Il vise juste. La discothèque l’Amnésia, ouverte en 1984, devient une institution de la station balnéaire du cap d’Agde. « André est un grand bosseur, il ne boit pas, ne fume pas et gère lui-même tout le fonctionnement de son établissement », raconte son ami le compositeur Pierre Billon, proche de Johnny également. Patron omniprésent, il est à la porte pour contrôler les entrées, dans la cabine des DJ qu’il fait venir du monde entier, derrière le bar pour surveiller le service.
« Jauni, Jauni, putain, on dîne avec Jauni », répète André
Le photographe Daniel Angeli l’a bien connu, il se souvient : « André est un grand déconneur, il raconte plein de blagues, mais il est respecté. Chez lui, les gens en ont peur. » Ses amis évoquent ses emportements, « un tempérament de sanguin, un vrai homme », estime Pierre Billon. André connaît des problèmes avec la justice dès 1992, quand il est accusé de violences volontaires. Quelques années plus tard, il est de nouveau poursuivi pour des violences, ainsi que pour travail clandestin, faux et usage de faux. Marseillan devient trop petit. Il veut voir l’Amérique, s’envole pour Miami, ville de fête où règnent Stallone, Madonna, Versace. Dans ses valises, une gamine aux boucles blondes, Laeticia, 13 ans. André s’est séparé de sa mère, Françoise. La petite s’occupe de lui, ils vivent en tête à tête.
Elyette, Henri et tout Marseillan peuvent être fiers, André réussit son coup et ouvre une Amnésia américaine. D’autres Français de la nuit passent à Miami, Jean-Roch, patron du VIP Room, notamment. C’est lui qui, un soir de mars 1995, propose à André de dîner en compagnie d’une star française, un monstre, une légende… Johnny. « Jauni, Jauni, putain, on dîne avec Jauni », répète André. Laeticia l’accompagne. La scène se joue dans un restaurant de sushis et se poursuit à l’Amnesia, autour d’une bouteille de vodka. Les balbutiements d’une romance improbable… et d’une histoire d’amitié entre deux hommes qui n’ont que huit ans d’écart. André les emmène en croisière, aux Bahamas notamment. Johnny s’invite, lui qui rêve de savoir naviguer et de vivre en mer lors d’une année sabbatique, Laeticia prépare les repas.
« J’y étais, raconte Lhote. Johnny était extrêmement détendu, André pilotait, il ne la ramenait pas. On sentait que c’était un honneur pour lui d’être là. » Les escales sont festives, Johnny et Laeticia amoureux, André rend milles services et pardonne tout, Laeticia aussi, même lorsqu’un tabloïd affiche les infidélités de « Jauni » en couverture. Le couple se marie, le 25 mars 1996, à Neuilly-sur-Seine. L’ancien pizzaïolo devient le beau-père de Johnny Hallyday. « C’est un miracle pour lui, une embellie incroyable, juge durement un proche de l’époque, banni depuis. Au début, il est ravi de faire le barbecue pour Johnny… puis il tente d’en tirer profit. C’est un homard qui essaie d’attraper tout ce qu’il peut avec ses pinces. » Pierre Billon et Gilles Lhote, restés en bons termes avec André, racontent au contraire un homme fidèle, « un vrai pote ». Lorsque Johnny s’enferme dans sa loge au Stade de France, c’est à son beau-père qu’il demande de ne laisser entrer personne.
« Johnny était un renard, un manipulateur hors pair, avec une intelligence animale redoutable », confie Gilles Lhote
Les Boudou deviennent la famille de cette star qui ne peut vivre qu’en troupe ; auprès d’eux, l’ancien enfant abandonné trouve la chaleur d’un foyer. Les croisières aux Caraïbes reprennent, Johnny s’est offert le « Only You », un immense yacht. André dans leur sillage, sur son propre bateau. Ensemble, ils découvrent Saint-Barth et y restent une dizaine de jours. Un soir, au restaurant, une altercation oppose les deux hommes. Johnny n’en peut plus de se faire appeler « Jauni », il vocifère contre son beau-père. Vexé, André veut en venir aux mains, « pour régler ça entre mecs ». Une discussion suffira finalement à calmer leurs ardeurs. Et Johnny se met à surnommer André « le musculo-respiratoire ».
« Johnny était un renard, un manipulateur hors pair, avec une intelligence animale redoutable, confie Gilles Lhote. André en est très admiratif. » Johnny déniche en lui un complice de virées, amateur de grosses cylindrés. En 2001, ils participent au rallye de Tunisie, Johnny pilote, André l’assiste. Laeticia patiente au bivouac. Où qu’ils aillent, la cour suit, les intrigues en excluent certains, en favorisent d’autres. Un témoin explique : « Johnny se joue sans cesse de ses courtisans. Laeticia va tout apprendre auprès de lui. Elle devient une Marie-Antoinette, entourée de dames de compagnie. Aujourd’hui, c’est une Lady Macbeth. »
En 2007, André est condamné pour fraude fiscale et abus de biens sociaux
André veut aider, cherche sa place. Son sens des affaires le pousse à se mêler des finances du chanteur, terrible dépensier. Il lui suggère d’être plus économe… En vain. Johnny répond « oui, oui » et file s’acheter une Ferrari. André lui présente le patron de la marque Optic 2000, dont Johnny va devenir l’égérie. L’occasion de premières frictions et d’un désaccord autour des pourcentages perçus par l’un et l’autre. Trois ans plus tard, André ouvre l’Amnésia à Paris, immense piste de danse près de la tour Montparnasse. Il embarque son gendre dans l’aventure, qui tourne court. Les profits ne sont pas suffisants, l’établissement est revendu. Selon certains, Johnny aurait perdu de l’argent et en aurait conservé de la rancœur. Jean-Claude Camus, le producteur d’Hallyday, soutient le contraire : « Johnny a revendu ses parts, il n’a rien perdu. Il était enthousiaste au départ, André ne l’a pas forcé. » Daniel Angeli, lui aussi assure qu’« André ne l’a pas roulé dans la farine ». Tout s’assombrit en 2005, quand, sur les conseils de son beau-père, Johnny quitte Universal en exigeant son catalogue de chansons. C’est un échec, une déconfiture financière, la justice donne raison à la maison de disques contre le chanteur. La rupture entre Dédou et Johnny est inévitable. Jamais ils ne se reverront.
En 2007, André est condamné pour fraude fiscale et abus de biens sociaux. Il se met en retrait des affaires, son fils Grégory gère l’Amnesia au cap d’Agde. André passe l’hiver aux Antilles, sur ces plages où Johnny et lui se sont tant amusés. Il pilote son bateau, son petit avion, jouit de sa fortune au soleil. Avec sa fille Alcéa, il découvre les joies d’être père sur le tard, passe les étés à Marseillan auprès de Mamie Rock qui tricote. A L.A. Johnny va mal, mais il continue à faire ce qu’il aime, chanter. En 2009, quand il est plongé dans le coma, André n’est pas convié à son chevet.
En mars 2019, dans une marina de Saint-Martin, André voit rouge
Le cancer rattrape Johnny quelques années après. Il est déjà trop tard quand André arrive à Marnes-la-Coquette, un matin de décembre. Le papet n’a pu dire adieu au rockeur, une partie de sa vie a disparu avec lui. André reste pour soutenir sa fille, l’accompagne au funérarium du mont Valérien, à la Madeleine lors de l’hommage national, puis à Saint-Barth pour la mise en terre. Là, André a un mot malheureux, il demande à Thierry Chassagne, le patron de Warner, si « tout est en règle », il veut parler d’argent, bien sûr. Sébastien Farran, le manager, s’indigne. Les insultes fusent. Laeticia demande à son père de quitter l’île. Elle ne le rappelle que quatre mois plus tard, quand il est hospitalisé après un infarctus. Elle craint alors de perdre le deuxième homme de sa vie. Mais le Dédou est coriace. Il se remet et renoue avec sa fille. Il tente de calmer son goût des dépenses, elle promet de renoncer aux « first » pour la classe business. Les habitudes d’une femme de rock star sont difficiles à perdre… Celles d’un sanguin également.
En mars 2019, dans une marina de Saint-Martin, André voit rouge. Un homme lui demande de ralentir le moteur de son Zodiac. Il cogne. La victime perd des dents, André écope de quatre mois de prison avec sursis. Auprès de Laeticia, il joue au contraire le pacifiste et tente de faire accélérer le processus de réconciliation avec David et Laura. Il leur aurait fait envoyer une lettre, par ses avocats, rappelant le montant de la dette fiscale à partager. Il faut également déplacer le cercueil de la star pour le mettre à l’abri du sable corrosif et des crabes de Saint-Barth. Un caveau lui est destiné, à quelques mètres, mais Laura refuse, pour l’instant, de donner son accord. La paix n’est pas encore signée… et le régent pourrait voir surgir une nouvelle fronde. Laeticia est amoureuse de Pascal, restaurateur à Paris. Un nouvel homme à son bras, un autre avenir se dessine. André gardera-t-il son influence ? Il a refusé de répondre à nos questions. Les Hallyday, cet univers impitoyable…
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