Estelle Lefébure : "Je vis avec mon âge, en acceptant que mon corps change"

Passionnée de bien-être et d’écologie, ambassadrice de Mixa depuis 1996, Estelle Lefébure se consacre aujourd’hui à ses engagements envers la planète et au développement de sa méthode healthy, Orahe. Entretien qui fait du bien.

Marie Claire Respirations : Pourquoi pensez-vous que votre génération de mannequins nous fascine toujours autant ?

Estelle Lefébure : Notre génération montrait, pour la première fois, une dizaine de filles à forte personnalité. Linda Evangelista, Cindy Crawford, Elle Macpherson, Naomi Campbell ou moi-même étions différentes, mais nous apportions toutes beaucoup de rêve. Cela a donné envie de connaître nos vies derrière les images. Il y avait un côté glamour, dans tous les sens du terme, qui s’est malheureusement un peu perdu par la suite. Les mannequins se ressemblaient toutes, les carrières devenaient plus éphémères. Les gens s’y sont moins intéressés.

Comment résumeriez-vous ces premières années de mannequinat ? 

C’était les golden years : des années en or ! On pouvait partir shooter sur une île pour un magazine pendant 15 jours. Nous arrivions plus tôt, juste pour nous faire bronzer en préparation des photos. C’est impensable, à l’heure actuelle ! J’allais travailler avec beaucoup de joie, même si j’avais un équilibre qui différenciait bien mon travail de ma vie privée.

Quel était le « régime mannequin » de l’époque ? Plutôt fêtes et champagne ou verre d’eau et coucher tôt ?

Nous devions être assez consciencieuses car nous faisions de sublimes photos… mais peu retouchées ! Et un bouton sur la figure était plus dur à cacher pour le/la maquilleur.se. J’étais naturellement sage, ni grande fêtarde, ni dans l’excès. J’avais une hygiène de vie plutôt stricte car je suis de nature gourmande. Ce qui ne m’a pas empêchée de sortir au Studio 54 à New York, encore ouvert à l’époque !

Comment prépariez-vous le marathon des défilés ?

On est toujours un peu stressées au moment des shows, la pression étant importante. Avant un fitting (essayage des tenues, NDLR), j’étais donc plus tentée par une pomme qu’un gratin dauphinois ! Heureusement, je ne faisais pas dix podiums dans la journée, ni ne voyageais dans toutes les capitales. Je défilais toujours pour les mêmes : Chanel, Christian Dior, Thierry Mugler, Azzedine Alaïa, Hervé Léger, Jean Paul Gaultier, et quelques autres à Milan.

Comment est née votre passion pour le bien-être ?

J’ai habité 14 ans aux États-Unis, et je me suis vite habituée à ma vie californienne et son côté healthy. Le bio y était déjà bien installé, dans l’alimentation puis dans la cosmétique, avec des supermarchés entiers qui lui étaient dédié. Cela m’a aidée, même si j’ai toujours été très sportive avec une bonne hygiène de vie.

Vous avez crée en 2014 « La méthode Orahe ». En quoi est-elle différente d’autres programmes de bien-être ?

Elle est née de mon désir de partager ce que je pratiquais moi-même, du stand up paddle à mes recettes de cuisine. J’ai eu la chance de rencontrer Guillaume Robert (directeur littéraire, NDLR) qui a eu l’idée d’en faire un livre. Initialement, j’étais seulement partie sur des recettes car cuisiner est une passion. Mais au final, nous avons fait un recueil de tout mon univers. Une démarche très novatrice, il y a 7 ans !

À la différence d’autres méthodes apparues depuis, j’ai toujours voulu qu’Orahe soit ouvert au plus grand nombre, mêmes les moins sportif.ves, pour aider chacun.e à mieux vivre en apprenant à mieux se connaître. J’ai ainsi mis l’accent sur l’écoute du corps et du mental, en parlant de sophrologie, de méditation, ce qui était alors moins courant qu’aujourd’hui.

Votre déclic écolo s’est-il fait en Californie ?

En partie, car, en Californie, on est à la fois près de l’océan, des montagnes et des canyons. Mais j’ai surtout vécu en Normandie jusqu’à l’âge de 18 ans, ce qui m’a liée à la nature pour toujours. Même quand je suis en ville, j’ai en moi cette volonté de la respecter et d’aller encore plus loin…

Vous êtes allée plus loin en 2019 avec la création de votre association, Spero Mare…

Nous avons effectivement monté, avec mon amie Géraldine Parodi, cette association qui protège et sauvegarde la faune et la flore sous-marines. Cet engagement me tient à cœur car il est temps d’alerter les adultes, et encore plus les enfants, sur l’urgence de la situation. On essaie de les sensibiliser en organisant des conférences dans les écoles car ce sont eux qui vont avoir encore beaucoup d’actions à mener. Même si nous pouvons déjà faire plein de choses, par exemple manger moins de poisson pour stopper la surpêche.

Quels sont vos rituels de beauté green ?

Je fais attention à ce que je mets sur ma peau et je privilégie les produits naturels. Mixa a d’ailleurs très tôt contribué à rendre le bio accessible à tous.tes. Je multiplie les petits gestes.

J’ai découvert les dentifrices en comprimés à mâcher de la marque Respire. À la maison, nous avons supprimé les bouteilles en plastique, chacun.e possède sa gourde. Je suis sensible aux marques qui utilisent des emballages recyclés. Dans la mode, de plus en plus de créateur.trices tentent également d’arrêter le gaspillage et je les soutiens. Je préfère maintenant l’achat vintage à une nouvelle création. Je trouve important de mettre en avant les initiatives de petites entre- prises écoresponsables qui œuvrent pour la planète. Telle Corail, à Marseille, qui fabrique de très jolies baskets à partir de huit bouteilles en plastique pêchées dans la Méditerranée. Je ne veux plus cautionner des marques n’allant pas dans cette direction !

Transmettez-vous vos engagements à vos trois enfants ? Comment les suivent-ils ?

Quand on évolue dans une famille qui se soucie de la nature, les enfants deviennent aussi plus responsables. Mes filles ont grandi dans ce sens, et mes enfants sont parfois plus militant.e.s que moi ! Je pense d’ailleurs que les nouvelles générations sont globalement plus dures que nous sur ces sujets.

Vos deux filles sont aujourd’hui des jeunes femmes. Votre fils cadet est un pré-adolescent. Que vous apprennent-ils ?

Nous partageons nos trouvailles de nouveaux objets. Ma fille aînée, Ilona, m’a fait découvrir ma gourde Larq qui ionise et purifie l’eau. Mon fils de 10 ans a déjà le réflexe de faire attention. Il me faisait récemment remarquer que les pailles en plastique avaient disparu ! De mon côté, j’ai lui ai offert de super maillots de bain Apnée, réalisés à partir de filets de pêche recyclés.

Le stress est devenu le grand mal du 21e siècle. Comment le gérez-vous ?

On sait que le stress fait des dégâts énormes, psychologiques et sur le corps, et que certaines maladies lui sont directement liées. J’essaie de le contrôler avec des petites méditations, des respirations, du yoga, des moments à moi pendant lesquels je me recentre. Et ça marche. Je déstresse aussi en me défoulant sur de la musique. Je danse pendant un quart d’heure pour évacuer le trop plein. Après, j’ai une pêche très saine.

Avez-vous une philosophie du « bien-vieillir » ?

Continuer à être curieuse de tout, chercher à toujours m’enrichir, avec le passé comme avec le présent. Je vis avec mon âge, en acceptant que mon corps change. Notre société est hélas devenue très « anti-âge ». Vieillir, c’est pourtant beau ! Certaines cultures chérissent beaucoup plus leurs aîné.e.s que nous. En Afrique, les Samburu jugeraient impensable d’envoyer les personnes âgées dans des maisons. Chez eux, les aîné.e.s enseignent aux plus jeunes. La maturité apprend énormément sur l’être humain et sur la manière d’appréhender l’existence. 

Ses astuces pour être bien dans son corps

– J’évite les boissons gazeuses, la viande, et je diminue le poisson.

– Je consomme sans modération tous les boosters de vitalité naturels : gingembre, curcuma, citron, amandes, et la cannelle qui est aussi un super anti-inflammatoire.

– Je sirote des tisanes naturelles à base de badiane, cardamome, clou de girofle, et je réalise moi-même mes mélanges.

– En cas de coup de mou, je grignote des sucres naturels qui font du bien : dattes, gingembre confit, pruneaux, ou je sirote un smoothie enrichi de poudre de maca.

– Avant un shooting, je retire de mon alimentation tout ce qui fait gonfler : les laitages, les pois chiches, les légumes crucifères, et je mange cuit plutôt que cru. Le jour même, je remplis ma gourde d’eau citronnée ou au gingembre, deux boissons énergisantes qui m’aident à ne pas grignoter.

– Mon petit-déjeuner feel good : le smoothie Belle Peau. Je le trouve idéal pour faire le plein de vitamines et de protéines, il est rassasiant et facile à digérer. Pour une personne : 1 poignée de pousses d’épinard, 2 feuilles de kale, ½ banane, ½ poire, 1/3 d’avocat, 1 datte medjool, de l’eau de coco et 2 cuillères à soupe de poudre de protéines végétales.

Ses recettes sont à retrouver dans Orahe, La Méthode Estelle Lefébure, Éd. Flammarion. Disponible sur Place des Libraires et Amazon.

Ses bulles de respiration

J’ai besoin par moment de quitter la ville et le bruit pour retrouver le calme, sans foule ni klaxons. Mes échappées en Normandie, où je retrouve mes racines et me reconnecte à la nature, me font énormément de bien. J’aime les grandes balades sur la plage, marcher au bord de l’océan, les promenades en forêt au son de musiques apaisantes. Ce sont aussi des formes de méditations très efficaces.

En ville, je m’accorde des petits moments à l’écart, pendant lesquels je me recentre sur moi. Matin ou soir, peu importe, j’écoute mon corps et ma tête pour connaître le meilleur moment.

En soirée, j’évite les écrans qui sollicitent trop les yeux et le cerveau. Je préfère m’offrir un moment paisible avec de la lecture, pour un meilleur endormissement.

Ses 3 essentiels de beauté

Ma crème Biovital de Mixa : elle hydrate et revitalise ma peau avec des ingrédients naturels et bios. Pour booster son efficacité, je la masse longuement sur mon visage.

Le baume universel à la figue de Christophe Robin : il hydrate mes cheveux mais aussi mon corps, mes lèvres, et même mes pieds quand ils sont secs.

Le mascara de La Bouche Rouge : 100 % recyclable et présenté dans un tube en verre, c’est une super innovation.

Source: Lire L’Article Complet