INTERVIEW – Maxime Coudray, coiffeur des Miss : « Il n’y a pas de place à l’erreur le soir de l’élection Miss France »

Les trente Miss régionales s’apprêtent à concourir pour la couronne de Miss France le 16 décembre prochain au Zénith de Dijon. Un défi de taille pour les équipes qui œuvrent en backstage, entre stylistes, maquilleurs et surtout coiffeurs. Maxime Coudray, responsable de la formation Saint Algue France, est revenu sur les coulisses de la préparation de ce rendez-vous annuel, dévoilant au passage quelques nouveautés de l’édition 2024. Rencontre.

J-2 avant de découvrir quelle jeune femme succèdera à Indira Ampiot en tant que Miss France 2024 ! L’élection les aura lieu ce samedi 16 décembre au Zénith de Dijon et sera retransmise en direct sur TF1 à 21h05. Si l’édition 2023 avait pour thème les grands classiques du septième art, c’est au tour de la musique d’être mise à l’honneur cette année, comme l’a dévoilé Frédéric Gilbert, le nouveau président de la Société Miss France lors d’un point presse organisé le 17 novembre dernier. Le thème de cette année est intitulé : « La boîte à musique des miss ». Les trente Miss régionales vont donc défiler sur des airs rock’n roll, au son de tubes des années 1980, de music-hall et ou encore de salsa. Et pour la plupart des tableaux, chacune sera habillée, maquillée et coiffée d’une manière différente…

Un travail titanesque attend les équipes beauté en coulisses, qui se préparent depuis plusieurs semaines déjà à cette soirée événement. Gala.fr a rencontré Maxime Coudray, responsable de la formation Saint Algue France (l’enseigne partenaire du concours) une semaine avant l’élection, entre deux visioconférences avec le comité Miss France. Cela fait deux ans que le professionnel pilote les équipes coiffures pendant le soir du prime mais aussi durant le voyage de préparation des Miss à l’étranger. Relookings, chignons des finalistes, coupes courtes, tension en backstage et surprises de cette nouvelle édition… Le spécialiste nous dit tout !

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Gala.fr : Comment abordez-vous le concours Miss France cette année ?

Maxime Coudray : On est en plein dans les préparatifs. Je suis tous les jours en contact avec l’entreprise Miss France pour les derniers détails. J’ai encore une dernière visioconférence prévue cet après-midi où on va par exemple décider de quelles coiffures pour quels plateau par exemple.

On est sur la finalisation, avec des décisions à prendre pour que je puisse former toutes mes équipes la semaine prochaine.

Gala.fr : Comment vous coordonnez-vous avec les stylistes et maquilleurs ?

Maxime Coudray : Normalement j’ai une autre visio prévue en fin de matinée avec les maquilleurs. En fait, les plannings sont déjà établis par l’entreprise Miss France. Ils nous communiquent un programme où tout est préparé en amont, que ce soit pour le maquillage ou la coiffure. On se calle ensuite par rapport à ce planning. On a un temps de préparation de la matière qui est à prendre en considération, dans les semaines qui précèdent le concours. Mais c’est surtout au moment du plateau que c’est le plus compliqué.

Gala.fr : Vous avez effectivement suivi les Miss pendant leur voyage de préparation en Guyane. C’est sans aucun doute une étape importante, qui vous permet de bien les connaître, en plus de vous familiariser avec les natures de leurs cheveux ?

Maxime Coudray : Effectivement. Au début du voyage, on a un coiffeur qui s’occupe déjà de les coiffer pour les vidéos de présentation par régions. Ce coiffeur nous fait un premier bilan des cheveux de chacune, surtout par rapport à la météo qu’il y a eu ce jour-là – s’il y a eu de l’humidité, si il a fait chaud… On répertorie tout ce qu’il faut savoir sur chaque type de cheveu (s’il gonfle ou pas par exemple). Ensuite, on s’occupe de les coiffer pour la conférence de presse, puis pour la photo officielle. Vient ensuite les relookings des 30 Miss, que l’on fait dans nos locaux. Là encore, on alimente notre petit tableau d’informations sur leurs cheveux pour que le jour du prime on puisse dire : « telle fille a telle texture et telle attente, donc elle doit être coiffée comme ça. » Chaque coiffeur s’occupe d’une Miss et sait par conséquent à l’avance quel travail il aura à faire.

Gala.fr : Combien de coiffeurs et maquilleurs sont mobilisés chaque année pour le soir de l’élection ?

Maxime Coudray : On a une grosse équipe staff cette année : pas moins de 28 personnes dans les backstages pour la coiffure ! C’est énorme. Il y a vraiment beaucoup de personnes à coiffer cette année : en plus des 30 candidates, il faut aussi s’occuper des danseurs, des invités, du jury…

Gala.fr : Il y a donc un coiffeur par Miss, quasiment ?

Maxime Coudray : Exactement. On a une dizaine de coiffeurs expérimentés qui, eux, auront deux Miss le jour du prime. Et pour les nouveaux coiffeurs, ils sont quoiqu’il arrive expérimentés mais pas forcément habitués aux exigences de Miss France. Il faut le souligner. C’est pour ça qu’on leur attribue une seule Miss, afin qu’ils puissent découvrir l’univers du prime sans pression.

Gala.fr : Le jour du prime, combien de temps ont vos équipes pour coiffer les Miss en coulisses ?

Maxime Coudray : Le chignon des finalistes doit être fait en trois minutes maximum. Pendant les entraînements, on les forme à respecter ce temps, dans les vraies conditions du prime : la Miss est debout, parce qu’elle se fait aussi maquiller en même temps, et le coiffeur s’occupe de ses cheveux debout sur un siège.

Gala.fr : Les coulisses du prime doivent ressembler à une véritable fourmilière !

Maxime Coudray : Oui et non… les chignons sont faits pour les finalistes, donc il y a déjà moins d’affluence en coulisses. L’année dernière, on l’a fait pour les 15 dernières, mais cette année ça va changer. Quand on réalise le chignon, il des coiffeurs dédiés à ça, il y a aussi un deuxième coiffeur qui est posté en face pour observer les volumes, parce qu’en travaillant debout sans miroir, on ne peut pas se rendre compte de la totalité du rendu. C’est lui qui veille à la bonne balance de la coiffure, qui remarque si une petite mèche ressort…

Gala.fr : Quelle Miss régionale aviez-vous coiffé l’an dernier ?

Maxime Coudray : Miss Picardie (Bérénice Legendre, NDLR) ! Ça s’était très bien passé. L’année dernière il y avait seulement deux coiffures à réaliser : le fameux brushing glamour des Miss et ensuite pour les finalistes, le chignon danseuse. Cette année, c’est la surprise, il y aura un peu plus de deux coiffures. On a voulu proposer plus de variantes.

Gala.fr : Comment parvenez-vous à vous renouveler chaque année sur un tel évènement ?

Maxime Coudray : On regarde beaucoup les tendances, les défilés… On s’inspire de ce qui se passe de manière générale dans la mode. On s’amuse un peu plus sur le prime, tout en conservant une maîtrise totale. On entraîne les équipes les mercredis et les jeudis, en chronométrant les coiffeurs sur leur temps d’application et en vérifiant la qualité de leurs services. C’est pour ça qu’on est très nombreux et qu’il y a plusieurs chefs de cabine. J’ai un coiffeur qui est chargé de chapeauter les vingt autres, un autre qui se charge du contrôle qualité… chacun a un rôle prédéfini.

Gala.fr : Justement, vous qui êtes à l’affût des modes capillaires, quelles sont les nouvelles tendances pour l’année 2024 ?

Maxime Coudray : À la fashion week, on a remarqué beaucoup de cheveux plaqués avec des effets très gominés. C’est un style qu’on a beaucoup utilisé pendant le voyage en Guyane, que ce soit sur les cheveux courts de Miss Nord-Pas-de-Calais ou sur des cheveux longs ou encore plus épais. Cette tendance s’appelle « l’effet petite tête ». Il a fallu veiller à ce que cet effet s’adapte bien au climat. En Guyane, il y a beaucoup d’humidité. Mais on a réussi a bien maîtriser ce style malgré nos craintes, grâce à des produits anti-humidité et anti-gonflement.

Gala.fr : Au final, on est assez loin du brushing cliché, ultra volumineux et bouclé, qu’on peut avoir en tête quand on pense à l’univers des Miss…

Maxime Coudray : Chez nous, on appelle ce fameux brushing des Miss le « Glamorous Waves ». C’est le brushing XXL habituel très glamour. Il y en aura peut-être cette année mais ce n’est pas la seule coiffure qu’on veut mettre en avant. On veut des variantes, on veut surprendre !

Gala.fr : Avez-vous des clientes qui vous demandent de reproduire les coiffures aperçues sur le Prime de Miss France ?

Maxime Coudray : Le fameux chignon danseuse des finalistes plaît beaucoup. On le reproduit souvent pour des demoiselles d’honneur à des mariages. Le brushing glamour est aussi régulièrement demandé dans les salons qui ont travaillé sur le concours Miss France.

Gala.fr : Prenez-vous des risques en termes de coiffures chaque année ?

Maxime Coudray : Il n’y a pas de place à l’erreur pendant le prime. Tout est anticipé dans le moindre détail. J’ai une coiffeuse qui est chargée de me créer des coiffures simples, efficaces et qui permettent de ne pas prendre de risques. On est dans un contrôle absolu, c’est un prime en direct, donc tout est millimétré. Les coiffeurs connaissent le chignon par cœur, ils savent que l’épingle est à mettre dans ce sens et pas dans l’autre…

Gala.fr : Y’a-t-il parfois de mauvaises surprises en coulisses du concours ?

Maxime Coudray : Je ne laisse pas de place à la surprise. Il peut y avoir un couac, comme un coiffeur qui ne fait pas le bon mouvement au bon endroit. Mais ce n’est pas grave, on rattrape l’erreur en deux minutes, on est une équipe ! Le but est de valoriser cet esprit d’entraide pour éviter tout risque.

Gala.fr : Les coiffures les plus importantes à réaliser, sont donc celles des cinq dernières finalistes, puisque c’est sur la tête de l’une d’entre elles que sera posée la couronne. Comment prenez-vous cet élément en compte quand vous réfléchissez à leur chignon ?

Maxime Coudray : C’est toujours un chignon bas de nuque. Il est d’ailleurs souvent similaire d’année en année, avec toutefois des variantes. Il était plus graphique l’année dernière, avec des cheveux bien tirés. Je pense qu’on va réitérer pour cette édition. Ce type de chignon tiré permet de placer la couronne sans avoir de petits cheveux qui se coincent dans la couronne. Quand on couronnait les filles sur des cheveux détachés, on avait des mèches qui s’accrochaient dans le peigne, donc il faut que tout soit bien plaqué.

Gala.fr : Le carré court d’Ève Gilles, Miss Nord-Pas-de-Calais fait parler. Comment aborde-t-on une telle coupe courte en tant que coiffeur ?

Maxime Coudray : Ça a été très plaisant de la coiffer pendant le voyage de préparation. Elle est passée entre les mains de plusieurs coiffeurs et elle n’a pas eu deux fois la même coiffure. Pour une question d’équité, les coiffeurs tournent au niveau des Miss pour qu’elles soient rassurées avec chacun d’entre eux, mais aussi pour que les coiffeurs travaillent sur des cheveux différents et développent différentes propositions de coiffures.

Gala.fr : On n’a jamais vu de Miss aux cheveux courts remporter le concours. La longue chevelure digne d’une princesse est-elle une condition presque sina qua non pour prétendre au titre national ?

Maxime Coudray : Je trouve que c’est sympa d’avoir du changement. Chez Miss France, il y a eu beaucoup d’ouverture d’esprit dernièrement, avec des règles qui ont changé. Les cheveux en font partie. C’est bien de montrer une femme différente, plus affirmée. On dit souvent qu’il faut assumer des cheveux courts… Cette année, on a du très court avec Ève, mais aussi du carré avec Angéline Aron-Clauss, donc Miss Lorraine, qui est encore une longueur et une forme différente.

Gala.fr : Serait-ce possible qu’une femme avec des cheveux rasés, ou même chauve, se présente au concours ?

Maxime Coudray : Je ne sais pas si ça passerait au casting, mais personnellement, ça me plairait bien ! Après tout, on a bien nos premières Miss tatouées, nos premières Miss mamans, ou qui nos premières Miss ont au-delà de 25 ans. C’est normal d’ouvrir la compétition à plus de femmes.

Gala.fr : Angéline Aron-Clauss, aka Miss Lorraine, détonne aussi avec ses cheveux roux. Rares sont les Miss rousses à avoir été élues, excepté Maëva Coucke, aka Miss France 2018 et Delphine Wespiser, aka Miss France 2012. Est-ce que le roux est plus difficile à porter pour ce concours de beauté ?

Maxime Coudray : S’il y a déjà deux Miss rousses qui ont été élue, c’est que ça ne pose de problème. C’est une façon de se démarquer. Est-ce que les miss doivent correspondre aux stéréotypes aujourd’hui ? Je ne pense pas. Il y a une ouverture d’esprit, on accueille les couleurs et les coupes différentes. Les filles ne sont pas de pâles copies les unes des autres, elles ont des personnalités propres, qui se reflètent dans leurs choix capillaires.

Gala.fr : De manière générale, le comité impose-t-il des restrictions aux coiffeurs ?

Maxime Coudray : Du moment où les Miss sont élues en région avec une couleur, le but c’est de la conserver. Il faut qu’on puisse continuer à s’identifier. Cette année, il y a eu malgré tout des changements de couleur pendant les relookings. C’est une étape durant laquelle on retravaille les coloris, on corrige les défauts, on marque plus la teinte ou on l’adoucit, tout en gardant l’identité de la Miss. Il faut que ça reste léger : les filles ont aussi leurs propres désirs que l’on doit respecter. On les écoute, on leur fait des propositions et on adapte le tout selon les volontés de chacune. On n’impose jamais rien aux Miss. C’est une règle importante : il faut qu’elles se sentent belles avec leur coiffure, leur maquillage et leur tenue.

Gala.fr : Certaines Miss vous demandent-elles des changements plus prononcés durant l’étape du relooking ?

Maxime Coudray : Oui ça arrive. Miss Lorraine avait laissé pousser ses cheveux pour le concours régional jusqu’aux épaules. Comme c’était une longueur qui ne permettait pas tous les styles de coiffures, elle a demandé à ce qu’on coupe pour le concours national. Donc elle a maintenant un carré assez court, coupé bien net, pour plus de structure. On a aussi retravaillé sa teinte cuivrée, qu’on a intensifiée.

Gala.fr : Il y a eu par une polémique il y a quatre ans sur la manière de coiffer les cheveux crépus d’Ambre Andrieu, aka Miss Aquitaine 2019. Avez-vous depuis des directives particulières ou bien des coiffeurs spécialisés pour les coiffer ?

Maxime Coudray : Ça fait plus de 15 ans qu’on a une coiffeuse spécialisée dans les coupes afro et qui s’occupe des Miss. Cette polémique ne nous a pas vraiment atteint à l’époque parce qu’on a fait notre travail d’écoute. Les Miss ont toujours le choix, on ne leur impose rien. La Miss en question avait voulu absolument détendre ses cheveux malgré nos avertissements. On lui avait expliqué qu’il fallait faire attention à la chaleur dégagée par les spots de la scène, ce qui a causé cet effet. On explique aux filles chaque année que le cheveu naturel a tendance à moins gonfler et on leur explique pourquoi telle coiffure est recommandée. Après, la décision reste celle de la Miss…

Gala.fr : Les Miss aux cheveux crépus ont-elles tendance à vouloir conserver leurs boucles ?

Maxime Coudray : Ça dépend des Miss. L’an dernier, on avait des Miss qui voulaient absolument les raîdir. Elles les voulaient lisses. Pour certaines, tout ce qui est défrisage et lissage, concrètement, ça ne bouge pas sur scène. Elles ont un cheveu qui s’adapte bien. Mais pour d’autres, dès qu’on transforme la boucle, il y a un risque que ça gonfle, que ça prenne trop de volume à cause de la chaleur et de l’humidité. Donc on leur explique avec pédagogie de ce qui risque d’arriver si elles font ce choix.

Gala.fr : Vous vous souvenez des coiffures d’Indira Ampiot lors de l’élection de l’an passé ?

Maxime Coudray : C’est la coiffeuse spécialisée dans les cheveux texturés qui l’a coiffée sur le prime. Elle est Guadeloupéenne, comme Indira, donc autant vous dire qu’elles étaient heureuses de travailler ensemble !

Gala.fr : Sur le prime du 14 décembre prochain, Indira Ampiot aura la même coiffure toute la soirée ?

Maxime Coudray : Aucune idée… Miss France a un coiffeur spécial rien que pour elle !

Gala.fr : Quelles sont vos astuces pour avoir un look de Miss au quotidien ?

Maxime Coudray : Avant même de parler de look ou de cheveux, il faut parler produit. Pour avoir un volume de Miss, il faut avoir un shampooing et un soin adaptés au cuir chevelu. On a souvent tendance à utiliser des produits qui sont trop lourds, avec trop de silicone, ce qui empêche de créer du volume. Une fois qu’on a trouvé les bons produits, on choisit ce qui est adapté à la nature de notre cheveu, que ce soit de la mousse coiffante ou un spray volumisant afin de créer du volume en racine. Chez Saint Algue, on a la gamme « Extra-doux », qu’on a offerte aux Miss et qui correspondent à tous types de cheveux, que je recommande.

Crédits photos : Bertrand Noel / Sipa

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